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14 septembre 2009

Commentaires

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Pierre-Etienne Fiset

J'ai reçu un lien de Cato Institute sur facebook, qui parle aussi de Norman Borlaug,

Borlaug the Great

Norman Borlaug, the father of the Green Revolution, has died at 95. Ron Bailey calls him “the man who saved more human lives than anyone else in history.” In an as-yet-unpublished letter to the New York Times, Don Boudreaux reflects:

By saving millions of people from starvation, green-revolution father Norman Borlaug arguably has done more for humanity than has any other human being of the past century (”Norman Borlaug, 95, Dies; Led Green Revolution,” Sept. 13). Yet unlike Sen. Kennedy’s, his death will go relatively unnoticed. He’ll certainly not be canonized in the popular mind.

Alas, in our world, melodramatic loud-mouths thunder to and fro in the foreground, doing little of any value while stealing most of the credit for civilization. Meanwhile, in the background, millions upon millions of decent, creative people work diligently at their specialties – welding, waiting tables, performing orthopedic surgery, designing shopping malls, researching plant genetics – each contributing to the prosperity of the rest. Some contributions are larger than others (as Dr. Borlaug’s certainly was), but even a contribution as colossal as his is quickly taken for granted, any notice of it submerged beneath the self-congratulation, swagger, and bellicosity of the politicians who pretend to be prosperity’s source. How wrong.

In 1992 the late Senator Kennedy said, “The ballot box is the place where all change begins in America.” I wrote a few years later that he was “conveniently forgetting the market process that has brought us such changes as the train, the skyscraper, the automobile, the personal computer, and charitable or self-help endeavors from settlement houses to Alcoholics Anonymous to Comic Relief.”

Some day a history book will describe Bill Clinton as “a scandal-ridden president in the age of Bill Gates.” Or maybe “in the age of the Green Revolution.” Either way, the biggest changes in our lives — certainly the biggest improvements — will have come from scientists, inventors, and businesses, not from politicians.

But that’s not the way journalists and historians see it. Just think of the people who have gone down in history as “the Great“: Alexander the Great, Catherine the Great, Charles the Great (Charlemagne), Frederick the Great, Peter the Great — despots and warmongers. Just once it would be nice to see the actual benefactors of humanity designated as “the Great”: Galileo the Great, Gutenberg the Great, Samuel Morse the Great, Alan Turing the Great.

So just for tonight, drink a toast to one of the great benefactors of the poorest people in the world, Borlaug the Great.

Amen

Martin Masse

@ Pierre-Étienne,

La comparaison avec Edward Kennedy, béatifié lors de son récent décès, est particulièrement pertinente.

Borlaug a contribué à la survie de centaines de millions de personnes par son dynamisme et sa croyance dans la capacité des humains de mieux maîtriser leur environnement pour améliorer leur sort. Il reste pourtant un inconnu.

La principale réalisation de Kennedy aura été, selon le président Obama dans l'eulogie qu'il a prononcée, d'être "a man whose name graces nearly one thousand laws, and who penned more than three hundred himself." Faire adopter des lois!!!

Voilà un personnage qui n'avait aucune confiance dans le dynamisme et la créativité des individus libres; il croyait au contraire au pouvoir de la coercition et de la violence. Et il a consacré sa vie à accroître le pouvoir de l'État de forcer les individus à faire ce qu'il pensait qu'ils devraient faire. Pour cela (et à cause de son nom), on en fait un saint et les médias ont parlé pendant des jours de son décès.

On vit décidément dans un monde de fous.

Marianne

Merci à Pierre-Etienne et à Martin de remettre ainsi à sa juste place l'action du sénateur Kennedy. Moi aussi j'ai trouvé déplacée cette avalanche d'émotion, liée en fait à la légende autour de son nom, associée à ce qui ressemble en effet beaucoup à une béatification précoce pour des motifs peu honorables aux des yeux libertariens. Quand la "pipoplisation" rencontre la glorification de l'étatisme, bonjour les dégâts. Même si on lui souhaite de reposer en paix, il y a là une escroquerie intellectuelle dérangeante.

M. Tremblay

Borlaug a déjà exprimé certaines réserves au sujet de la théorie du réchauffement climatique... Ceci explique peut-être en grande partie pourquoi l'establishment médiatique l'ignore...

http://icecap.us/index.php/go/icing-the-hype

Louis L

De quoi ridiculiser nos steeven Guilbault et compagnie, probablement ce monsieur a-t'il réalisé de tels exploits avec moins de subventions que tout ces groupes qui n'ont rien fait d'autre que de nous embêter.

lecteur

Ce matin, à la radio de Radio-Canada, on a fait un portrait de Norman Borlaug. Ça a bien commencé, mais comme on pouvait s'y attendre, ils ont cru bon inviter un agronome français communiste pour nous donner «l'envers de la médaille» de la révolution verte. Selon le monsieur, la révolution de Borlaug n'a pas fonctionné parcequ'il reste encore des millions de gens qui ont faim. Jamais il ne lui viendrait à l'idée que sans les travaux de Borlaug ces gens seraient peut-être morts aujourd'hui.

C'est drôle comment les médias se sentent obligés de donner «l'envers de la médaille» lorsqu'ils parlent de gens qui ne fittent pas dans leur vision du monde alors que lorsqu'ils font des entrevues avec les Guilbault & Cie, ils ne se donnent même pas la peine...

Kevin

@ Lecteur

.......... T'est pas sérieux..... il était une fois un incendie dans un bloc, tous les locataires sont incapable de sortir par eux même des flammes. Une personne cours à l'intérieur pour tenter de les sauver. Il en sauve 25 dans un temps record, mais 3 personnes prises au dernier étage meurent dans l'incendie.

Le lendemain dans les journaux, on critique l'homme pour avoir laissé mourir 3 personnes...

Pierre-Etienne Fiset

@lecteur

"Selon le monsieur, la révolution de Borlaug n'a pas fonctionné parcequ'il reste encore des millions de gens qui ont faim. Jamais il ne lui viendrait à l'idée que sans les travaux de Borlaug ces gens seraient peut-être morts aujourd'hui"

Sur wikipedia il y a un paragraphe consacré aux critiques de l'oeuvre de Norman Borlaug,

Borlaug's name is nearly synonymous with the Green Revolution, against which many criticisms have been mounted over the decades by environmentalists, nutritionists, progressives, and economists. Throughout his years of research, Borlaug's programs often faced opposition by people who consider genetic crossbreeding to be unnatural or to have negative effects.[27] Borlaug's work has been criticized for bringing large-scale monoculture, input-intensive farming techniques to countries that had previously relied on subsistence farming.[28] These farming techniques reap large profits for U.S. agribusiness and agrochemical corporations such as Monsanto Company and have been criticized for widening social inequality in the countries owing to uneven food distribution while forcing a capitalist agenda of U.S. corporations onto countries that had undergone land reform.[29] There are also concerns about the long-term sustainability of farming practices encouraged by the Green Revolution in both the developed and developing world.[citation needed]

Other concerns of his critics and critics of biotechnology in general include: that the construction of roads in populated third-world areas could lead to the destruction of wilderness; the crossing of genetic barriers; the inability of crops to fulfill all nutritional requirements; the decreased biodiversity from planting a small number of varieties; the environmental and economic effects of inorganic fertilizer and pesticides; the amount of herbicide sprayed on fields of herbicide-resistant crops.[30]

Borlaug dismissed most claims of critics, but did take certain concerns seriously. He stated that his work has been "a change in the right direction, but it has not transformed the world into a Utopia".[31] Of environmental lobbyists he stated, "some of the environmental lobbyists of the Western nations are the salt of the earth, but many of them are elitists. They've never experienced the physical sensation of hunger. They do their lobbying from comfortable office suites in Washington or Brussels. If they lived just one month amid the misery of the developing world, as I have for fifty years, they'd be crying out for tractors and fertilizer and irrigation canals and be outraged that fashionable elitists back home were trying to deny them these things"

Dans le même ordre d'idée, je mets deux liens qui mène à des articles qui démontrent que les gouvernements occidentaux, via leurs subventions à l'agriculture contribue largement à la famine dans les pays du tiers-monde http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/opinions/chroniques/200901/09/01-692748-le-dossier-noir-des-subventions-agricoles.php, http://www.contrepoints.org/Agriculture-commerce-international.html.

Je mets aussi un lien vers une lettre qui prouve que la fin des subventions à l'agriculture ne signifie pas la fin de l'agriculture http://www.nzembassy.com/info.cfm?CFID=524204&CFTOKEN=21702&c=6&l=42&s=bu&p=62601

Pierre-Etienne Fiset

Bon les deux premiers liens ne fonctionnent pas pour je ne sais trop quel raison alors je vais copier les articles ici


Le dossier noir des subventions agricoles

Publié le 19 avril 2008 à 00h00 | Mis à jour le 19 avril 2008 à 08h22

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Claude Picher

La Presse

On a sorti toutes sortes de raisons pour expliquer la crise alimentaire qui secoue le monde, et plus particulièrement les pays pauvres.

On a dit que c'était l'explosion de la demande. On a ajouté que c'était l'augmentation de la production d'éthanol au détriment des denrées alimentaires.

On a même trouvé le moyen de blâmer la Banque mondiale et le FMI, éternels boucs émissaires de tout ce qui va mal sur la planète.

En réalité, la grande coupable, c'est la politique égoïste et irresponsable des pays riches, qui subventionnent outrageusement leurs producteurs agricoles depuis 40 ans. Un jour ou l'autre, cela devait inévitablement déboucher sur une crise majeure. Nous y sommes.

Dans les pays de l'OCDE, l'ensemble des subventions agricoles se situe à 29 % de la valeur de la production. Autrement dit, chaque fois qu'il produit des denrées d'une valeur de un dollar, l'agriculteur reçoit 29 cents de subvention.

Ces cadeaux représentent 300 milliards de dollars par année, montant qui comprend à la fois les subventions des administrations publiques (financées par les contribuables) et les mesures de soutien des prix au moyen de quotas (financées par les consommateurs).

Les pays pauvres n'ont pas les moyens de subventionner leurs producteurs agricoles, surtout quand on considère les sommes en cause. Trois cents milliards, c'est beaucoup d'argent.

Prenez un groupe de pays africains représentatif: Burkina Faso, Cameroun, les deux Congos, Côte-d'Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Tanzanie.

Pour obtenir 300 milliards, additionnez le produit intérieur brut (PIB) de tous ces pays, calculé au taux de change courant, et multipliez le résultat par trois!

Privé de subventions, le producteur du tiers-monde est prisonnier de méthodes d'un autre âge, alors que son concurrent riche, largement subventionné, possède les technologies les plus performantes. C'est un cas flagrant de concurrence déloyale.

Dans ces conditions, le producteur du tiers-monde n'a aucune chance. Je me souviens, lors d'un voyage au Cameroun il y a quelques années, avoir été frappé par l'absence presque totale de produits locaux dans les marchés d'alimentation.

Tout, jusqu'aux haricots et aux échalottes, était importé de France. Or, le Cameroun est parfaitement capable de produire des haricots et des échalottes. Le problème, c'est qu'il en coûte moins cher de faire venir tout cela d'Europe.

Inévitablement, il arriva ce qui devait arriver. Le tiers-monde est devenu de plus en plus dépendant des pays riches, et est donc devenu chroniquement incapable de développer son propre secteur agro-alimentaire.

Sans les subventions aux producteurs des pays riches, on peut penser qu'une bonne cinquantaine de pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie auraient pu devenir d'importants producteurs agricoles, ailleurs que dans les secteurs hautement spécialisés (arachides, café, canne à sucre, bananes et autres denrées que les pays riches sont incapables de produire eux-mêmes).

Ils en auraient eu la chance, en tout cas, et si cela s'était produit, on ne parlerait pas de crise aujourd'hui.

Il est de bon ton, par les temps qui courent, de casser du sucre sur le dos des Américains. Il y a quelques jours, à la radio, j'ai entendu un commentateur affirmer que ce sont les subventions agricoles américaines qui ont provoqué la crise. Pour ce qui est des subventions, d'accord; pour ce qui est des États-Unis, pas si vite.

Nous avons vu que les subventions agricoles des pays riches représentent 29% de la valeur de la production. Bien entendu, ce chiffre est une moyenne. L'importance des subventions varie considérablement d'un endroit à l'autre.

Il y a quelques grands coupables, qui protègent leurs producteurs à des niveaux qui frisent le scandale: au Japon, c'est 56% de la production qui est subventionnée; en Corée du Sud, 62%; en Suisse, 65%; en Norvège, 68%.

Dans les 25 pays de l'Europe communautaire, les subventions agricoles atteignent en moyenne 32% de la production; la feuille de route des Européens est donc sensiblement pire que la moyenne de l'OCDE.

Au Canada, cette proportion est de 20%; c'est bien mieux que les autres pays riches, et c'est surtout une amélioration sensible depuis une vingtaine d'années.

En 1986, les subventions agricoles canadiennes s'élevaient en moyenne à 39% de la production (contre une moyenne de 43% pour l'OCDE). Le Canada, en sabrant ses subventions de moitié, s'est donc imposé un effort réel et louable pour faire sa part.

Enfin, les États-Unis, qu'on accuse si souvent à tort, ne subventionnent que 17% de leur production. Les Européens sont donc particulièrement mal placés pour faire la leçon aux Américains dans ce dossier.

Seulement deux pays riches ont pratiquement éliminé leurs subventions agricoles: l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

Terminons avec une bonne et une mauvaise nouvelle.

La bonne: depuis 20 ans, les pays riches ont reconnu qu'il y avait là un problème, et la plupart, dans les années 90, ont réduit leurs subventions (cela explique pourquoi la moyenne de l'OCDE est passée de 43 à 29%, comme on vient de le voir).

La mauvaise: en 2001, les subventions ont atteint 31% de la production, leur plus bas niveau depuis longtemps; sous la pression des puissants lobbies agricoles, on a cessé de réduire les subventions qui, depuis ce temps, oscillent entre 29 et 32%. C'est donc dire que, pratiquement, le problème demeure entier.


Agriculture, commerce international et OMC
La nouvelle PAC americana

lundi 7 avril 2008 - Pierre Lison

« Si l’on vous dit : L’agriculture est la mère nourricière du pays. Répondez : Ce qui nourrit le pays, ce n’est précisément pas l’agriculture, mais le blé. »

Frédéric Bastiat, Libre Échange, n° du 26 avril 1847

Après l’acier, l’agriculture… Le Congrès américain vient d’approuver un projet de loi agricole (le "Farm Bill") qui augmente massivement les subventions publiques aux agriculteurs. Coût pour le contribuable américain : 180 milliards de dollars sur 10 ans.

George W. Bush a décidément une conception très particulière de l’agriculture : il récolte l’argent chez le contribuable, pour le planter là où il est électoralement le plus fertile, c’est-à-dire chez les riches et puissants fermiers américains. Faisant fi de ses engagements internationaux (notamment la réunion de l’OMC à Doha en novembre 2001), et de toutes ses déclarations favorables au libre-échange, le président américain cède (une nouvelle fois) à la pression des lobbys, et engage son pays dans une pente dangereuse.

Ce projet est pourtant critiqué par l’immense majorité des think-thanks, qu’ils soient libéraux ou conservateurs. Activistes gauchistes, éminents économistes, responsables de la Banque Mondiale ou du FMI, tous dénoncent ce projet absurde et désastreux. A droite, on pointe surtout l’énorme coût de ces subventions, et les graves distorsions qu’il va créer sur les marchés agricoles. A gauche, on dénonce surtout l’injustice de ce saupoudrage de subventions, favorables aux riches exploitants.

Mais le législateur américain se contrefiche de l’avis des intellectuels et des experts. Comme le fait remarquer Brian Riedl (économiste au think-thank conservateur Heritage Foundation) : "la politique agricole est un dossier où le législateur joue son mandat. Quand celui-ci est face à de tels dossiers, l’avis des experts n’a plus aucune importance. Ils veulent juste savoir ce qui leur permettra d’être réélu, et les subventions agricoles tombent dans cette catégorie".

Et effectivement, les fermiers peuvent à eux seuls changer la donne lors des prochaines élections. Quand Ronald Reagan voulut diminuer les subventions aux agriculteurs, les Républicains perdirent le contrôle du Sénat. Les politiciens, tant Démocrates que Républicains, sont donc terrifiés à l’idée de perdre une partie de l’électorat, et ont donc signé à une majorité écrasante ce projet de loi.
Une absurdité économique

Il ne manque pourtant pas d’arguments pour dénoncer le protectionnisme agricole. Pour les agriculteurs américains eux-mêmes, en premier lieu. En rendant l’exploitation agricole plus rentable, les subsides provoquent une inflation du prix des terrains agricoles, ce qui signifie des coûts plus élevés pour les nouveaux agriculteurs. De plus, les subsides amènent à la surproduction, ce qui abaisse les prix des produits agricoles. La combinaison de coûts élevés et de prix artificiellement bas réduit fatalement le revenu final des agriculteurs…

L’administration Bush prétend, par ce projet de loi, défendre l’agriculture familiale, et les petites exploitations. Pourtant, les subventions sont surtout au bénéfice d’une minorité de grands exploitants : 10 % des agriculteurs reçoivent plus des 2/3 des subventions. Les subventions amènent à une consolidation des grandes exploitations, au détriment des petites qui ne reçoivent que peu, sinon aucun, subside. C’est le contraire même du but affiché par le gouvernement.

Ajoutons à cela une anecdote piquante, révélée par le Washington Post, décidément très remonté contre la réforme : plusieurs membres du Congrès ont un intérêt personnel dans cette affaire, étant propriétaire d’exploitations agricoles ! Ainsi Marion Berry (Démocrate – Arkansas) a reçu plus de 750 000 dollars de subventions pour sa ferme entre 1996 et 2000 ! Et il n’est pas le seul : au moins 11 députés et sénateurs défendent leur intérêt financier dans ce projet. On comprend mieux pourquoi le projet a été adopté à une majorité écrasante, dans le camp Démocrate et dans le camp Républicain…

Mais les effets pervers de ce protectionnisme agricole ne s’arrêtent pas là. On peut également citer les désastres écologiques que peuvent susciter ces incitations à la surproduction. Les subventions incitent à développer une agriculture intensive qui maximise la quantité des biens produits au détriment de la qualité. En Europe, nous avons connu le résultat de ce genre de politiques : c’est la vache folle et les poulets à la dioxine. Il arrive même que l’on doive détruire les stocks excédentaires pour maintenir les prix à un niveau raisonnable. Pourquoi se soucier des consommateurs et s’inquiéter de la qualité quand les subventions sont là, poussant à produire frénétiquement ?
Le commerce international en danger

Continuons dans notre argumentaire contre le protectionnisme agricole, pratiqué par l’Union Européenne et les USA. Les effets pervers ne se limitent pas au marché intérieur, il a également de graves conséquences au niveau international.

Tout d’abord, George W. Bush se place dans une très mauvaise position au niveau des négociations internationales. En effet, ces mesures restreignent les capacités de Washington à conclure des accords importants pour lever les barrières aux échanges. Lors de la réunion de l’OMC à Doha, en novembre 2001 les pays pauvres ont accepté de relancer un nouveau cycle de négociation pour libérer les échanges, mais à condition que les pays riches démantèlent leur arsenal de subsides. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est mal parti…

Mais le plus grave n’est pas là. Ce qui est vraiment choquant, insultant, révoltant pour les humanistes que nous sommes, c’est que les grands perdants de ce protectionnisme, ce sont les pays pauvres de la planète. Comme l’indique le Washington Post "de tous les problèmes qui poursuivent les pauvres de la planète à l’heure de la globalisation, il y en a peu qui soient autant condamnés que les subsides attribués par les pays riches à leurs agriculteurs".

L’explication est simple : quand un agriculteur relativement prospère reçoit de l’argent du gouvernement, il pousse le prix du marché à la baisse. Et ce sont les fermiers des pays pauvres qui trinquent. "C’est vraiment exaspérant, s’emporte un responsable de la Banque Mondiale, "quelques fermiers américains en profiteront, mais au dépens d’un grand nombre de pauvres dans les pays en développement".

Pour ne pas rester dans le vague, prenons un exemple très concret, provenant d’une étude du FMI et de la Banque Mondiale. Cette étude note que les aides publiques comptent pour un tiers des 35 000 dollars de revenus moyen des producteurs de coton américains. Le revenu par tête, au Burkina Faso, est de 1 dollar par jour. Si les prix du coton n’étaient pas tenus à la baisse par les subventions occidentales, le nombre de pauvres du Burkina Faso serait réduit de moitié en 6 ans. De moitié !
Une alternative existe

Couper les subsides aux agriculteurs, en Europe et aux USA, n’a pourtant rien d’impossible. La Nouvelle-Zélande a prouvé que l’on pouvait parfaitement rétablir les mécanismes sains du marché, sans pour autant provoquer de catastrophes sociales.

Le gouvernement travailliste de Nouvelle Zélande a pris, en 1984, la grande décision de couper ses subsides à l’agriculture. Ce ne fut pas une décision facile : l’économie néo-zélandaise dépendait 5 fois plus de l’agriculture que l’économie américaine. Et pays était confronté aux mêmes difficultés que les pays occidentaux : coûts exorbitants, surproduction, dégradation environnementale, inflation du prix des terrains…

Biens sûr, il y eu des protestations, des grèves, des manifestations des agriculteurs mais le gouvernement tenu bon. Il confirma la cessation des subsides, et offrit des bourses de départ ("exit grants") pour ceux qui voulaient quitter l’agriculture après la cessation des subsides.

La transition s’est faite sans heurts majeurs. Les prix des terrains ont d’abord baissé, mais ont rebondi, et restent élevés actuellement. Certaines fermes durent bien sûr fermer, mais la catastrophe n’a pas eu lieu (le gouvernement néo-zélandais avait déclaré que 10 % des fermes devaient quitter le marché agricole)

La situation actuelle est au beau fixe, de l’avis même des fermiers. La productivité a augmenté d’environ 6% par an. Et la Nouvelle-Zélande se défend bien sur les marchés internationaux, face aux fermes subsidiées d’Europe et des USA.
George W. Bush socialiste ?

Le président américain nous donne ici une nouvelle preuve de son opportunisme politique : il n’adopte les idées du libre échange que quand ça l’arrange électoralement. Il n’est pas le seul, me direz-vous…

L’Europe peut difficilement donner des leçons aux USA en matière de protectionnisme agricole : la PAC (Politique Agricole Commune) est également un exemple de construction purement électoraliste, désastreuse à tous les niveaux (économique, social, écologique). La PAC absorbe chaque année 43 milliards d’euros, soit la moitié du budget européen.

Si nous totalisons l’entièreté des subventions agricoles dans les pays développés (Union Européenne, USA, Japon, Australie,…), nous arrivons à des chiffres exorbitant : l’OCDE parlait en 1998 de 362 milliards de dollars. Et ce chiffre doit encore être revu à la hausse…

Il n’y a pourtant aucune raison de traiter l’agriculture de manière différente que le secteur industriel, ou le secteur des services. Comme partout ailleurs, un marché libre et ouvert fonctionnerait mieux que le système planifié que nous connaissons actuellement. Les produits agricoles seraient de meilleure qualité, tout en permettant aux prix de rester à un niveau stable. Et bien sûr, la comparaison entre produits nationaux et produits étrangers serait plus facile, donnant au Tiers-monde une chance exceptionnelle d’intégrer le marché international.

Je terminerai par un dernier chiffre, provenant d’une étude réalisée pour le gouvernement australien : la cessation complète de toutes les barrières douanières, de toutes les subventions à l’agriculture élèverait globalement le niveau de vie de 89 milliards de dollar par an. Maintenant, allez expliquer ça à un politicien… Bonne chance !

Bonne chance certain

Pierre-Etienne Fiset

J'ai trouvé les raisons et c'est entièrement ma faute une virgule et un petit point de rien du tout suffisent à faire foirer un lien je m'en excuse.

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Citations

  • « L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde. »

    – Frédéric Bastiat, 1848

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