par Gilles Guénette
Le Directeur général des élections du Québec lançait la semaine dernière une campagne de publicité visant à inciter les Québécois (et plus particulièrement, les Montréalais) à aller voter aux prochaines élections municipales. Jusque-là, rien de bien étonnant. L’État québécois dépense des millions de dollars chaque année pour nous inciter à faire un tas de choses – être prudents sur la route, parler à nos adolescents, briser le silence, éteindre nos lumières, recycler, etc. La plupart du temps, ces publicités payées à même nos impôts passent inaperçues. Il y en a tellement. Cette fois-ci par contre, quelqu’un a pété une coche. Jean-Luc Mongrain, animateur d’une émission d’affaires publiques au réseau TVA, n’a pas aimé le fait qu’on le parodie sans avoir la décence de lui dire qu’on allait le parodier – comme si Mongrain avait un droit de propriété sur ses tics et sa façon de bouger.
À voir la vidéo, on se dit que l’animateur fictif – un certain Chouinard – ressemble davantage à François Paradis de l’émission TVA en direct.com qu’à Jean-Luc Mongrain, mais bon. Tout est dans le regard de celui qui regarde… Toujours est-il que l’animateur fictif parle de la situation trois mois après des élections municipales où personne n’est allé voter. Le chaos s’est installé. Rien ne fonctionne. «C’est sûr, y’a pas de maire, pas d’équipe, pas de direction», dit-il – avant d’ajouter que «depuis, à [la] grandeur du Québec, tout est jammé!» On nous montre un reportage fictif dans lequel on voit des images de bureaux municipaux fermés, de feux de circulation déréglés, d’usagers des transports en commun qui attendent, de sacs de déchets qui s’accumulent et de nids-de-poule «gros comme des chars». Mais diantre! Il s’agit du quotidien de bien des Montréalais malgré le fait qu’il y ait un maire, une équipe, une direction en place!
Comme quoi aller voter, ne pas aller voter, c’est du pareil au même ;-)
Il me semble me rapeller d'un épisode récent en Belgique ou le gouvernement central a cessé de fonctionner, et pourtant tout allait pareil.
C'est une drole de stratégie de persuader les gens de voter en attaquant l'anarchisme.
Rédigé par : Louis B. | 04 octobre 2009 à 21h48
Pourquoi voter aux élections? Parce que l'état des routes s'est détérioré depuis le dernier vote pour protester l'état des routes, et cette fois çi sera la bonne!
Si c'est le message qu'il voulait exprimer, c'est bien dommage mais le DGE s'est auto-parodié. Déclarer qu'il faut voter parce que tout va mal en politique, ça ne fait qu'encourager le désenchantement.
Il ne reste plus qu'à offrir un véritable choix à la population pour exploiter ce désenchantement. Un choix qui leur permet de sortir du système.
Rédigé par : Stranger | 04 octobre 2009 à 21h55
Il y a plein de postes qui sont restés vacants dans plusieurs villes et villages du Québec aux dernières élections. Est-ce que ces places ont arrêté de vivre pour autant? Non.
De toute façon, moins il y a de politiciens municipaux, moins ils vont être porté à dépenser pour des folies et des extravagances dont personne n'a réellement besoin pendant que ce qui devrait être géré adéquatement fout le camp.
Et comme dirait l'autre, si ces élections changeaient vraiment quelque chose, ça ferait longtemps qu'elles auraient été bannies et remplacées par des dictatures fantoches car les élus n'ont que très peu de choses à dire face aux hauts fonctionnaires qui sont les vrais gestionnaires d'une ville et de toute façon un candidat trop "révolutionnaire" est vite écarté du pouvoir par les gens en place qui ont tout intérêt à ce que les choses se passent à leur façon: promotteurs immobiliers et commerciaux, propriétaires d'entreprise et de terrains, etc.
Alors de toute façon, c'est de la fiction parce que ceux et celles qui ont intérêt à aller voter vont y aller de toute façon, un peu comme aux élections dans les commissions scolaires et les autres ne penchent que pour très peu dans la balance alors si cette publicité a zéro impact, ce sera toujours cela de gagné.
Rédigé par : Tym Machine | 05 octobre 2009 à 00h22
Pourquoi allez voter? Quelque chose va changer? Les cols bleus vont travailler et être productifs? Le transports en commun vont être améliorés?
J'ai rarement vu une pub aussi stupide que celle-ci. Je pense qu'il y a une certaine sagesse populaire dans ces cas là et que le monde ont d'autre chose à faire.
Ce n'est plus une question de démocratie ici mais tout le contraire; deux principaux partis qui se partagent les même idées.
Quand un candidat aura assez de leadership et d'idée nouvelles alors je crois que les gens iront voter.
Rédigé par : pierre | 05 octobre 2009 à 10h10
On nous incite à aller voter pour pouvoir ensuite nous dire : Vous avez voté pour Untel, et bien, assumez-en les conséquences !
Ne pas aller voter, pour moi, signifie : je ne veux pas cautionner aucun des candidats en lice; ils sont tous aussi pourris les uns que les autres !
Rédigé par : Garamond | 05 octobre 2009 à 11h23
@Gilles: que recommandez-vous? De ne pas aller voter?
@Tous: à l'exception des grandes villes comme Montréal, Québec, Trois-Rivières, etc... les citoyens "ordinaires" peuvent vraiment influencer les décisions qui sont prises par les villes. L'accession à la mairie est relativement facile. Pas vraiment besoin d'un gros budget électoral, une dizaine de citoyens prêts à présenter leur candidature comme conseillers, une équipe de soutien d'environ 20 personnes et vous être prêts à faire une bonne campagne et, qui sais, prendre le contrôle de l'hôtel de ville!
Évidemment, le fonctionnement quotidien d'une ville repose essentiellement sur son directeur-général et ses employés. Mais le maire et les conseillers peuvent vraiment changer le cours des choses. Si vous êtes préoccupés par la façon dont les contrats sont octroyés, la politique environnementale, la sécurité routière, le transport en commun, l'agriculture de type indutrielle, etc... vous avez tout à gagner à vous impliquer.
En attendant l'anarchie ou la société libertarienne, pourquoi ne pas tenter de changer les choses?
Rédigé par : lutopium | 05 octobre 2009 à 11h32
Comme dans 99% des publicités gouvernementales, celle-ci semble s'adresser à des abrutis. À croire que les candidats n'iront pas voter pour eux-mêmes ainsi que les membres de leur famille. Ce serait un bon poste pour sauver de l'argent, abolir toute publicité gouvernementale.
Rédigé par : Gilles Laplante | 05 octobre 2009 à 11h39
@ lutopium
«...à l'exception des grandes villes comme Montréal, Québec, Trois-Rivières, etc... les citoyens "ordinaires" peuvent vraiment influencer les décisions qui sont prises par les villes.»
Vous avez raison. Dans une grande ville comme Montréal, je suggère effectivement de na pas voter - c'est ce que je faisais lorsque j'y habitais. À quoi sert de voter pour l'un ou l'autre des deux principaux candidats? Ils offrent en fait une seule et même option: aller chercher le plus d'argent possible dans les poches de leurs concitoyens pour le redistribuer ici et là.
Dans une petite ville par contre, je crois que voter vaut la peine. Plus une ville est petite, plus votre vote a du poids. Le pouvoir étant beaucoup plus rapproché des citoyens, il est plus facile d'avoir un impact sur les décisions prises par les élus.
Rédigé par : Gilles Guénette | 05 octobre 2009 à 11h58
L'abstention et l'évasion fiscale sont les seules voies de protestation laissées au citoyen face à l'extension incontrôlable de l'hydre étatique.
Rédigé par : Pierre-Yves | 05 octobre 2009 à 12h15
@Gilles Guénette:
"Plus une ville est petite, plus votre vote a du poids. Le pouvoir étant beaucoup plus rapproché des citoyens, il est plus facile d'avoir un impact sur les décisions prises par les élus."
Absolument d'accord, et d'expérience encore... J'espère que vous aurez l'occasion d'expliquer ça à Louise Harel.
Rédigé par : Pierre-Yves | 05 octobre 2009 à 14h14
Petite note au sujet de "l"anarchie" qui suivrait l'arrêt des feux de circulation à Montréal...
Depuis les années '70, certains pays européens utilisent un nouveau concept pour gérer la circulation dans les zones résidentielles. Ce concept, nommé Woonerf en néerlandais, décrit un zone sans feux de circulation, sans lignes peintes et sans panneaux indicateurs, où automobilistes, cyclistes et piétons se partagent la route dans le fouillis le plus total... bref, l'anarchie routière!
Résultats: baisse de la vitesse automobile, baisse du taux d'accidents, hausse de l'affluence piétonne, hausse de la valeur des résidences, etc.
Il y a plusieurs milliers de ces espaces en Europe, dont 6 000 aux Pays-Bas seulement. Pour plus de détails sur ce concept, voici quelques liens d'intérêt:
http://en.wikipedia.org/wiki/Shared_space
http://www.wiserearth.org/solution/view/a5ea5eea80eb5344d77e137db76d6bec
http://www.dustbury.com/vent/vent637.html
Je suis toujours fasciné de constater l'ordre spontané qui naît de l'anarchie naturelle. À la longue, j'espère que ce genre de concept aidera les gens à expérimenter l'anarchie dans d'autres domaines de l'activité humaine.
Rédigé par : JLM | 05 octobre 2009 à 15h13
À vrai dire, il est carrément vrai qu'on peut vraiment se faire élire avec peu de moyens dans la plupart des municipalités au Québec car ce pouvoir est généralement le plus comparable à la démocratie directe dans notre système surtout lorsque qu'on peut carrément faire ''sortir'' le vote avec les gens que l'on connaît. Cela est aussi le cas dans les plus petites provinces et les territoires au pays où qu'un candidat va généralement connaître tout le monde dans sa circonscription comme à l'Île-du-Prince-Édouard ou au Yukon.
Pour les plus grandes villes au Québec (Montréal, Québec, Laval, Gatineau, Longueuil, Trois-Rivières, Sherbrooke, Saguenay) vous avez raison en disant que la politique municipale est carrément un fouillis total et cela particulièrement depuis l'apparition de partis politiques, où les conseillers votent avec le parti et que les partis deviennent des organisations fantoches, tandis que les plus petites villes où la politique est non-partisane sont généralement axées sur les intérêts du quartier.
En somme, disons que les partis politiques en politique municipale ne sont pas vraiment une bonne idée. Voir la situation comme celle à Montréal est carrément néfaste lorsque la politique municipale devient en fait la maison de retraite des pensionnés du parlement fédéral et provincial.
Rédigé par : matvail2002 | 08 octobre 2009 à 20h03