par Martin Masse
Les Albertains ont une culture politique un peu particulière. Des partis agraires, conservateurs et populistes ont dominé la vie politique de la province depuis près d'un siècle. Au lieu d'être remplacés par une opposition plus à gauche, soit par le Parti libéral ou le Nouveau Parti démocratique, les gouvernements albertains de droite cèdent habituellement leur place à d'autres partis de droite. Ainsi, en 1971, après 36 ans de gouvernement créditiste, Peter Lougheed a inauguré une période de gouvernement conservateur qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui.
Cela explique en partie pourquoi l'Alberta est la province la plus riche et la plus dynamique du Canada, celle où les impôts ont récemment été les plus bas et la liberté économique la plus élevée. L'Alberta est aussi bien sûr le royaume canadien de l'or noir et a engrangé d'énormes revenus grâce à l'industrie pétrolière et gazière, ce qui a permis au gouvernement provincial d'éliminer sa dette et d'accumuler des réserves importantes.
On le sait, la «droite» n'est toutefois pas nécessairement en faveur de moins d'intervention étatique lorsque ça fait son affaire. En plus, maintenir un État d'une taille modeste quand l'argent vous tombe dessus de cette façon est probablement une chose trop difficile à faire pour un politicien moyen, qui y voit une occasion en or de se faire du capital politique au lieu de laisser l'argent dans les poches des citoyens.
Et c'est justement ce que le gouvernement albertain a fait ces dernières années. Les dépenses ont augmenté à un rythme faramineux, beaucoup plus élevé que partout au pays. Quand la crise a frappé il y a deux ans et que les revenus pétroliers ont fondu, le gouvernement albertain s'est retrouvé avec un gigantesque déficit de 7 milliards $, plus élevé que celui du Québec alors que sa population est deux fois moindre.
Most of the rest of the country still seems to see Alberta as the centre of tight-fisted, small-government conservatism. Nothing could be further from the truth. Alberta's is the most profligate government in the country at any level.
It's true there was a time a dozen years ago when then-premier Ralph Klein engaged in slash-and-burn fiscal policy. Between 1993 and 1997, spending declined from just about $18-billion annually to just over $14-billion. (...)
Since 1997, though, nominal provincial spending has increased by nearly 150%. Even allowing for inflation and rampant population growth, real provincial expenditures are up two-thirds over the past two budgets.
Today, Alberta's is far and away the most free-spending government in the country.
Le premier ministre actuel, Ed Stelmach, qui a succédé à Ralph Klein il y a quelques années, est un insignifiant de centre-gauche qui multiplie les décisions controversées allant à l'encontre de la tradition conservatrice albertaine. La grogne s'est installée chez les partisans d'une politique conservatrice plus cohérente, qui ont récemment formé un nouveau parti, la Wildrose Alliance (N.B.: la rose sauvage est l'emblème floral de la province). Le mois dernier, le parti a élu son premier député dans une circonscription de Calgary détenue depuis 35 ans par le Parti conservateur. Des sondages récents le place en seconde position derrière le PC. La province semble être prête pour une nouvelle transition générationnelle similaire à celle de 1971.
L'Alliance Wildrose n'est pas un parti libertarien, loin s'en faut. Son programme défend les programmes de gestion de l'offre agricole, propose de subventionner l'industrie du tourisme et la culture, appuie les cinq principes de la Loi canadienne de la santé, etc. D'autre part, il préconise l'adoption des impôts les plus bas au Canada, défend le droit des travailleurs à adhérer ou non à un syndicat, veut faire reconnaître les droits de propriété individuels dans la Charte albertaine des droits, et propose de retirer le gouvernement de tout secteur où une alternative privée existe.
Hier, l'Alliance a élu avec une forte majorité son nouveau chef, Danielle Smith. Mme Smith est une ancienne journaliste et animatrice de télévision, qui a récemment occupé le poste de directrice albertaine de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. J'ai eu l'occasion de faire un peu sa connaissance lors d'un séminaire à Ottawa au printemps dernier. C'est une personne extrêmement réfléchie, qui m'a semblé très consciente des effets pervers de l'interventionnisme étatique et très attachée aux principes de liberté individuelle et de libre marché. On pourrait la décrire comme une libertarienne modérée et politiquement «réaliste» qui fait les compromis qu'elle croit nécessaires pour se faire élire.
Mme Smith est le genre de personne qui me convaincrait peut-être de m'impliquer de nouveau temporairement en politique pour faire avancer les choses, malgré mon très grand scepticisme envers l'engagement politique comme solution pour faire avancer les idées libertariennes. Surtout dans le contexte de l'Alberta, où ces idées ont une résonnance plus forte que presque partout ailleurs au pays. Un gouvernement dirigé par Danielle Smith qui ramènerait l'Alberta à sa position de leadership comme province la plus économiquement libérale du pays aurait une influence considérable sur ce qui se passe dans l'ensemble du Canada. La concurrence de l'Alberta a sûrement eu pour effet de modérer les ardeurs interventionnistes d'autres gouvernements provinciaux au cours des dernières décennies, de peur de perdre davantage de citoyens et de capitaux au profit de cette province des Prairies.
La politique albertaine pourrait donc nous offrir des surprises intéressantes au cours des prochaines années. Plus intéressantes sans doute que les zigzags vers le néant de l'Action démocratique du Québec, dont les membres se sont eux aussi choisi un insignifiant de centre-gauche comme nouveau chef aujourd'hui. Mais ne nous faisons pas trop d'illusions. Danielle Smith devra faire beaucoup de compromis pour se faire élire et pour gouverner, si jamais elle y parvient. Elle pourrait aussi prendre goût au pouvoir et se laisser influencer par son entourage au point d'abandonner l'essentiel de ses principes. Elle ne serait pas la première personnalité sympathique aux idées libertariennes à se transformer en politicien étatiste comme les autres au Canada...
Contrairement aux clichés véhiculés, l'Alberta a été LA première province canadienne à élire une femme comme député au provincial ET au fédéral alors je suis persuadé qu'elle sera la prochaine PM de l'Alberta et peut-être du Canada un jour...
PS. Peut-être en tant que femme sera-t-elle moins tentée de se laisser corrompre par l'étatisme que Harper.
Rédigé par : Martin | 18 octobre 2009 à 17h41
Est-ce que ce parti est un parti séparatiste albertain?
J'ai trouvé un blogue il y a quelques mois d'un supporteur de ce parti et le blogue s'appelle www.themoderateseparatist.com.
Rédigé par : Tym Machine | 18 octobre 2009 à 22h35
The Wildrose Alliance party is not an Alberta separatist party. It is a small 'c', small government, fiscally conservative party that has members from all points of the political spectrum.
It is what the ruling Progressive Conservatives used to be long ago, before they moved to the left and grew stale.
I am the Moderate Separatist, but have put those positions aside in favour of supporting a the WAP, whose policies promotes the idea of a strong, autonomous Alberta within a strong Canada.
Rédigé par : Leigh Patrick Sullivan | 20 octobre 2009 à 13h27
@Leigh Patrick Sullivan
Good luck with your elections. Hope this party, if elected, can have a positive influence on the whole country. However, i doubt it. Most lefties will attribute Alberta's prosperity to "favours" (without ever mentionning which favours) given to Alberta by Mr. Harper. They also attribute the prosperity to oil even though the ressource alone is not responsible for the wealth it creates. As proof, Nigeria has lots of oil but is darn poor. Québec could be as wealthy as Alberta if it was not wasting away it's hydro-electricity. Anyways...
Rédigé par : Steven | 20 octobre 2009 à 19h44
@Steven
"Québec could be as wealthy as Alberta if it was not wasting away it's hydro-electricity. Anyways..."
(Soupir)
Rédigé par : Pierre-Yves | 20 octobre 2009 à 20h36
Le principal questionnement que j'ai par rapport au libertarianisme est relatif à la protection de l'environnement. Je ne vois pas comment on peut faire que les lois du marché vont faire qu'une compagnie choisira des mesures non polluantes plutôt que des mesures plus économiques.
L'Alberta a un gros problème de pollution dans le nord de la province causé par les résidus de l'extraction des gas bitumineux. J'ai bien hâte de voir si cette PM libertarienne saura trouver une solution libertarienne à ce problème de pollution. Personnellement, il me semble que seul le bras long de l'intervention étatique peut régler ce problème...
Rédigé par : Guillaume Filion | 21 octobre 2009 à 11h13
@Guillaume Fillion,
"Le principal questionnement que j'ai par rapport au libertarianisme est relatif à la protection de l'environnement. Je ne vois pas comment on peut faire que les lois du marché vont faire qu'une compagnie choisira des mesures non polluantes plutôt que des mesures plus économiques."
Le libre-marché n'autorise pas à polluer la propriété privée d'autrui sans avoir à le compenser d'une facon ou d'une autre. À mon avis, le principal problème de la pollution albertaine est que la ressource n'appartient à personne. C'est le gouvernement qui donne des droits d'exploitation des ressources (et en plus la subventionne) et qui par conséquent devient complice de la pollution qui s'y accompagne.
Je pense que la protection de l'environnement est trop importante pour être mise dans les mains de l'état. Si le gouvernement avait un plus grand respect de la propriété privée, il y aurait moins de pollution.
Rédigé par : david M. | 21 octobre 2009 à 21h01
PM c'est Premier ministre ?
ça a quel pouvoir ?
Rédigé par : L'ami du laissez-faire | 22 octobre 2009 à 14h49
Grosso modo, le premier ministre est le leader du pouvoir exécutif (conseil des ministres) dans notre système de Westminster combiné au contrôle du pouvoir législatif. Habituellement, le premier ministre est le chef du parti qui récolte le plus de sièges lors d'une élection législative.
Donc, en théorie, le premier ministre est la personne qui est la face principale du gouvernement et son pouvoir est même plus grand que celui du Président des États-Unis.
Rédigé par : Mathieu NV | 22 octobre 2009 à 15h37
Le mois dernier, le parti a élu son premier député dans une circonscription de Calgary détenue depuis 35 ans par le Parti conservateur. Des sondages récents le place en seconde position derrière le PC. La province semble être prête pour une nouvelle transition générationnelle similaire à celle de 1971.
Avant la dernière election provinciale, le wild Rose avait 4 députés. la dernière élection a vu un balayage conservateur record mais aujourd'hui, il y a beaucoup de contestation face à Stelmach, surtout depuis qu'il a fermé des lits d'hopitaux psychiatrique le mois dernier.
Rédigé par : Solon_101 | 23 octobre 2009 à 22h15
Très bon article sue le sujet: http://www.cyberpresse.ca/opinions/200910/23/01-914438-un-modele-pour-ladq-en-alberta.php
Rédigé par : François 1 | 26 octobre 2009 à 08h33