par Martin Masse
Dans l'édition de ce matin du Devoir, le chroniqueur spécialisé dans le nombrilisme médiatique, Paul Cauchon, plaide en faveur de l'adoption par les gouvernements de mesures financières et autres pour venir en aide à lui et à ses tinamis qui sont «en crise», parce qu'ils arrivent de moins en moins à convaincre le public de débourser une cenne pour se procurer leurs insignifiances.
M. Cauchon semble mettre tous ses espoirs dans le mandat accordé la semaine dernière à Dominique Payette, une ancienne journaliste à la chaîne déjà financée en grande partie par les contribuables, par la ministre de la Culture et des Communications Christine St-Pierre, une autre ex-parasite de la même chaîne, d'étudier l'état de la presse et du journalisme au Québec.
Le chroniqueur passe en revue les nombreux autres rapports rédigés au cours des dernières années qui ont proposé divers types d'interventions gouvernementales dans le domaine médiatique et ont malheureusement tous fini sur les tablettes. Selon lui, «pour faire bouger les choses, ça prend d'abord et avant tout une ferme volonté politique». Vraiment perspicace le chroniqueur: eh oui, pour forcer les contribuables à transférer une partie de la richesse qu'ils ont produite à une caste de propagandistes étatistes comme lui, il faut convaincre les politiciens que c'est dans leur intérêt politique de le faire, ce qui est justement le but de sa chronique!
M. Cauchon passe en revue des propositions faites par le sénateur démocrate du Massachusetts John Kerry, inquiet de la possible disparition du Boston Globe. «Qu'une grande ville comme Boston soit privée de son grand journal lui est apparu, avec raison, comme une véritable menace à la démocratie, à la liberté d'expression et à la libre circulation des idées.» On le comprend, un organe de presse de l'establishment de moins pour l'aider à se faire réélire! Encore une fois, malheureusement, le gouvernement américain n'a toujours rien fait.
Puis M. Cauchon se penche sur ce qu'a fait le gouvernement français qui, lui, «est allé beaucoup plus loin». Un modèle à suivre:
Après avoir tenu l'année dernière des états généraux sur la presse, le gouvernement Sarkozy lançait, en janvier dernier, tout un train de mesures: report d'une hausse de tarifs postaux pour soulager les journaux, soutien à la distribution, engagement de l'État à doubler ses dépenses de communications institutionnelles dans la presse écrite, création d'un statut d'éditeur en ligne, et ainsi de suite. Un plan de trois ans, dans lequel sont engagés des centaines de millions d'euros.
La mesure la plus étonnante, lancée à la fin octobre: une campagne d'abonnement gratuit pour un an à un quotidien, pour les 18-24 ans. Le gouvernement français s'était engagé à soutenir 200 000 abonnements, et la campagne a connu un succès fou, semble-t-il.
On pensera ce que l'on veut de ces mesures, force est de constater que l'on peut faire preuve d'imagination sans intervenir directement dans le contenu des médias. Encore faut-il avoir la volonté de bouger.
Traduction: Allez, amis politiciens, faites preuve d'un peu d'imagination, mettez un peu vos culottes et envoyez-nous le cash - euh, ayez la volonté politique de bouger pour soutenir la démocratie, la liberté d'expression et la libre circulation des idées!
La ministre St-Pierre, dans son communiqué de presse, a défendu son initiative en disant: «Cette démarche est importante puisqu’elle vise à assurer l’avenir de la profession journalistique et à garantir à la population une information de qualité, essentielle à la santé démocratique du Québec.» http://www.mcccf.gouv.qc.ca/index.php?id=2328&tx_ttnews[tt_news]=5285&cHash=0173031447
À lire entre les lignes, on en déduit que sans cette démarche, la profession journalistique n’a pas d’avenir et la population, aucune garantie d’information de qualité à long terme.
Si j’étais dans le milieu, il me semble que je voudrais garder mes distances du pouvoir – ne serait-ce que d’un point de vue «crédibilité». Mais on est au Québec. Là où l’État est partout. Alors un secteur de plus, un secteur de moins...
Rédigé par : Gilles Guénette | 23 novembre 2009 à 08h46
Tant mieux si les médias traditionnels disparaissent au profit de médias alternatifs. Tant mieux si le contenu journalistique et les réflexions politiques et économiques se démocratisent.
Il n'y a pas que les politiciens ou les propriétaires d'éditions de journaux qui se plaignent des blogues et autres nouveautés médiatiques.
Il y a aussi les journalistes qui veulent mettre en place des lois et règlements pour encadrer et légiférer le contenu et les articles des blogues.
L'effet des médias émergeants est d'exposer brutalement le parti-pris, le biaisement et l'hypocrisie des médias traditionnels sans pour autant les accuser directement.
Quand un média traditionnel n'expose que la version officielle des gouvernements et qu'un média non-traditionnel vient remettre en question cette propagande, cela montre que les journaux et la télévision ne débitent que des plattitudes politiquement correctes dénudées d'intérêt.
Ils voient qu'ils sont en train de perdre la bataille médiatique et ils essaient à coup de lois et de subventions de maintenir en vie leur créneau en perdition.
Peu importe ce qu'ils feront, ils perdront. Les blogues, facebook, twitter, des sites internets spécialisés comme le Québécois Libre et des sites comme youtube feront en sorte que le peuple se tiendra informé par lui-même.
Il est fort possible que les médias émergeants contribuent significativement à remettre en question le modèle étatique et à redonner du pouvoir, de l'autonomie et de la dignité aux individus.
Rédigé par : Simon Bonneau | 23 novembre 2009 à 08h48
J'ai annulé récemment mon abonnement au journal La Presse, justement à cause des platitudes de son contenu qui me rappellent, malheureusement, les journaux franquistes de ma jeunesse espagnole.
C'est désolant.
Rédigé par : Donostia | 23 novembre 2009 à 10h07
@Simon Bonneau:
Les journaux vont mal justement à cause que la population n'est plus intéressée de se faire dire quoi penser et surtout avec des opinions qui sont celles de journalistes qui ont souvent une idéologie semblable souvent pro-étatique et gauchiste. En fait, la majorité des gens qui suivent l'actualité trouvent que les opinions des chroniqueurs (et des journalistes) des journaux sont plus de la frime qu'autre chose.
En fait, les journaux vont simplement mourir comme que le télégraphe est mort. Est-ce que le gouvernement a financé le télégraphe lors de sa mort? Je crois que non, sauf qu'avec les idéologies de plus en plus déconnectées de la réalité de nos chers journaux, cela m'étonne guère!
M. Bonneau,
Vous allez rire mais le pseudo-argument le plus utilisé par les journaux imprimés est que les nouveaux médias manquent de contenu en ayant pas de rigueur. Or, les nouveaux médias vont chercher une clientèle beaucoup plus vaste et intéressante que les médias papier dont leur but est simplement de plaire à le plus de gens possible pour avoir un certain tirage.
"Qu'une grande ville comme Boston soit privée de son grand journal lui est apparu, avec raison, comme une véritable menace à la démocratie, à la liberté d'expression et à la libre circulation des idées.» On le comprend, un organe de presse de l'establishment de moins pour l'aider à se faire réélire! Encore une fois, malheureusement, le gouvernement américain n'a toujours rien fait."
Facile à dire lorsque le journal est de ton bord! Lorsque cela ne fait pas leur affaire les politiciens ne sont pas vraiment pour la liberté d'expression, comme avec FOX News et le Parti Démocrate.
Les journaux ne sont pas les meilleurs organes de la libre expression, car tout doit être règlementé par l'éditorial. Par exemple, si une opinion contre Kerry ou le Parti Démocrate est véhiculé dans le Boston Globe, autant dire que le journaliste va avoir des pressions.
''La mesure la plus étonnante, lancée à la fin octobre: une campagne d'abonnement gratuit pour un an à un quotidien, pour les 18-24 ans. Le gouvernement français s'était engagé à soutenir 200 000 abonnements, et la campagne a connu un succès fou, semble-t-il.''
L'état est très bon pour savoir dépenser ton argent surtout pour nos jeunes!
Cela me fait penser aux musées qui sont pleins lorsque gratuits mais qui sont autrement relativement vides. Or, combien de ses journaux finissent dans les poubelles et ne sont pas lus et combien ce programme peut vraiment améliorer la circulation des journaux à part gonfler artificiellement leurs nombres avec un bailout lorsque l'état achète des journaux?
Rédigé par : Mathieu NV | 23 novembre 2009 à 11h07
Le politique et les médias traditionnelles sortent du placard.
Les deux annoncent qu'ils couchent ensemble depuis longtemps mais maintenant le conjoint est sur le point de perdre son travail (à défaut de vouloir se réajuster et d'innover), le conjoint qui a tous les droits désirent que les seconds puissent avoir leur dû eux aussi.
Rédigé par : Mathieu | 23 novembre 2009 à 12h40
@Donostia:
" journal La Presse, justement à cause des platitudes de son contenu qui me rappellent, malheureusement, les journaux franquistes de ma jeunesse espagnole."
Intéréssant... (ayant connu l'époque franquiste, par famille interposée). La Presse, le "Hola" de l'information journalistique. C'est vrai que c'est essentiellement insignifiant, en plus quand par hasard il y'a un article pas trop pire il le cachent en milieu de publication pour pas énarver personne.
Rédigé par : Pierre-Yves | 23 novembre 2009 à 15h20
Que ces prétentieux emmerdeurs que sont devenus les journalistes des grands médias descendent un peu de leur piédestal ne sera certainement pas une mauvaise chose. J'irais même plus loin, en disant qu'il faut tout bonnement se réjouir de cette soi-disant « crise ». Bien sûr, l'affolement des politiciens devant le déclin du journalisme traditionnel était prévisible. Depuis quelques décennies, dans les sociétés occidentales (dont le Québec, évidemment), les liens unissant le milieu journalistique à la classe politique sont devenus pratiquement incestueux. Entre politiciens et journalistes, on est en famille, quoi ! En témoignent les nombreux « transferts » opérés entre ces deux milieux, des journalistes virant politiciens, et d'ex-politiciens devenant (ou redevenant !) journalistes...
Pourtant, je ne peux m'empêcher d'imaginer le pire : verser un impôt spécial pour payer le salaire de Foglia, de la mère Petrowski et de l'impayable et très vertueux Marc Cassivi... Pénible...
Rédigé par : B. Vallée | 23 novembre 2009 à 18h40
@B. Vallée:
Sans oublier le très affable Richard Hétu. Je n'ai pas d'autres commentaires à ce sujet sauf que de dire que je comprends maintenant pourquoi les lecteurs de La Presse ont une connaissance si fragmentaire des États-Unis.
Rédigé par : Mathieu NV | 23 novembre 2009 à 22h39
Les problèmes financiers des journaux ne sont pas dûs à la désaffection des lecteurs mais à celle des publicitaires.
C'est encore plus ironique. Les journalistes s'indignent en général de l'importance que le peuple accorde au commerce, à l'argent, à la marchandise, et disent privilégier les idées. Ils sont maintenant directement confrontés avec la réalité que leur misérable petite profession est totalement dépendante des vendeurs d'autos, des épiceries, des magasins d'appareils électroniques, des vendeurs de vêtements, etc.
Rédigé par : Humain51 | 24 novembre 2009 à 07h27
>> La mesure la plus étonnante, lancée à la fin octobre: une campagne d'abonnement gratuit pour un an à un quotidien, pour les 18-24 ans. Le gouvernement français s'était engagé à soutenir 200 000 abonnements, et la campagne a connu un succès fou, semble-t-il.
Nous les français sommes à la pointe du progrès social (de la connerie étatiste) je confirme en effet.
Ce qui m'amuse toujours, c'est que lorsque le gouvernement organise un jet d'argent par les fenêtres, il se trouve toujours des crétins pour saluer "le succès fou" de telles mesures.
Qu'y a t-il d'étonnant à ce que les pauvres gens tondus par la gouvernement essaient de récupérer des miettes de ce que l'on leur prend ? (sous la forme d'un abonnement "gratuit" à un quotidien en l'occurence)
Rédigé par : Christophe VINCENT | 24 novembre 2009 à 07h41
Financer un journal, c'est JUSTEMENT ce qui est dangereux pour la libre expression parce que s'il faut financer la libre expression alors il faudra financer tout le monde parce que tout le monde dans ce pays a supposément le droit à la libre expression.
Alors si on se donnait un petit congé de taxe au lieu d'envoyer de l'argent au gouvernemaman qui en prendra 90% et nous retournera le 10% en services dont on ne veut même pas et qu'on pourrait se passer de toute façon.
Rédigé par : Tym Machine | 24 novembre 2009 à 09h16
@C. Vincent,
"sous la forme d'un abonnement "gratuit" à un quotidien en l'occurence"
Les personnes qui croient au "gratis" du gouvernemaman sont les mêmes qui croient encore dur comme fer au Père-Noël.
Un joyeux Noël avec ça?
Rédigé par : Tym Machine | 24 novembre 2009 à 09h27
@GG,
"Si j’étais dans le milieu, il me semble que je voudrais garder mes distances du pouvoir – ne serait-ce que d’un point de vue «crédibilité». Mais on est au Québec. Là où l’État est partout. Alors un secteur de plus, un secteur de moins..."
Ce sera dur dur de critiquer la main qui nous nourrit sous peine de se faire couper les vivres n'est-ce pas?
Rédigé par : Tym Machine | 24 novembre 2009 à 09h36
J'étais abonné au Journal de Québec. Un matin, en ouvrant le journal, je constate que Dan Bigras ést rendu chroniqueur. Les journaux, ça s'est arrêté ce jour là pour moi!
Rédigé par : Eric | 24 novembre 2009 à 11h45