Récupération: pourquoi ne pas laisser les acteurs du marché s'en occuper?

par Mathieu Demers

La ministre québécoise de l'Environnement, Line Beauchamp, dévoilait au début de la semaine un «plan quinquennal» lié à sa nouvelle politique de gestion des déchets doté d'un plan financier de 650 M$. Comme c'est le cas depuis plusieurs années dans ce domaine, on mise sur l'interventionnisme et la contrainte. Dans le domaine de la récupération au Québec, nous avons un organisme gouvernemental (Recyc-Québec), des régies intermunicipales, des taxes, règlements, et des escouades d'enquêteurs municipaux pour inspecter vos sacs. On pense que tout cela est nécessaire pour que les gens récupèrent leurs déchets et respectent l'environnement.

L'excellent article «Comment dissoudre un problème politique sans faire de politique?» du blogueur Guillaume Lamy nous rappelait cependant que là où un profit est possible (lire: là où il y a rareté de l'offre mais une demande bien présente), le besoin d'avoir une solution étatique est nul ou tend à disparaître puisque des acteurs capitalistes voudront offrir une solution efficiente et démocratisable en espérant avoir le fromage (le profit) pendant au bout de la ligne qui leur est tendue.

Or, en France, un projet-pilote est mis à l'essai par la chaîne d'hypermarchés Auchan. Les consommateurs sont invités à revenir faire leur shopping en déposant dans une machine distributrice les items destinés au recyclage. Si plusieurs amènent aujourd'hui leurs sacs réutilisables à chaque achat, pourquoi ne pas les remplir des contenants et des emballages vides?

Contre l'impression de bons d'achats pour récompenser le client, la chaîne, elle, peut revendre les matériaux récupérés ou les réutiliser à sa guise. Tous y gagnent; nul besoin d'une taxe à la consommation remboursable, ni de bureaucratie pour administrer le programme. L'opération profite au secteur privé et ne nécessite pas de fonds publics.

Si le projet va rondement, peut-être les Français seront-ils ou pourront-ils demander à être libérés de la récupération hebdomadaire à la porte dans les communes qui offrent le service? Et pourquoi pas ici aussi un beau jour?

Comments

[Rédigé par : Louisl]

Justement, je me suis vraiment tordu de rire cette semaine devant le club des ex, ou l'on parlait de cette initiative inutile.

C'est vraiment le A-B-C du politicien d'inventer un problème et de faire semblant d'avoir une solution. Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à l'enfouissement first, on a en masse de place. Il y a tellement de solution comme Mathieu le dit pour tirer profit de la situation sans emmerder les gens. Exemple récupérer les gaz des dépotoir les bruler et faire de l'électricité, avoir un incinérateur qui génère de l'électricité (voir campagne de Jeff Filion pour la mairie de Québec), faire du méthanol ou du gaz naturel. Bref parmi toutes ses solutions, je ne sais pas pourquoi mais ils choisissent toujours et immanquablement celle qui va emmerder les individus. Des fois je me demande si ce n'est pas pour nous habituer à "faire notre part" comme pour nous préparer vers un retour aux corvées seigneuriales.

Et si toutes ses bonnes idées ne sont pas rentables aujourd'hui, dans cent ans les gens vont peut être être heureux de pouvoir brûler les dépotoirs du 20e siècle qui seront probablement un peu comme des gisements de pétrole...

Entre temps, jamais je ne me soumettrait à cette tentative de régime seigneuriale: faites juste penser à la corvée d'un épicier qui doit payer des machines pour récupérer les canettes, des employés pour les bouteilles, gérer les entrés et sorties de fond des consignes qui doivent inutilement alourdir son système comptable, et pire que tout cela entreposer ces vidanges qui contribuent pratiquement toujours à contaminer la nourriture.... Vraiment je trouve cela moyenâgeux, pire que cela il n'y a que les bacs à composte... (Inside: mon père en a déjà fait en 96 jusqu'à ce que le chien commence à en manger, dégueux)...

Si vous voulez vraiment faire votre part faites comme moi: Je n'ai jamais fait aucun recyclage de ma vie, ni retourné un canette\bouteille non plus... Toute à la même place: vieux pneus, vielle peinture, vieil ordi, veilles batteries...

[Rédigé par : Simon Bonneau]

J'imagine un "police" des poubelles venir ouvrir mes sacs à poubelles chez-moi pour voir s'il y a du papier et de la nourriture dedans.

J'imagine une "police" des poubelles venir me signaler que mon bac brun à nourriture et que mon bac à papier est régulièrement vide et que bien que mes sacs à vidanges n'en continnent pas, ils trouvent cela louche que je ne produise pas assez de matières organiques et qu'il doivent mener une enquête.

C'est quoi ce délire, que se passe t-il ?

[Rédigé par : Gilles Guénette]

«Exemple: récupérer les gaz des dépotoir les bruler et faire de l'électricité, avoir un incinérateur qui génère de l'électricité, faire du méthanol ou du gaz naturel. Bref parmi toutes ses solutions, je ne sais pas pourquoi mais ils choisissent toujours et immanquablement celle qui va emmerder les individus.»

C'est tellement plus facile d'emmerder les gens que d'emmerder et faire compétition à Hydro-Québec, «not'» monopole public qui a l'exclusivité de la production hydro-électrique ici bas ;-)

[Rédigé par : epsilon]

Parlant de police de poubelle, j'ai déjà pogné un ticket parce que mon recyclage traînais à montréal, le pire c'est que c'était parce que la ville l'avais pas ramassé et moi j'était parti pour le weekend...

[Rédigé par : Marianne]

Mais oui, la police poubelle existe déjà ! Je fais partie d'une association de résidants à Montréal qui a reçu pour une séance d'information une responsable des services de propreté du quartier. La dame nous a expliqué sans rire que les sacs poubelles qui semblaient ne pas correspondre à ce qui est autorisé (présence de verre dans les poubelles ordinaires par exemple) pouvaient être fouillés par un inspecteur à la recheche d'indices permettant d'identifier le délinquant et de lui donner une amende. Elle a même montré des photos des braves inspecteurs éventrant courageusement un sac plastiques à la recherche des preuves. On se serait cru dans CSI ...

Alors, à bon entendeur : quand vous faites un petit écart avec les poubelles, éviter d'y mettre des enveloppes déchirées à votre nom. Elles mèneraient inmanquablement les Sherlock Holmes des services muicipaux jusqu'à votre porte-monnaie.

A propos, moi aussi j'ai failli me prendre un ticket pour mon sac de recyclage qui traînait devant chez moi parce que non ramassé par le camion.

[Rédigé par : Gilles Laplante]

Si la potiche fait passer son règlement, je vais conseiller à toutes mes connaissances de s'acheter un broyeur et je vais même m'offrir à leur installer. La seule façon d'arrêter ces folies, c'est la résistance. Arrêtons de recycler jusqu'à ce qu'elle retire sa proposition.
Si vous ne voulez pas être pris par la police des vidanges, achetez-vous une déchiqueteuse.

[Rédigé par : David Gagnon]

Penn & Teller sur le recyclage:

http://www.antagoniste.net/2007/11/30/recycler-les-bonnes-intentions/

[Rédigé par : Louisl]

Inside juste pour rire,

En 1996 quand les bacs à recyclage sont arrivés dans ville de Québec alors que j'étais en secondaire IV, J'ai tellement ris de ma mère qui commençait à séparer ses vidanges... Bien souvent à l'époque je prenait ses boites céréale/biscuit dans le recyclage et les remplissait de merde de chien...

J'imagine la tête du pauvre bougre au centre de tri...:)

Et depuis je n'ai plus jamais rien recyclé sauf une fois ou deux j'ai lancé mon sac de poubelle dans le bac à recyclage parce qu'il était plus proche (garage sous terrain de condo).

[Rédigé par : Simon Bonneau]

@LouisL,

Le problème est que justement des vraies poubelles se ramassent dans le recyclage. Une commis au centre de tri m'avait déjà racontée avoir trouvé des chiens morts, des oiseaux morts, de couches souillées, des bouteilles encore pleines, de la viande avariée. Les gens jettent n'importe quoi dans les bacs à recyclage.

C'est ce qui arrive quand l'état se substitue au marché et impose des comportements artificiels par la force.

La seule chose qui vaut la peine d'être recyclé en ce moment ce sont les métaux et vous n'avez pas besoin de payer un collecteur pour venir ramasser vos métaux. Des ferrailleurs en "pickup" se chargent de patrouiller les rues aux heures de collectes et de ramasser tous les métaux qui traînent et ce sans la coercition étatique.

Si personne ne ramasse votre vieux carton de lait que vous laissez traîner sur le coin de votre entrée c'est que ce n'est pas rentable.

Le jour où le papier sera une denrée rare et rentable, des "ti-counes" en "pickup" feront le tour des rues pour ramasser les boîtes et cartons et papiers qui traînent.

En attendant, si ce n'est pas rentable au privé, ce ne l'est pas au public non-plus et le scandale provient du fait qu'un fois la collecte sélective passée, vos cartons que vous vous êtes donné la peine de nettoyer et trier se ramassent souvent dans le même dépotoir que vos déchets "normaux" faut de pouvoir écouler les stocks.

Les compagnies de pâtes et papiers, les grands centres de distribution etc. récupèrent tous leurs vieux cartons dans des "bayleuses" et les attachent avec des rubans métalliques et les entreposent car personne ne veut les acheter.

C'est de la folie que d'obliger le recyclage par la force. Déjà dans les pays scandinaves, on ne trie pas les déchets, ils sont brûlés pour en faire de l'électricité et les gaz d'échappement sont filtrés pour ne laisser que du CO2 et du H2O propre. On pourrait faire la même chose au Québec plutôt que d'embêter tout le monde.