par Martin Masse
Le chroniqueur politique Vincent Marissal écrit ce matin dans La Presse:
La ministre des Transports, Julie Boulet, a annoncé cette semaine des mesures plus sévères contre l'alcool au volant. Très bien, mais fallait-il pousser l'opportunisme politique jusqu'à récupérer aussi le car surfing?
À moins qu'il ne s'agisse d'une autre manifestation de légiférite aiguë, maladie contagieuse qui consiste à tout réglementer au Québec.
Le gouvernement veut interdire le car surfing. Ah bon, c'était permis, avant?
Il doit bien y avoir des mesures dans le Code de la sécurité routière, sinon dans le Code criminel, qui couvrent déjà ce genre de divertissement, non? Fallait-il absolument que le gouvernement intervienne?
Et le ski-bottine, c'est illégal aussi, Mme la ministre?
Dans une société libre et gouvernée de manière rationelle, la loi ne vise qu'à protéger les individus et leur propriété contre des agressions en établissant des règles de conduite immuables, simples et comprises par tous. Les problèmes qui surgissent continuellement dans la vie de tous les jours sont réglés par les citoyens eux-mêmes, soit de manière individuelle, soit en s'organisant dans un réseau d'institutions civiles pour y faire face lorsqu'une action collective est nécessaire.
Puisque tout le monde attend que le gouvernement intervienne, on ne se pose plus la question de savoir si l'intervention de l'État est nécessaire ou non. La seule question qui se pose est de savoir si et quand le gouvernement interviendra. Dans ce contexte, les interventions législatives, même inutile comme celle-ci, visent justement à démontrer que le gouvernement fait quelque chose, et fait donc le travail qu'on attend de lui lorsqu'un problème quelconque est identifié. Il mérite donc d'être réélu.
M. Marissal devrait comprendre que nos médias complaisants sont en grande partie responsables de cet état de fait en relayant constamment la perspective interventionniste et infantilisante qui domine depuis des décennies au sein des élites québécoises. Ils ont accordé une attention démesurée à ce faux problème impliquant quelques jeunes écervelés. Et dans les commentaires, chroniques et éditoriaux de La Presse comme de la presque totalité des médias, la perspective par défaut est toujours celle-ci: il y a un problème x ou y dans notre société; c'est inacceptable; il faut tenir un grand débat de société; que va faire le gouvernement pour régler le problème?
Eh bien, le gouvernement va adopter une autre loi. M. Marissal considère que la portion de la loi qui vise à accroître la répression contre l'alcool au volant est, elle, justifiée. On pourrait en fait lui appliquer la même critique. Tout est une question de degré. Au lieu de contester la logique même de la légiférite aiguë, le chroniqueur réagit quand il trouve qu'on exagère un peu.
Le Québec continuera toutefois de souffrir de la légiférite aiguë tant qu'on ne cherchera pas d'abord à se guérir de cette maladie chronique qui consiste à se tourner vers le gouvernemaman chaque fois qu'on observe une imperfection quelconque dans nos vies.
@Martin Masse
C'est tout de même raffraîchissant de voir même un béni-oui-oui comme Vincent Marissal trouver qu'on va un peu loin.
Rédigé par : Pierre-Yves | 03 décembre 2009 à 10h39
Quand le gouvernement ne peut plus agir dans le domaine de ses compétences régaliennes, ils s'occupent de plus en plus de notre vie privée, de nos actions individuelles, de nos croyances.
Rédigé par : Françoise D. | 03 décembre 2009 à 12h38
De faire une action qui va justement contre la sécurité des autres, va contre la philosophie libertarienne.
Le code criminel est justement pour cela!
Rédigé par : Mathieu NV | 03 décembre 2009 à 16h25
Sujet de conversation pour animer une soirée morne : lorsque le sujet du car surfing, de l'utilisation de drogues dures ou encore même du tatouage fait surface, demandez à vos interlocuteurs s'ils reconnaissent aux gens le droit de se faire du mal. Conversation animée garantie.
Rédigé par : David Lacerte | 10 janvier 2010 à 22h29