par Emmanuel Nativel*
Internet est, comme d'aucuns ne peuvent désormais l'ignorer, un réseau d'échange d'information mondialisé. Il s'agit en fait de la combinaison d'un ordinateur personnel avec une connexion lui permettant de contacter un autre ordinateur, soit directement, soit par l'intermédiaire d'un serveur informatique, lui-même connecté à d'autres serveurs spécialisés.
En d'autres termes: Internet est un système. Plus précisément, il s'agit d'une «société» dans la définition classique du terme, c'est-à-dire un groupement humain en situation de vie commune dans un «espace partagé». Chaque ordinateur équivaut à un individu. Nous sommes donc en présence d'un système basé sur l'individualité. Même dans le cas d'un partage de machines, l'acteur reste toujours individuel, où qu'il se trouve sur Internet.
Il s'agit d'un système d'échange d'informations. Étant donné le prix infinitésimal du stockage de données et de possibilité de copies sans altérations, nous sommes en fait en présence d'un système de distribution et de récolte d'information en plus du simple système d'échange.
La liberté y est maximale. La «propriété» y est garantie par le stockage de données sur un serveur. Le client est effectivement propriétaire de son site Internet ou de tous les espaces qu'il aura ouverts à son nom ou sous un pseudonyme(1).
Le «principe de non-agression» y est respecté alors que, technologiquement, il serait possible de faire plus de dégât sur Internet que dans le monde «matériel». En effet, la sécurité informatique y est assurée par des entreprises ou par la vigilance des utilisateurs. L'État est totalement absent de la prévention et de la répression informatique (modération de forums, administration système, etc.).
Génération spontanée
Bien que de grandes entreprises comme Microsoft, IBM, Apple et aujourd'hui Google, soient à l'origine de l'Internet moderne, elles n'ont fait que concevoir des outils.
Aucune d'entre elle n'a «construit» l'utilisateur. Il était absolument impossible de prévoir à quoi ressemblerait le réseau en cas de succès, étant donné que le succès d'Internet était lui-même imprévu. C'est la première fois, dans l'Histoire, que nous assistons à la «naissance» d'une société à l'état de nature, presque sans interventions constructivistes extérieures.
Or, à l'état de nature, le système ne ressemble pas du tout à une anarchie Hobbesienne, alors que ce serait technologiquement possible, puisque l'utilisation de n'importe quel «programme hostile» est en fait relativement aisée.
Il est vrai que l'agression physique est une impossibilité sur Internet, seule la destruction de propriété est possible. Cela dit, les «meilleurs» virus sont effectivement capables de détruire complètement un ordinateur, ce qui reviendrait presque à une forme d’«agression» de l'utilisateur sur le réseau. Néanmoins, ces cas ne sont pas très fréquents et une panoplie particulièrement importante de solutions privées de sécurité informatique existe pour parer au problème.
Le fait est qu'Internet aurait pu ressembler à n'importe quoi, mais que la configuration finale ne doit, finalement, rien au hasard. Internet a d'ailleurs eu en France un concurrent, s'appuyant sur la centralisation et dirigé par l'État: le Minitel qui, pourtant né au même moment, a échoué.
L'absence de nations
Internet est né de l'ARPANET, réseau américain financé par la DARPA, un organisme étatique de recherche militaire. Il servait à l'origine à connecter les différents réseaux des universités et des bases militaires dans le but de conserver un flux d'informations, même en cas de guerre nucléaire.
Le réseau fut finalement libéralisé(2) et de nombreuses révolutions simultanées ont conduit à sa popularisation: la naissance de la micro-informatique individuelle, du système d'exploitation et du satellite. Suite à cela, les entreprises furent les premières à s'équiper – le gain de productivité au travail étant un argument très largement suffisant. Le prix diminuant, les travailleurs ont importé l'ordinateur chez eux, suivis par plusieurs autres tranches de la population.
L'ordinateur aujourd'hui, vit au travers d'Internet. L'évolution de l'informatique est telle qu'il n'existe aucun précédent dans l'histoire humaine d'une évolution technologique aussi rapide. Il s'agit aussi de la seule technologie dont la loi ne se préoccupe que très peu. Elle n'est limitée par presque rien, sauf par le talent et l'imagination des entrepreneurs. La liberté engendre les révolutions informatiques.
Alors qu'il est désormais de notoriété publique qu'une information est aussi vitale à une entreprise que n'importe quelle autre propriété et que le crime existe sur Internet, aucune nation n'a envisagé de proposer des services de sécurité antivirale, de protections des réseaux et de sécurité informatique. L'État est totalement absent de la sécurité informatique et l'utilisateur ne s'adresse pas à lui s'il vient à avoir un problème, alors qu'il est question d'une de ses fonctions dites régaliennes, puisqu'on touche là à la sécurité...
Conclusion
Internet est un exemple de ce à quoi ressemblerait un monde renvoyé à l'état de nature. Il permet l'échange entre plusieurs acteurs internationaux à une grande vitesse. Le Québécois Libre est un exemple marquant. Il touche toute la sphère francophone et même une partie du monde anglophone, ce qui aurait été impossible sans Internet. Les idées se transmettent désormais partout, rapidement et sans entraves.
Mais, la question que tout cela soulève est: que se passera-t-il lorsque la seconde grande application de l'informatique, la robotique, rencontrera Internet à son tour? À quoi ressemblera un monde où le travail n'aura ni frontières ni limites et où un individu pourra faire le travail d'une centaine aujourd'hui; diriger des usines entières et produire des centaines de milliers de produits, presque à lui seul, depuis chez lui, avec une usine à l'autre bout du monde? Un monde où conduire un taxi, diriger des armées, cultiver des champs seront des choses réalisables sur un ordinateur de bureau?
Il est vrai qu'il n'est pas possible de prévoir l'avenir, mais le présent suffit: Internet n'est-il pas, finalement, la première expérience réussie d'un monde sans État? Aura-t-on encore besoin d'un État lorsque, un jour, le monde matériel lui-même se retrouvera intégré à Internet, grâce à la robotique ?
Notes
*L'auteur vit à Paris.
1. Il est à noter que l'identité de l'utilisateur n'a strictement aucun intérêt pour le fonctionnement du système. Ce qui confirme le caractère «inutile» d'une identification systématique des citoyens «pour simplifier les choses». La seule fois où l’on a entendu parler d'une identification de «l'utilisateur» ce ne fut que très récemment, lors d'un débat sur le «téléchargement illégal».
2. Plutôt que «libéralisation», au sens strict, je pense plutôt ici à une «reprise de concept».
Je comprend où vous voulez en venir, mais sur Internet, on a encore recours à la justice étatique pour régler les conflits important et à la police étatique pour arrêter les pirates.
Rédigé par : Maxime | 17 décembre 2009 à 11h03
Les états savent très bien qu'il faut contrôler internet car c'est un réseau qui permet de s'informer, de se communiquer, de transférer des données et de transiger et de souvent faire ces actions quasiment en même temps et dire qu'ils peuvent même avoir leur effet politique comme cela s'est passé en Iran au cours des derniers mois.
Donc, autant dire que je suis certain que personne il y a 20 ans allait croire à cette révolution qui est maintenant partout sur la planète.
J'ai déjà fait le test et le Québécois Libre est bloqué en Chine Populaire.
Les idées libertariennes doivent être probablement contre-révolutionnaires...
Rédigé par : Mathieu NV | 17 décembre 2009 à 15h02
Les Étatistes ne peuvent pas supporter l'idée de ne pas contrôler.
http://www.pcinpact.com/actu/news/54596-jacques-myard-internet-pourri-nationnaliser.htm
Rédigé par : Bobjack | 17 décembre 2009 à 19h27
@Bobjack:
Si je résume la pensée des protagonistes élus et dans le parti actuellement au pouvoir, si la Chine, Cuba ou la Corée du Nord contrôle et s'approprie Internet, pourquoi pas nous aussi?
Gros bravo à nos autoritaires démocrates...
Rédigé par : Mathieu | 17 décembre 2009 à 22h44
L'autre jour, je cherchais des infomrations sur le film Lucky Luck, et j'ai réalisé que le 'délit de visionnement' (cela ressemble au 'thought criminel' ou criminel de la pensée), existait probablement en France.
Un extrait:
"Ceci est un message de la brigade des delits portant atteinte au droit d'auteur de la gendarmerie nationale. Nous avons relevez vos adresse e-mail pour acceder a votre identité via votre fournisseur internet vous allez donc etre sanctionné pour ce delit sachez que vous risquez jusqu'a 25 ans de prison ferme. Les utilisateurs listé ci-dessus recevront un mail et un recommander suivit d'une perquisition a leur domicile .
Gendarmerie National De Paris 16eme
R.Poulard Merci"
Lien:
http://www.scoupeo.com/STREAMING-LEGAL/STREAMING-LUCKY-LUKE-DUJARDIN-REGARDER-LUCKY-LUKE-JEAN-DUJARDIN-EN-STREAMING-GRATUIT
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Loi HADOPI:
Le terme HADOPI (Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet) peut faire référence à plusieurs lois ou à une institution :
La loi Hadopi ou loi Création et Internet[Note 1], ou plus formellement : « Loi n°2009-669 du 12 juin 2009 favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet », est une loi française qui sanctionne le partage de fichiers en pair à pair lorsque ce partage constitue une infraction au droit d'auteur. La récidive est punie de manière croissante et le législateur parle de « riposte graduée ». Cette loi crée une « Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet » (Hadopi), organisme indépendant français de régulation qui sera constituée au plus tard le 1er novembre 2009 (article 19 de la loi).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Cr%C3%A9ation_et_Internet
***
Je n'ai pas cherché à savoir si le 'délit de visionnement' était défini dans cette loi, car, de toute façon, je sais que ce genre de loi est de plus en plus la norme en Europe 'démocratique'. Certains pays -dont la France- veulent créer le délit «violence psychologique au sein du couple» et propose de suivre les accusés, par gps...
ÔÒ
Extrait d'un édito de -la succulente- Natacha Polony sur le sujet:
"Diable ! L’inquisition moderne entend donc extirper le péché tapi au tréfond des âmes et à l’abri des pavillons de banlieue. Entendons-nous bien. Il ne s’agit pas de nier que les femmes sont plus souvent que les hommes l’objet de violences physiques ; qu’elles sont l’objet de violences spécifiques, viols et agressions sexuelles. Il s’agit simplement de rappeler que ces violences ne sont pas le fait de tous les hommes, et que les femmes ne sont pas toutes de blanches colombes. La violence s’exprime de façon différente chez les individus, suivant les méandres de la psychologie et du conditionnement. Mais jusqu’à nouvel ordre, seule la violence physique, la seule objectivement constatable, tombait sous le coup de la loi. A une exception notable toutefois, ce fameux délit de harcèlement sexuel ou moral que la gauche jospinienne avait introduit dans le droit du travail."
http://blog.lefigaro.fr/education/2009/11/de-la-violence-psychologique-de-la-fessee-et-des-droits-de-lhomme.html
Rédigé par : Sébas | 18 décembre 2009 à 13h38
@ Emmanuel Nativel:
Merci pour ce très bon texte.
Concernant ce passage:
"Il est vrai qu'il n'est pas possible de prévoir l'avenir, mais le présent suffit: Internet n'est-il pas, finalement, la première expérience réussie d'un monde sans État?"
*
Le 'hic', c'est que TOUS les appareils répressifs des états contrôlent internet et/ou amassent une quantité incroyable d'informations sur chacun d'entre nous. Tous les dictateurs de ce monde auraient rêvé d'avoir accès à ce genre d'infos...
Si -ou plutôt lorsque- la gouvernance mondiale sera une réalité visible pour tous et lorsqu'elle aura un impact direct et quotidien dans nos vies, nous (tous ceux qui 'pensent'), seront tous cuits comme des 'tits' poulets BBQ.
Pour éviter tout cela, il aurait fallu que tout soit crypté et pas décryptable par quiconque... sauf par ceux à qui les informations étaient destinés...
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"Nous sommes des conquis contents."
Georges Dor (1931-2001), chanteur et écrivain québécois
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"Supposons que tout ce que vous savez n'est pas seulement faux, mais qu'il s'agit de mensonges soigneusement rédigés. Supposons que votre esprit est remplit de fausses croyances - sur vous même, sur l'histoire, sur le monde qui vous entoure - implantées là par des forces puissantes, de façon à vous leurrer dans la complaisance. Votre liberté est par conséquent une illusion. Vous êtes en fait un pion dans ce complot, et votre rôle est celui d'un crédule qui doit prendre son rang, si vous faites parti des chanceux."
Charles Paul Freund, auteur et chroniqueur, dans un article intitulé If History Is a Lie: America's Resort to Conspiracy Thinking, paru dans le Washington Post le 19 janvier 1992
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"Il y une chose pire encore que l'infâmie des chaînes, c'est de ne plus en sentir le poids."
Gérard Bauër (1888-1967), écrivain Français
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"Nous aurons un gouvernement mondial, que nous le voulions ou non. La seule question est à savoir si le Gouvernement Mondial sera instauré par l'adhésion, ou par la conquête."
James Paul Warburg (1896-1969), officier de l'OSS et membre du CFR, le 7 février 1950, devant le Sénat des États-Unis.
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"Pour obtenir le contrôle total, deux ingrédients sont essentiels : une banque centrale, et un impôt progressif, pour que les gens ne s'en rendent pas compte."
Karl Marx (1818-1883)
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"Le monde est gouverné par des personnages très différents de ce qui est imaginé par ceux qui ne sont pas derrière le rideau."
Benjamin Disraeli (1804-1881), Premier Ministre Britannique de 1874 à 1880
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"La possession privée de terrains contribue à l'injustice sociale… Le contrôle public de l'utilisation des terrains est par conséquent indispensable."
Rapport de la conférence "Habitat 1" des Nations Unies, 1976
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"Répétez un mensonge assez fort et assez longtemps et les gens le croieront."
"Le terrorisme est la meilleure arme politique, puisque rien ne fait réagir davantage les gens que la peur d'une mort soudaine."
Adolf Hitler (1889-1945)
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"Le meilleur argument contre la démocratie est une conversation de cinq minutes avec l'électeur moyen."
Winston Churchill (1874-1965), Premier Ministre de la Grande-Bretagne de 1940 à 1945 et de 1951 à 1955
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"Il est défendable que le succès de l'industrie de la propagande à nous persuader, depuis si longtemps, que nous sommes libres de toute propagande, est l'une des réussites propagandistes les plus significatives du 20e siècle."
Alex Carey, Auteur de "Taking The Risk Out Of Democracy"
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"Nous sommes devenus un des moins bien dirigé, un des plus entièrement contrôlé et dominé des Gouvernements du monde, non plus un gouvernement de libre opinion, non plus un gouvernement par conviction et vote de la majorité, mais un gouvernement par l'opinion et la coercition d'un petit groupe d'hommes dominants."
Woodrow Wilson (1856-1924), 28e président américain
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"Chaque enfant est le nôtre."
Devise de l'UNICEF (United Nations Children's Fund)
***
Etc
Rédigé par : Sébas | 18 décembre 2009 à 14h31
Je trouvais intéressant un point que Stefan Molyneux mentionnait dans l'un de ses vidéos sur le sujet du pourquoi l'État n'intervient que très peu dans le secteur des TI
Les politiciens sont très conscients de ce qui arrive quand ils interviennent dans un secteur de l'économie; celui-ci s'implose sur lui-même quelques années plus tard. Agriculture, santé, éducation, etc. les examples sont nombreux.
La grosseur actuelle du gouvernement ainsi que sa relative "efficacité" à nous faire suer est due en partie aux TI elles-mêmes. Imaginez-vous l'ARC sans ordinateur et retour à la paperasse! (en fait, pour nous vaches à taxes, ce serait très bénéfique mais on parle ici de la survie de l'État)
Voila :)
Rédigé par : FrancisD | 29 décembre 2009 à 12h45
FrancisD:
Ah ben batince, je demande alors à l'état d'encadrer ce domaine comme jamais auparavant. ;-)
Sérieux, l'état n'intervient peut-être peu concernant les lois qui pourraient régir internet (pour l'instant du moins)...
Par contre, ne subventionne-t-il beaucoup ce secteur (au Québec en tout cas) et ses politiques d'achats n'influencent-elles pas ce secteur ?
Rédigé par : Sébas | 29 décembre 2009 à 21h00
"ne subventionne-t-il PAS"
De toute façon, les ordinateurs et la plupart de logiciels ne sont pas fabriqués ici... et c'est ce qui fait -à mon avis- que ce secteur n'est pas 'étouffé', comme ceux que vous avez mentionné(i.e. Agriculture, santé, éducation).
Rédigé par : Sébas | 29 décembre 2009 à 21h04
@Sébas
Je n'ai pas de chiffres concernant les subventions aux entreprises de TI au Québec, par contre, la seule chose de vraiment "marché libre" que ces traités de libre-échange nous aient apporté sont les absences de tarifs à l'import/export sur le matériel de TI.
Malgré les services TI offerts par des compagnies subventionnées (CGI, IBM, etc.), grâce à la nature même de l'internet il est facile pour un étranger de venir compétitionner.
Rédigé par : FrancisD | 31 décembre 2009 à 10h34