Le professeur Robert Leroux, professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa, vient de publier en France la première monographie en langue française consacrée à Ludwig von Mises et à son oeuvre. Il s'agit d'un petit livre de 106 pages publié chez Ellipses Marketing que l'on peut se procurer sur Amazon.fr. Une lecture idéale pour le lecteur francophone débutant qui souhaite en savoir plus sur le principal penseur de l'École autrichienne.
M. Leroux avait il y a deux ans produit un essai sur Frédéric Bastiat, dont le QL avait publié un extrait.
Nous reproduisait ci-dessous l'introduction de ce nouvel ouvrage.
**********
Ludwig von Mises. Vie, oeuvres, concepts
Introduction
Il est assez étonnant de constater au premier abord que la plupart des écrits de Ludwig von Mises n'ont pas encore été traduits en langue française, et que plusieurs de ceux qui l'ont été sont depuis longtemps épuisés(1). Ainsi son premier grand livre en 1912 sur la théorie de la monnaie et du crédit, en dépit des vues nouvelles qu'il apporte, demeure superbement méconnu du public français. Mais l'étonnement s'accroît si l'on considère que son magnum opus, Human Action, dont la version originale a été publiée en langue anglaise en 1949, ne fut l'objet d'une traduction française qu'en 1985. Cet ouvrage, qui synthétise un ambitieux programme théorique et qui rappelle par le fait même l'actualité des thèses de l'école autrichienne, aurait pourtant mérité un accueil plus chaleureux. Du reste, Pascal Salin faisait remarquer en 1983 que les travaux de Ludwig von Mises étaient «mal connus en France»(2).
Les raisons de cette indifférence tiennent peut-être à l'architecture même de l'oeuvre. Il faut dire que la pensée de Mises, même si elle est écrite dans une prose relativement simple, est d'une grande complexité, au point où elle paraît parfois sinueuse et abstraite. Hayek disait du reste que les arguments de Mises n'étaient pas toujours faciles à saisir.
Non conformiste, il arrive parfois à Mises d'être ironique, et, à l'occasion, de provoquer la polémique, dans la mesure où il n'hésite pas à pousser les idées, les siennes et celles des autres, jusqu'à leurs dernières conséquences. Mises n'a rien, il est vrai, d'un chercheur de popularité. À le lire, on voit tout de suite qu'il vit dans la compagnie d'auteurs étrangers à son époque. Quand il combat le socialisme, c'est à Karl Marx qu'il réserve ses attaques les plus féroces; quand il repousse le positivisme, c'est à Auguste Comte qu'il adresse ses reproches les plus sérieux.
La vie de Mises se déroule essentiellement dans un siècle, le XXe, qui a été semble-t-il peu favorable à son dessein et à ses idées. Lui qui chérissait tant la liberté, a été bien malgré lui le témoin privilégié du grossissement exponentiel de la taille de l'État, de la montée du totalitarisme, autant de gauche que de droite; lui qui avait horreur du bruit, du bruit des armes surtout, a dû assister au spectacle de deux grandes guerres.
Sa très longue vie, qui s'étend sur 92 ans, donne l'impression d'éternité. Figure centrale de l'école autrichienne, à la fois au sens chronologique et intellectuel, Mises a pris le relais des mains de Böhm-Bawerk qui, lui, l'avait pris de Carl Menger, pour le donner ensuite à Friedrich A. Hayek puis à Murray N. Rothbard. C'est maintenant aux États-Unis, et non en Autriche où il n'y pas aujourd'hui pour ainsi dire d'économistes autrichiens au sens de Menger et de ses successeurs, que la pensée de Mises trouve le plus d'écho favorable.
La «science de l'action humaine» que Mises a patiemment édifiée au cours de longues années de recherche et de méditation se déploie à travers une vingtaine de livres et plus de deux cents articles, dont il est évidemment impossible de rendre compte dans le cadre du présent travail.
Mises a donc beaucoup écrit. Mais, et cela ne pouvait en être autrement, il s'est aussi beaucoup répété, parfois inlassablement; à travers de nombreux articles et des recueils, dont plusieurs ont été publiés à titre posthume, il se reprend, se corrige, affine son propos. Si l'on veut donc suivre le cheminement de son oeuvre, il faut se tourner vers les textes les plus importants et les plus représentatifs de son programme de recherche. Une telle démarche, il importe de le répéter, ne prétend pas à l'exhaustivité(3).
1. Deux des plus importants livres de Mises, Le Socialisme et L'Action humaine, sont en effet difficiles à trouver. La dernière édition du Socialisme remonte 1952, alors que celle de L'Action humaine date de 1985 ; elle a cependant été rééditée depuis en version abrégée (Les Belles Lettres, 2004). Il faut toutefois signaler l'initiative des Éditions Charles Coquelin qui viennent de rééditer et de traduire quelques ouvrages de Mises : La Bureaucratie (2003), Politique économique (2006), Les problèmes fondamentaux de l'économie politique (2006), Le Libéralisme (2006).
2. P. Salin, «Préface», in Ludwig von Mises, Politique économique : Réflexions pour aujourd'hui et pour demain, Éditions de l'Institut Économique de Paris, Paris, 1983, p. vii.
3. Le lecteur pourra toutefois consulter avec profit l'imposante biographie intellectuelle de plus de 1100 pages que J. G. Hülmann a récemment consacrée à notre auteur (Mises: The Last Knight of Liberalism, Auburn, Ala., Mises Institute, 2007).
Curieusement, je viens juste de constater que Ludwig von Mises ressemble de façon frappante à l'économiste autrichien Marc Faber... Cliquer sur le lien ci-dessous pour voir sa photo. Étonnant, n'est-ce pas?
http://www.chartingstocks.net/wp-content/uploads/2008/11/marc-faber.jpg
Rédigé par : GoldFinch | 10 janvier 2010 à 17h32
J'ai eu l'occasion d'avoir M. Leroux comme professeur.
Autant dire qu'il très intéressant d'avoir un libéral classique dans le monde universitaire (malgré qu'il ont une tendance à se cacher dans les facultés particulièrement dans celles des sciences sociales).
Et dire qu'Hayek est très populaire comme lecture obligatoire chez plusieurs profs. Cela fait de bonnes discussions sur le principe fondamental d'égalité vs. liberté.
Rédigé par : Mathieu NV | 10 janvier 2010 à 21h12
@GoldFinch:
"Curieusement, je viens juste de constater que Ludwig von Mises ressemble de façon frappante à l'économiste autrichien Marc Faber..."
Je ne suis pas sûr de "voir" à quelle ressemblance vous faites allusion, mais il est indéniable qu'on les verrait fort bien tous les deux avec des culottes tyroliennes.
Rédigé par : Pierre-Yves | 10 janvier 2010 à 21h50
C'est très étonnant qu'un sociologue produise des livres et des études sur les économistes autrichiens et sur les promoteurs de la liberté et de la responsabilité fiscale.
En général, les sociologues ne sont que des marxistes finis qui répandent leur propagande haineuse de gauche et de développement durable tout en exigeant plus d'actions du gouvernement et sont âprement anti-marché. Pour la grande majorité des sociologues, l'individu c'est la peste bubonique contre lequel il faut lutter jusqu'à la mort. La plupart des sociologues ne voient le salut que dans le collectivisme, l'étatisme et ils sont maintenant en train de plaider pour des entités supra-étatiques pour imposer leurs volontés aux nations.
Robert Leroux doit être une très rare exception à la règle et il doit se sentir bien seul dans son coin, détesté et pourfendu par ses "collègues" marxistes remplis de haine et de violence verbale.
Rédigé par : Volontariste | 11 janvier 2010 à 08h50
@Volontariste:
Malheureusement, notons que les facultés des sciences sociales sont composés en majorité des types que vous mentionnez (un peu moins cependant dans les sciences pures ou les sciences économiques où il existe quelques libéraux classiques ou des libertariens).
Par contre, plus qu'on a une diversité d'opinions dans nos universités, plus qu'on devient fort. Cependant, à voir que les facultés sont parfois contrôlées par des ex-marxistes qui n'acceptent personne qui ne pense pas comme eux, autant dire que cela est une triste réalité.
Rédigé par : Mathieu NV | 11 janvier 2010 à 11h58
@Mathieu "Nevada" NV,
Et la démarche scientifique et l'objectivité en prennent un coup. Si même dans les université on ne peut pas avoir un échange libre d'idées et une discution sérieuse sur les idées, si les divers professeurs se livrent une lutte politique et cherchent à imposer leurs valeurs à leus élèves alors il n'y a pas d'espoir pour le commun des mortels.
J'écoute parfois le canal "savoir" en "zappant" les chaînes télés lorsqu'il n'y a rien de bon et j'y trouve plus d'ignorance et de partisannerie que de savoir. Le canal "savoir" est une horreur intellectuelle.
Le canal "savoir" qui est une coalition télévisuelle des diverses universités du Québec devrait s'appeler le canal ignorance, non plutôt le canal dégénérescence ou encore le canal marxiste.
Les diverses intervenants parlent avec autorité comme si il était impossible de remettre en question leurs dogmes étatiques. Pour eux la fin du monde approche et il faut refroidir la planète avec une coallition mondiale supra-étatique, il faut abolir la souveraineté des états et soumettre toutes les nations à la lutte contre le réchauffement et il faut imposer un système de "justice" sociale mondial. Pour eux, "justice" sociale veut dire prendre avec violence aux uns pour redonner aux autres moins la part qui revient au gouvernement bien sûr. Pour eux "justice" sociale veut dire punir les productifs en les taxant et les emprisonnant.
Ces gens sont terrifiants et sinistres et ils n'ont aucun concept de liberté individuelle ni de propriété privée. Ils désirent une dictature marxiste mondiale qui concentrerait tous les pouvoirs dans une seule entité supra-nationale, rien de moins. Ils s'inspirent sûrement du livre 1984 de George Orwell ou Soleil Vert pour développer leurs politiques.
Pourtant, ça se dit universitaire et ça ne fait pas la différence entre l'offre et la demande et ils ne savent pas ce que c'est que le capitalisme. Ils croient que la capitalisme c'est un complot des méchantes grosses compagnies pour voler le peuple.
Comment des hippies retardés mental ont-ils fait pour devenir des conférenciers universitaires encravatés surpayés et surestimés ? Comment font-ils pour prétendre être des pacifistes anti-guerre alors qu'ils se proposent d'utiliser la puissance millitaire de l'armée et de la police pour obliger les gens à payer leurs taxes et à obéir à leurs diktats ? Ce sont des brutes avides de pouvoir et qui aiment la violence.
Comment peuvent-ils avoir la conscience tranquille alors qu'ils millitent et complotent pour appauvrir et rendre esclave la population du monde ?
Et les questions posées par les "étudiants" me laissent perplexes. Personne ne conteste l'étatisme et l'interventionnisme et leurs questions porte plus sur le comment que le pourquoi de telles interventions.
Le canal "savoir" me fait vomir. L'éducation devrait être privatisée au Québec. On devrait abolir les taxes scolaires et les commissions scolaires et les dépenses scolaires au Québec.
Toute instruction devrait être privée et suivre les règles du libre marché.
Ces pleutres qui se disent universitaires ne savent pas que seul le libre marché capitaliste peut créer de la richesse et que toute intervention étatique, surtout supra-étatique, ne peut que détruire le capital déjà accumulé.
Au nom de la justice sociale il vont appauvrir et affaiblir le monde au moment où on aura justement besoin de ce capital pour faire face aux défis à venir.
J'en conclus que tout ce qu'ils veulent c'est contrôler la planète et non pas sauver la planète. Ils insistent pour centraliser et coordonner le contrôle. Ce qu'ils veulent c'est le contrôle, l'environnement et la prospérité ils s'en fichent.
Rédigé par : Volontariste | 11 janvier 2010 à 12h49
Si les éditions imprimées sont difficiles à trouver (notamment en français), le site d'Hervé de Quengo héberge quelques textes intégraux parmi les plus importants:
Le Socialisme, Le Libéralisme, Le Gouvernement Omnipotent, L'Action Humaine, et bien d'autres.
La page dédiée à Mises est là: http://herve.dequengo.free.fr/Mises/Mises.htm
Rédigé par : Franck | 12 janvier 2010 à 09h12