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01 février 2010

Commentaires

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Daniel

Voici une vidéo contenant une présentation du livre avec une entrevue de l'auteur

http://www.leblogueduql.org/2010/02/livre-nouveau-voyage-au-centre-de-la-terre.html#more

Je retiens ceci :

"On est dans une civilisation qui se détache de la science. Nous avons de moins en moins d'étudiants qui s'inscrivent à l'université dans des cursus scientifiques. Mon inquiétude c'est si jamais les hypothèses qu'a fait le GIEC s'avèrent fausses et c'est possible, quelle sera la conclusion de l'homme de la rue, de la femme de la rue? Ils diront pendant 20 ans des scientifiques de haut niveau ce sont trompés. Donc je crains que le plus mauvais service que nous ait rendu cette trop grande sureté qui est presqu'une forme d'arrogance des conclusions de GIEC ça soit un terrible retour de bâton anti science".

Daniel

Désolé, j'ai fait une erreur sur le lien.

Voici le bon :

http://www.dailymotion.com/video/xbd39u_vincent-courtillot-et-le-rechauffem_tech

Pierre-Yves

@Daniel:

"On est dans une civilisation qui se détache de la science."

C'est trop général comme hypothèse; en fait, une partie de notre civilisation se détache de la science en effet, alors que l'autre continue de s'y spécialiser.

Et c'est bien le problème: la spécialisation. On constate aussi que le cerveau de l'homo-sapiens diminue régulièrement de volume depuis des millénaires, ce que d'aucuns attribuent justement à cette spécialisation.

Jadis, un individu lambda ne devait pas seulement maitriser son tuyau, par exemple la comptabilité ou l'agriculture; il devait aussi être cordonnier, vétérinaire, chasseur, diplomate, philosophe, psychologue, maçon, etc. toutes activités qui demandent un effort intellectuel non négligeable et une base de connaissance importante; il devait souvent pouvoir travailler dans plusieurs langues ou dialectes, pour peu que son métier implique une certaine mobilité géographique (commerce par exemple, mes simples paysans d'arrière-grands parents parlaient couramment trois langues au minimum, ils n'avaient pas le choix); aujourd'hui, il possède peut-être une accréditation comptable réputée ou un PhD en agronomie, mais on sera chanceux s'il sait encore planter un clou. Il est plus 'pointu', mais beaucoup moins polyvalent.

Et cette spécialisation devient poussée à l'extrême: il n'est pas rare aujourd'hui de renconter des gens très éduqués dans un domaine donné, par exemple la médecine ou le droit, et qui n'on absolument aucune notion des lois fondamentales d'autres domaines clefs comme la physique ou l'économie.

Il n'y a plus d'intégration des savoirs, par conséquent de moins en moins de recoupement possibles entre concepts, l'expérience factuelle, et principe épistémologiques éprouvés; conséquemment, l'esprit critique devient très difficile à exercer.

C'est ce cette façon que je comprends la proposition de Courtillot; et il n'est pas besoin d'aller très loin pour vérifier à quel point c'est vrai, et à quel point c'est grave: prenez le Keynésianisme par exemple; si vous avez de solides notions de physique et/ou de comptabilité (les deux disciplines sont plus proches que l'on pense), vous ne pouvez en aucune manière avaler une telle absurdité, c'est aussi crétin que la théorie médiévale du mouvement perpétuel - que de multiples esprits en principe brillants se sont pourtant escrimés à démontrer pendant des lustres, sans succès évidemment. Il a fallu attendre les travaux de Carnot pour que le monde commence à piger pourquoi ça ne pouvait pas fonctionner, et Einstein pour finir d'enfoncer le clou.

Pourtant, on trouve chez nos soi-disant 'élites' quantités de gens qui croient aux théories de Keynes, et pas seulement parce que ça les arrange, mais aussi parce qu'ils sont incapables de 'visualiser' l'impossibilité de la chose - entre autres, parce qu'il n'ont jamais réfléchi à la problématique du mouvement perpétuel, ou de nombreux autres paradoxes dont la compréhension réclame un minimum de culture scientifique.

Daniel

@Pierre-Yves

La citation entre guillemets n'est pas de moi, elle est de Vincent Courtillot. Je l'ai prise dans la vidéo dont je donne le lien dans mon deuxième message.

"On constate aussi que le cerveau de l'homo-sapiens diminue régulièrement de volume depuis des millénaires,

Ça m'intéresse. Est-ce que je peux avoir une source la-dessus?

"... ce que d'aucuns attribuent justement à cette spécialisation."

Cette hypothèse est à mon avis douteuse et difficille à prouver. À vous lire on dirait que vous dites que les gens deviennent de plus en plus cons parce que la spécialisation fait en sorte qu'ils sont moins stimuler intellectuellement. Pourtant on observe une augmentation du QI moyen depuis 100 ans dans les pays industrialisés. Ça s'appelle l'effet Flynn

http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Flynn

Ceux qui en cherchent les causes évoquent parfois (comme Francis Heylighen) la complexité de la société moderne, plus stimulante et qui favorise le développement intellectuel. Mais bon je sais qu'intelligence, volume du cerveau et QI c'est pas tout à fait la même chose.

Pierre-Yves

@Daniel

Voici quelques références là-dessus:

http://www.sciencedaily.com/releases/2005/06/050611153907.htm

http://www.kake.com/offbeatnews/headlines?guid=225c22639752de3e88cf153f1c8002f3

http://www.ufodigest.com/news/0508/shrinking.html

"Most people don't know this but the human brain has shrunk dramatically through the millennia of the history of mankind. Scientists are in some disagreement as to whether this shrinkage started thirty thousand years ago, or ten thousand years ago, but they agree that the brain has shrunk by 8-10%. The brain has in fact been shrinking for the past 100,000 years albeit at a slower rate."

Spécialisation n'implique pas nécessairement intelligence moindre: on peut être champion aux échecs et totalement inepte dans d'autres compartiments de l'existence. Je pense que cette recherche est surtout à relier au fait que l'intelligence est un phénomène encore très mal compris.

Mais il me semble clair que dans un environnement ou les individus ont de moins en moins de choix importants à faire, se reposant plutôt pour celà sur une classe politique supposée les faire pour eux, la spécialisation devient un avantage évolutif. Et les individus à l'intelligence polyvalente, un danger pour l'establishment.

Bobjack

Pierre-Yves, vos deux précédents commentaires sont incroyablement bien formulé et plein de bon sens.

Un préjugé veut qu'il y a ait deux classes d'individus : Les brillants, les cons. "L'élite" à toutes les bonnes réponses. Mais en réalité, un groupe homogène de QI "plus élevé" résous moins bien un problème qu'un groupe hétérogène de QI "moins élevé".

Anecdote :

En tant que programmeur, il m'est venu l'idée d'étudier les algorithmes heuristiques. Celui qui m'intéressait particulièrement était celui du livreur de courrier (connu sous le nom de voyageur de commerce aussi). En gros j'ai un point de service et une ville avec 25 destination pour 25 packets à livrer.

La question : Quel est le chemin le plus cours, en partant du point de service, pour livrer les 25 colis et revenir à au point de service ?

La solution ultime qui donne la réponse absolue a ce problème serait de calculer toutes les combinaisons possible, soit 25! (15 511 210 043 330 985 984 000 000) possibilités. Même en faisant 1 milliards d'essai par seconde il faudrait l'éternité et quart pour le faire.

Donc, on ne pourra jamais avoir la solution absolue, on devra se contenter d'une solution approchée dans un délai raisonnable.

L'une d'entre elle est de créer une simulation génétique numérique, on génère des combinaisons au hasard et on retient les meilleures à chaques générations en recombinant les meilleurs réponses, en faisant muter des solutions au hasard, en ajouter d'autre combinaison aléatoire (pour éviter une convergence trop rapide, un peu comme un groupe de bien pensant).

Quel est le rapport dans tout ça avec un blog libertarien ?

En regardant cela j'ai compris que c'était une autre représentation du capitalisme. Aucune solution absolue n'existe, la vie est trop complexe et les possibilités sont infinies comme l'univers, elle sera toujours une solution approchée et toutes règles strictes et inflexibles amènera indubitablement vers un déséquilibre et empêchera celui-ci de se corriger de lui-même. La liberté de choix permet d'éjecter les mauvaises solutions et de redistribuer la ressource là ou elle est la plus productive pour l'humanité.

Maintenant la conclusion que j'en tire :

La vie est trop complexe pour avoir des algorithmes permettant de trouver une réponse absolue, partant de ce principe personne ne peut prétendre avoir la solution absolue (économique, sociale etc ...).

Jonathan Dumas

@Pierre-Yves,

''(...) conséquemment, l'esprit critique devient très difficile à exercer.''

Et comment! Quand même les plus perspicaces d'entre nous se réfèrent à ufodigest.com dans un argument scientifique, ou confondent l'atrophie du cerveau en fin de vie chez l'individu avec la baisse du volume du cerveau pour l'espèce, c'est que les temps sont durs pour l'esprit critique!

Excusez-moi pour la critique, justement, mais mettez-vous à la place du lecteur; c'est très tentant de relever ce genre d'incohérence. Et plus le discours est assertif, manichéen et respire l'assurance de celui qui donne la leçon, plus les raccourcis, généralisations et autres fautes d'argumentation sautent aux yeux et heurtent le bon sens. Ainsi, à propos de la spécialisation, de ses effets négatifs et de l'ampleur de ceux-ci, je crois que le tableau est beaucoup plus complexe que celui que vous avez esquissé, pour dire le moins. Tiens, je pourrais commencer mon commentaire ainsi:

"Et c'est bien le problème: la spécialisation."

Jonathan Dumas

Tiens, je pourrais commencer mon commentaire ainsi:

"Et c'est bien le problème: la spécialisation."

C'est trop général comme hypothèse. (...)

Pierre-Yves

@Jonathan Dumas

Écoutez Jonathan, voici tout de même un certain nombre de choses que l’on peut dire :

1. La constatation de la réduction du volume crânien moyen sur les deux derniers millénaires est un fait établi; qu'il en soit question dans ufodigest, dans The Lancet ou dans Madame Figaro, ça ne dit rien de particulier sinon que le phénomène attire une certaine attention médiatique. Ce n’est pas parce que Le Journal de Montréal parle de Darwin que ça enlève de la crédibilité à la Théorie de l’évolution.

2. Reste maintenant le lien entre ce fait, et deux hypothèses sociologiques que nous tentons de corréler, à savoir le déclin allégué de la culture scientifique d'une part, et l'accroissement de la spécialisation d'autre part.

3. Scientifique de formation (et longtemps de métier) moi-même, je suis bien placé pour savoir que la culture scientifique ne décline pas au sein de la communauté scientifique à proprement parler. Je constate par contre une spécialisation toujours accrue des savoirs.

4. Également gestionnaire, je constate aussi les difficultés organisationnelles résultant de l'invasion de jargons souvent utilisés comme nuages d'encre masquant une certaine médiocrité, apanages de ces savoirs de plus en plus spécialisés, et devenus incapables de communiquer entre eux - alors que la pénurie de formations 'classique' prive les entreprises de capacités de synthèse.

5. Ajouter à cela une fonctionalisation bureaucratique omniprésente et vous obtenez la tour de Babel des grandes entreprises actuelles. Beaucoup d'entre elles le réalisent et tentent de pallier à ces lacunes en recrutant des profils non-traditionnels (humanités typiquement, Histoire, psychologie, géographie etc.). Il semble donc bien y avoir une prise de conscience des aspects néfastes de la spécialisation, a tout le moins au sein de l'entreprise.

1 à 5 sont je crois de constatations assez triviales et je vous fais mes excuses si j'ai offusqué un principe ou une croyance qui vous sont chers. Maintenant tout ceci je tire, au stade d’hypothèse, la conclusion suivante avec laquelle vous n’êtes évidemment pas forcé d’être d’accord :

6. Je pense donc qu’on assiste pas tant à une érosion de la culture scientifique, qu’à une incommunicabilité croissante entre la science et les autres disciplines; d’une part, parce que la formation scientifique n’est plus considérée comme utile au sein des disciplines dites ‘non-scientifiques’, et d’autre part, parce que la science elle-même est tellement politisée qu’elle se décrédibilise toute seule (voir le Réchauffisme par exemple).

Comme y fait allusion plus haut Bobjack, j'ai souvent vérifié par moi-même qu'une équipe d'individus au QI assez moyen (pas des idiots, attention), mais bien formés et polyvalents dans leurs habiletés (incluant l'intelligence émotionnelle), arrivait souvent à résoudre des problèmes complexes de façon plus efficace qu'une gang de petit génies incapables de se comprendre entre eux parce qu'ils ne parlent pas le même langage. Et je vous assure que l’apologie de la médiocrité n’est vraiment pas ma tasse de thé.

Le cas du voyageur de commerce est particulièrement bien choisi : n’importe quel vendeur sait que la solution optimale du problème topologique associé à l’objectif de rencontrer tous ces clients est sans intérêt. Il faudrait vraiment être un imbécile de bureaucrate pour s’imaginer que c’est ainsi qu’il maximisera son chiffre d’affaire et vouloir contraindre ainsi ses choix.

En fait, quantités d’autre variables entrent en jeu, que le vendeur traite de façon intuitive, mais pourtant intelligentes (espérance de gain sur un contrat donné, degré d’avancement du processus de vente pour chaque client, et même le temps qu’il fait ou l’humeur du vendeur ce jour là et avec quel client ou à quel stade du processus de vent cette humeur ou ce temps sont susceptibles de produire les meilleurs résultats).

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Citations

  • « L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde. »

    – Frédéric Bastiat, 1848

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