Les folies qu'on peut observer tous les jours dans la politique québécoise atteignent des sommets inégalés d'absurdité. Le Devoir rapporte ce matin en manchette que
Dans un élan tout personnel, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a décidé de prendre à bras le corps le problème des urgences en instaurant un nouveau mode de gestion.
Dans un geste exceptionnel et sans s'embarrasser de la hiérarchie du réseau de la santé, le ministre mettra désormais son nez dans les affaires quotidiennes des hôpitaux en les obligeant à utiliser un outil de gestion des lits dont il assume lui-même la coordination.
La première intervention directe du ministre Bolduc s'est produite la semaine dernière par courriel, envoyé à la direction générale de chacun des établissements de santé du Québec, de l'hôpital régional au grand centre universitaire, en passant par les Agences de santé et les CSSS (Centres de santé et services sociaux). Dans la note dont Le Devoir a obtenu copie, le ministre emprunte un ton familier et signe par son seul prénom. Il annonce qu'il enverra des données deux fois par semaine et s'attend à ce que les informations qu'il a soulignées en gras soient «prises en considération par l'établissement et [...] doivent être améliorées».
Joint hier, Yves Bolduc a affirmé qu'il n'y avait pas lieu de s'étonner qu'il mette le pied dans la gestion des urgences. «J'étais l'expert des urgences auparavant. Il ne faut pas l'oublier.»
Le ministre Bolduc collige les données que lui transmettent les hôpitaux dans un tableau où apparaît notamment le temps d'attente moyen aux urgences. Chaque établissement connaît ce qui se passe dans la cour du voisin. «C'est moi qui gère cet outil personnellement. C'est un outil qui a été créé dans un esprit non pas de compétition, mais de partage des données pour avoir une meilleure idée du réseau. C'est une nouvelle façon de gérer», a-t-il expliqué.
Comme des drogués qui ont toujours besoin de doses plus fortes pour rester sur leur high et éviter de subir les effets du sevrage, les bureaucrates croient qu'il faut planifier toujours plus pour régler les problèmes causés par la planification. Et les injections de fonds à la dernière minute pour pallier à la crise ne sont évidemment qu'une solution temporaire qui ne change rien à la situation.
La crise des urgences ne peut se résorber que si l'on comprend, accepte et met en place une politique fondée sur la logique économique: i. e., il est impossible de planifier un secteur économique dans son ensemble, encore moins une économie au complet, comme le prétendent les communistes, socialistes, interventionnistes et autres étatistes tripoteurs de «leviers collectifs». Le problème n'en est pas un de compétence. Même les bureaucrates les plus compétents au monde ne pourraient gérer convenablement le réseau de la santé parce que l'information pour y arriver n'existe pas de façon centralisée, dans un bunker de la Grande-Allée. Elle ne peut être réduite à un organigramme compliquée comme ceux qu'affectionnent les gestionnaires du secteur public. Elle est au contraire dispersée dans la tête de milliers d'intervenants du réseau, les médecins, infirmières, urgentologues, administrateurs d'hôpitaux, et les patients eux-mêmes qui ont des choix à faire lorsqu'ils sont malades.
La «planification» ne peut se faire que dans un contexte limité, local, lorsque chacun de ces intervenants prend une décision en se fondant sur les informations disponibles. Chaque décision, relayée par les mécanisme du marché à l'ensemble du réseau, s'inscrit alors dans un ordre global. C'est ce que l'économiste de l'École autrichienne Friedrich Hayek a appelé «l'ordre spontané». C'est le seul ordre économique possible. À l'opposé, sans prix et sans marché mais avec une pseudo-planification centralisée sur le modèle socialiste, on obtient le chaos dans les urgences. Les ressources pour traiter les cas urgents manquent de façon chronique, malgré le bon sens élémentaire qui dit que c'est là qu'elles doivent se trouver, de la même façon qu'on connaîtrait une pénurie d'eau encore plus dramatique si on en gardait le prix artificiellement bas dans une situation de sécheresse extrême et de rareté, même si tout le monde comprend en théorie l'importance de la conserver pour les besoins essentiels.
M.M.
"Comme des drogués qui ont toujours besoin de doses plus fortes pour rester sur leur high et éviter de subir les effets du sevrage, les bureaucrates croient qu'il faut planifier toujours plus pour régler les problèmes causés par la planification."
Dans ce cas, taisons-nous et laissons les mourrir d'une éventuelle overdose.
Rédigé par : Libre Entreprise | 29 septembre 2010 à 12h10
Bien content de voir que vous reprenez la plume de façon plus régulière toi et GG, Martin. Je commencais à trouver le blogue pas mal tranquille.
Rédigé par : DD | 29 septembre 2010 à 12h14
Le but de la plannification centrale est d'imposer sa volonté et se soustraire de la réalité. Le but de prendre le pouvoir est de pouvoir ensuite imposer sa volonté en faisant fi de la réalité.
Si les plannficateurs centraux devaient tenir compte de toutes les informations et baser leurs décisions sur celles-ci, ils cesseraient d'êtres puissants et ne seraient que des exécutants impuissants dictés par les informations recueillies. Le poste de plannificateur central serait alors caduque car aussi bien laisser à chacun le choix individuel s'il faut de toutes façon en tenir compte lors de la prise de décision centrale.
Un plannificateur central, pour prendre de bonnes décisions, aurait besoin de toutes l'information, y compris les décisions et préférences individuelles, ce qui vient contredire le principe même de plannification centrale.
On prend le pouvoir pour s'imposer et non pas pour accommoder.
Le but de la plannification centrale est un but de pouvoir et de contrôle, les finalités sont tyranniques. Ce n'est pas fait dans un but d'efficacité ou d'humanité.
Rédigé par : Libre Entreprise | 29 septembre 2010 à 12h16
DD,
Peut-être que Martin Masse et GG ont reçu de généreuses contributions et peuvent maintenant se consacrer à temps plein à leur passion qui est d'éduquer la population sur les avantages de la liberté.
Rédigé par : Libre Entreprise | 29 septembre 2010 à 12h22
@Libre Entreprise
Je l'espère. D'ailleurs, serait-il possible pour les auteurs de ce site de nous informer sur le succès ou non (bien que les attentes étaient modestes, j'en suis sûr) de ce nouveau «modèle d'affaire»? Si vous vous sentez à l'aise, bien sûr. Cela aurait son petit côté pédagogique, car c'est un indice comme un autre pour mieux savoir à quel point la charité québécoise évolue (ou à quel point les idées libertariennes évoluent).
Rédigé par : DD | 29 septembre 2010 à 12h29
Folie planificatrice à la soviétique, à rapprocher des hurlements déclenchés chez les étatistes par le décision du PM Harper de rendre facultative la réponse au questionnaire de recensement. Les adversaires de cette mesure étaient outrés que l'état soit privé de toutes ces précieuses informations, pourtant 1/liberticides 2/ assez peu utiles en fin de compte pour la bonne marche de l'économie.
Par ailleurs, l'image d'Y. Bolduc en "hyperministre" de la santé me fait bien rigoler. Ca va bien faire plaisir aux milliers de personnes entassées à l'urgence pendant des heures et des heures.
Rédigé par : Marianne | 30 septembre 2010 à 01h35
à Marianne
Je vous cite : « Folie planificatrice à la soviétique, à rapprocher des hurlements déclenchés chez les étatistes par le décision du PM Harper de rendre facultative la réponse au questionnaire de recensement. »
J'aime bien le mot « hurlements » pour décrire les réactions hystériques de l'élite politico-médiatique dans la fausse controverse du recensement: « anti-intellectualisme », « obscurantisme », « haine du savoir », on a entendu cet été un nombre incroyable de niaiseries visant à présenter cette décision de Harper comme une grave menace à la « science », rien de moins...
Quant au modèle de « gestion » du pathétique ménistre Bolduc, et bien disons que c'est justement ça le problème du « système » de santé québécois : trop de gestionnaires, et trop de gestion... Une pléthore de « cadres » dépassés par le chaos qu'ils ont eux-mêmes créé, malgré leur nombre sans cesse grandissant... On peut même se demander si, dans notre merveilleux « système » de santé soviétisé, les « cadres » ne servent pas d'abord à une chose : embaucher d'autres « cadres »...
Rédigé par : B. Vallée | 02 octobre 2010 à 14h40
A B. Vallée. Mais le but premier de la bureaucratie, c'est de créer encore plus de bureaucratie ! C-à-d encore plus de paperasses à remplir, de cases à cocher, de niveaux de structures à soi-disant coordonner, plus de planification à inventer. Et donc en fin de compte de créer plus de bureaucrates payés par le contribuable. C'est la bonne logique de tout "organisme", dont la priorité est de se reproduire, les motifs officiels pour lesquels cette bureaucratie a été initialement mise en place (santé, éducation ou autre) passant très au second plan.
Bien sûr personne ne semble jamais envisager que l'échec total de toutes ces planifications est dû à leur lourdeur et à leur absence de lien avec la réalité vraie. Pour les bureaucrates, les choses sont très simples : si cela ne fonctionne pas, c'est justement la preuve qu'is ne sont (au choix ) 1/ pas assez nombreux 2/ pas assez payés 3/ pas assez planificateurs 4/ les trois à la fois. Ce n'est pas sur eux qu'il faut compter pour scier la branche sur laquelle il sont assis.
En ce qui concerne le système de santé ici, étouffé par la "gestion" bureaucratique, c'est flagrant. Le plus étonnant pour moi demeure que la population, pourtant la première à en payer le prix au quotidien, ne s'en émeuve pas davantage. Nombreux sont les Québécois que je rencontre qui pensent que leur système de santé est un des meilleurs au monde.
Rédigé par : Marianne | 02 octobre 2010 à 15h57
@ Marianne :
"Nombreux sont les Québécois que je rencontre qui pensent que leur système de santé est un des meilleurs au monde."
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Some key points from the CMA poll
(tiré du 10e Bulletin national annuel sur la santé Août 2010):
-¦More than 60 per cent (74 per cent in Quebec) favour user fees over increased taxes to deal with increased demands of health services.
Grade A for most recent experience dealing with the health care system:
-¦Residents of Ontario (45 per cent), Alberta (42 per cent), Atlantic Canada (49 per cent), Saskatchewan/ Manitoba (43 per cent) and British Columbia and Quebec (32 per cent).
Grade A for choice of health services available in their community:
-¦Residents of Ontario (36 per cent), Atlantic Canada (35 per cent), Saskatchewan and Manitoba (35 per cent), Quebec (26 per cent) and British Columbia (25 per cent).
Grade A on the performance of health care providers and their associations:
-¦Residents of Saskatchewan and Manitoba (24 per cent), Alberta (23 per cent), Ontario (21 per cent), Atlantic Canada (20 per cent) and British Columbia (17 per cent) compared to Quebec (5 per cent)
Those more likely to grade their provincial government's performance in dealing with health care as an A:
-¦Residents of the Atlantic Provinces (17 per cent). (In Quebec, it was 4 per cent.)
Read more:
http://www.montrealgazette.com/health/Most+cure+health+system/3430996/story.html#ixzz11ErsTA9i
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Pour lire le rapport complet (en français):
http://www.cma.ca/multimedia/CMA/Content_Images/Inside_cma/Media_Release/2010/report_card/2010-National-Report-Card_fr.pdf
Rédigé par : Sébas | 02 octobre 2010 à 17h24
Comme je le répète souvent, il y a "le Québec réel" (qui a soif de démocratie locale et directe?), et il y a "le Québec des illusionnistes" (ils font tout pour projeter une fausse image du Québec/des Québécois = pour le maintenir non-démocratique et corporatiste?).
Dans presque tous les domaines, les Québécois ne suivent pas;
- leurs élites égalitaristes
- leurs technocrates/bureaucrates
- leurs politiciens... 'généreux' avec NOTRE argent.
- les experts déconnectés des limites financières.
- etc.
Par contre, par rapport aux 'illusionnistes' il y a un peu de positif...
Dans le domaine de la santé étatisée, il faut que je reconnaisse que La Presse a "mis le paquet" cette semaine, pour dénoncer ce que nous dénonçons continuellement...
Et j'ai lu tous les commentaires que j'ai trouvé = ouch, les Québécois sont pas mal plus 'libertariens', que l'image qui nous est renvoyée par certains illusionnistes.
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Quelques articles:
28 septembre 2010
"Quelque chose d'indécent"
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/rima-elkouri/201009/28/01-4327202-quelque-chose-dindecent.php
28 septembre 2010
"Le nombre de cadres explose"
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/201009/27/01-4327179-le-nombre-de-cadres-explose.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_BO2_quebec_canada_178_accueil_POS2
28 septembre 2010
"Les agences de santé dans le collimateur"
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/201009/28/01-4327208-les-agences-de-sante-dans-le-collimateur.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4327179_article_POS3
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Et si vous voulez lire des commentaires des Québécois:
"Santé : « Mais les cadres, eux ?"
118 commentaires:
http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/2010/09/28/sante-%C2%AB-mais-les-cadres-eux-%C2%BB/
"Santé : c’est pas parce qu’on rit que c’est drôle…"
51 commentaires:
http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/2010/09/29/sante-cest-pas-parce-quon-rit-que-cest-drole/
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Et vous vous souvenez des sondages canoe avant le dernier budget, et bien c'était un peu la même chose, i.e. que les Québécois voulaient majoritairement couper dans les services !
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Lorsque Charest a voulu faire la réingénierie en 2003, UNE MINORITÉ de "chialeux" l'a fait reculer...
La SOLUTION?
Il aurait du faire une consultation publique (mot qui passe mieux que référendum au Québec), pour démontrer aux intérêts corporatistes -qui empêchent toutes réformes- qu'ils sont minoritaires et que la majorité des Québécois voulaient(veulent) cette réingénierie.
Rédigé par : Sébas | 02 octobre 2010 à 17h53
Oui, j'avais lu les données publiées par la Gazette cet été, qui m'avaient rassurée sur le bon sens des Québécois même si elles m'inquiétaient plus quant à leur santé (...) En fait j'évoquais des remarques entendues ici et là au hasard de conversations avec des amis. Je reconnais que c'est beaucoup moins précis qu'une vraie enquête mais je vous assure que j'entends cette appréciation positive d'autant plus souvent que je pose la question presque systématiquement. En fait, je crois que c'est en référence à ce qui apparaît à beaucoup comme le contre-exemple absolu : le système de santé des Etats-Unis.
Rédigé par : Marianne | 02 octobre 2010 à 18h05
@ Marianne
"En fait, je crois que c'est en référence à ce qui apparaît à beaucoup comme le contre-exemple absolu : le système de santé des Etats-Unis."
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Ouais, la-dessus je suis d'accord avec vous: disons merci aux illusionnistes pour leur remarquable salissage du système américain, qui était/est loin d'être 'privé' et 'libre'...
Lorsque les soins de santé seront 100% libres, 95% de la population aura accès à d'excellents soins et ce, à un cout très bas. Par exemple, si les médicaments sont chers = interventions de l'état (au Québec, l'assurance médicaments 'universelle' et la politique industrielle augmentent le coûts de ces médicaments de façon exponentielle)...
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Et trop de monde 'oublie' cette simple réalité:
La nourriture est BEAUCOUP plus essentielle à notre survie que des soins de santé 'accessibles' (euh-hum...).
Et 95% de la population a accès à 'd'la bouffe' peu dispendieuse et de qualité...
Et pourtant le domaine de l'alimentation est beaucoup moins 'infecté' par des interventions étatiques.
La santé étatisée et 'universelle' est un DOGME... qui ne fonctionne pas !
Rédigé par : Sébas | 02 octobre 2010 à 18h24
"Comme des drogués qui ont toujours besoin de doses plus fortes pour rester sur leur high et éviter de subir les effets du sevrage, les bureaucrates croient qu'il faut planifier toujours plus pour régler les problèmes causés par la planification."
"When the plan doesn't work, they make more plans." Ronald Reagan
Rédigé par : Bernard | 06 octobre 2010 à 14h25