par Martin Masse
Lorsque la crise financière a débuté aux États-Unis en 2007, les commentateurs étatistes ont jubilé: Ah!, regardez, le capitalisme est encore en crise dans le pays du capitalisme, un pays gouverné de surcroît depuis des années par un président de droite qui a tout déréglementé. C'est la preuve de l'échec total du néolibéralisme!
Il a fallu répéter et répéter encore que les États-Unis, loin d'être un paradis du laisser-faire, ont une économie excessivement réglementée, en particulier dans le secteur financier, que l'État a grossi au lieu de diminuer sous Bush, et que c'est l'interventionnisme débridé de la Fed et du gouvernement américain dans le secteur de l'immobilier qui ont provoqué la crise et non un capitalisme débridé.
Lorsque les inflationnistes keynésiens ont été rejoints par les inflationnistes friedmaniens dans leur appui aux plans de relance gigantesques, au sauvetage des banques et aux injections massives de nouvel argent dans l'économie, les commentateurs étatistes ont encore une fois jubilé: Ah!, regardez, mêmes les Chicago boys, ces libertariens extrémistes, ces néolibéraux purs et durs, admettent que leur doctrine a failli et que l'État doit intervenir pour sauver leur beau système capitaliste. C'est la preuve que les libertariens ne sont que des opportunistes incohérents qui appuient l'État lorsque ça fait leur affaire!
Il a fallu expliquer que les friedmaniens sont en fait des socialistes monétaires, des supporters de la Fed, de sa monnaie de papier et de ses politiques inflationnistes, et non des libertariens cohérents, même s'ils défendent le libre marché dans d'autres domaines. Seuls les partisans de l'école autrichienne sont des antiétatistes cohérents. Et les autrichiens avaient justement prévu cette crise bien des années d'avance.
Ces critiques ne surviennent évidemment jamais dans le sens inverse. Devant l'effondrement de l'économie grecque par exemple, les étatistes n'ont pas conclu à l'échec des politiques interventionnistes. Ils s'accrochent uniquement à des exemples de supposés échecs du libre marché parce qu'ils n'ont aucun argument sérieux à apporter à l'appui de leurs superstitions étatistes.
Ces derniers jours, c'est le cas de l'Irlande qui fait jubiler les illettrés économiques étatistes (voir par exemple «Ces économistes québécois qui vantaient l'Irlande»): Ah!, regardez, le tigre celte était encensé il y a quelques années comme un modèle de libre marché et d'État minimal, et voilà que l'économie de ce pays s'effondre et doit être rescapée par l'Union européenne et le FMI à coups de milliards. Voyez ces économistes naïfs qui le montraient en exemple il n'y a pas si longtemps. C'est la preuve ultime que le libre marché et la réduction excessive des impôts mènent à la faillite!
Cette fois encore, les étatistes se trompent de cible. Comme dans toute analyse d'un phénomène complexe où s'entrecroisent des tendances contradictoires, il faut distinguer ce qui, dans le cas de l'Irlande, va dans le sens du libre marché de ce qui va dans le sens de l'étatisme, ce qui a bien fonctionné de ce qui a mal fonctionné.
Il est indéniable que certains aspects du modèle irlandais ont très bien fonctionné jusqu'à récemment. L'Irlande jusqu'au milieu des années 1980 était l'un des pays les plus pauvres d'Europe. Deux décennies plus tard, il était devenu l'un des plus riches après une période de croissance spectaculaire. Alors que l'Irlande exportait sa population aux quatre coins du monde depuis des siècles, elle accueillait pour la première fois des expatriés et des descendants d'expatriés irlandais.
Les politiques irlandaises ont misé, pendant toutes ces années, sur une croissance modérée des dépenses de l'État, l'ouverture aux marchés et aux investissements étrangers, notamment par un impôt comparativement très modeste sur les bénéfices des entreprises de 12,5%. (Ce taux est la moitié de ce qu'il est au Canada aujourd'hui après plusieurs années de baisse, et plus de la moitié de ce qu'il est aux États-Unis et dans la plupart des pays européens. C'est encore trop élevé évidemment, le taux idéal étant de zéro, mais c'est un avantage comparatif considérable.)
Sur la question cruciale de la taille de l'État, la conclusion de la Note de l'Institut économique de Montréal sur le miracle celte publiée en 2000 donne les chiffres essentiels:
Ce pays a vu sa part des dépenses publiques dans le PIB passer de 28 % en 1960 à 52,3 % en 1986. Mais voilà que la situation se renverse au cours des années 1987-96 alors que les dépenses chutent de 52,3 % en 1986 à 37,7 % en 1996, soit une baisse de 14,6 points. Or entre 1960 et 1977, période où les dépenses de l'État montaient de 28 % à 43,7 % du PIB, la croissance réelle du PIB de l'Irlande était de 4,3 %. Ce taux baissait à 3,4 % au cours des années 1977-86, période pendant laquelle la part du gouvernement grimpait à 52,3 % du PIB. Au cours de la récente décennie d'amaigrissement de l'État, le taux de croissance annuelle du PIB réel de l'Irlande passait à 5,4 %. La croissance économique augmentait donc en Irlande à mesure que ses dépenses publiques diminuaient.
Pourquoi donc une économie sur cette si belle lancée a-t-elle frappé un mur? Tout d'abord, ce qui était assez prévisible, la richesse récente du pays a poussé le gouvernement à recommencer à grossir, à taxer, à dépenser et à intervenir davantage dans l'économie.
La déliquescence de l'économie irlandaise est déjà évidente depuis quelques années. Un article publié il y a un an et demi sur Mises.org («Celtic Kitten: The Failure of Intervention in Ireland») soulignait que «With the advent of the Celtic Tiger, Ireland's economy has grown at an exponential rate. Unfortunately, this has precipitated an unprecedented degree of government involvement in the economic and social sphere. (...) The Irish economy rests on the precipice of devastation. Government interventionism has left Ireland with little room to manoeuvre in this difficult economic climate. The answer to Ireland's economic woes is not further government intervention in the economy, but a return to economic liberalism, small government, and sound monetary policy.» La recette des années 1986-2006 a donc été en partie abandonnée ces dernières années et il était prévisible que le tigre celte se transforme en minet celte.
La principale cause de la crise
La principale source de la faillite actuelle de l'économie irlandaise vient toutefois du secteur financier. Les politiques publiques interventionnistes ont de façon générale pour effet de freiner la croissance économique. Mais comme les économistes autrichiens l'ont démontré, c'est l'interventionnisme monétaire et financier en particulier qui crée les bulles et les crises majeures comme celles qui sont survenues aux États-Unis, en Islande, en Irlande et dans bien d'autres pays.
Comme le même phénomène de bulle financière s'est répété à plusieurs endroits, de plus en plus de gens sont maintenant capables de l'identifier, même parmi ceux qui ne connaissent vraisemblablement pas la théorie autrichienne. Le chroniqueur économique Claude Picher de La Presse, un partisan du libre marché qui ne s'est jamais démarqué par sa compréhension de ces questions, met ainsi le doigt sur les causes financières de la crise irlandaise et l'intervention aggravante du gouvernement, sans toutefois faire de lien avec la création monétaire, comme si les bulles survenaient naturellement dans des situations de forte croissance économique («Crise irlandaise: le tigre édenté»):
C'est, bien sûr, la faute de la crise financière qui a ébranlé la planète à l'automne 2008. Si l'Irlande a été plus durement touchée que la plupart des autres pays, c'est pour deux raisons.
Comme dans toute économie qui s'enflamme, les prix de l'immobilier ont connu une ascension vertigineuse en quelques années. Et comme c'est souvent le cas en période de bulle immobilière, les institutions financières se sont mises à prêter en misant davantage sur la valeur future des propriétés que sur la solvabilité des emprunteurs. Même dangereux scénario qu'aux États-Unis. À l'aube de la crise, les portefeuilles des banques irlandaises étaient bourrés d'hypothèques contaminées. C'était courir vers le désastre.
Il y a une deuxième raison. À l'automne 2008, lorsque les premiers nuages noirs ont commencé à pointer à l'horizon, le gouvernement irlandais a voulu se faire rassurant en garantissant tous les titres de créance détenus par les banques. Avec le recul du temps, on peut trouver cette décision irresponsable. Il faut cependant se rappeler que le «tigre celtique» surfait encore sur ses bonnes années et que le gouvernement, sans doute de bonne foi, se croyait assez riche pour faire face aux événements. D'autre part, il ne pouvait pas laisser les banques à leur sort sans nuire considérablement aux petits épargnants et à la réputation du pays.
Lorsque la bulle (comme toutes les bulles) a éclaté, le gouvernement a dû respecter ses engagements et s'est retrouvé avec toutes les mauvaises dettes sur les bras. Contrairement à une opinion assez largement répandue, l'Irlande ne s'est pas effondrée à cause de ses politiques fiscales et budgétaires, mais à cause de la situation désespérée de ses banques.
Un article de Questions/Réponses sur la crise irlandaise dans le Globe and Mail («Ireland's crisis explained») pose un diagnostic semblable:
One of the key factors was a U.S.-style, easy-money real estate bubble, in which banks provided cheap credit to almost anyone who wanted to buy or build houses, dramatically hiking prices. The boom lasted for more than a decade, but when the global recession hit in 2008, home prices collapsed and people could not pay back their loans, imperilling the banks holding the debt. In recent years, the government borrowed more and more money to fund budget deficits in a weak economy. Institutions lending money to the Irish government (such as the British banks) charged higher and higher rates because of worries over a possible default.
Mais pourquoi donc se retrouve-t-on dans cette situation de «easy money», d'emprunt facile, qui alimente la bulle, permet aux individus et aux gouvernements de s'endetter facilement, et entraîne en fin de compte un effondrement prévisible?
L'interventionnisme monétaire n'est pas du capitalisme
Il y a un point crucial qu'il faut bien comprendre dans tout ceci, et que les illettrés économiques ont systématiquement tendance à ignorer: un système financier qui permet à des banques et autres institutions financières de faire de nombreux prêts très risqués avec des fonds qu'elles ne possèdent pas vraiment (c'est-à-dire par un effet de levier), sous la protection d'une garantie de l'État que tous ces fonds seront remboursés en cas de pertes, N'A RIEN À VOIR AVEC LE CAPITALISME OU LE LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE.
Dans un système véritablement capitaliste, une organisation étatique, la banque centrale, ne pourrait pas créer du capital à partir de rien, réduire artificiellement les taux d'intérêt et inonder les marchés de «liquidités», comme l'ont fait la Fed, la Banque centrale européenne et à peu près toutes les banques centrales du monde à divers degrés ces dernières années.
Les banques commerciales seraient obligées de garder des réserves beaucoup plus élevées et de ne prêter que des fonds qui leur ont été confiés pour investir, et non des dépôts à vue. Les gouvernements n'encourageraient pas les banques à prêter à des acheteurs de maison insolvables en subventionnant les hypothèques. Ils ne garantiraient par ailleurs aucun dépôt, prêt ni investissement, et ceux qui perdent de l'argent avec des investissements trop spéculatifs seraient obligés d'en subir eux-mêmes les conséquences au lieu d'être renfloués par les contribuables.
Dans un tel système, les bulles financières ne pourraient pas vraiment se développer, puisque la création monétaire serait mimine. L'aléa moral induit par la protection de l'État (qui encourage tout le monde à prendre plus de risque) n'existerait pas non plus et chaque acteur financier serait davantage responsabilisé, des déposants aux banques en passant par les acheteurs de maison et les investisseurs.
Pour toutes sortes de raisons spécifiques à chaque cas, à cause des politiques monétaires, de la réglementation financière et des programmes interventionnistes des gouvernements, des bulles se sont davantage développées dans certains pays que dans d'autres au cours des dernières années, même si le phénomène a été universel à cause du statut de monnaie de réserve mondiale du dollar américain. Dans des petits pays comme l'Islande et l'Irlande, les banques ont été encouragées à prêter des sommes gigantesques à des clients autant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, avec des fonds venant d'un peu partout. Lorsque leurs gouvernements ont décidé stupidement de garantir ces sommes qui dépassaient largement le PIB total du pays, tout ce qu'ils ont garanti a été la faillite éventuelle non seulement des banques, mais de l'État et de l'économie dans son ensemble. Le gouvernement américain a fait la même chose en allant à la rescousse des banques de Wall Street et de Fannie et Freddie, mais même si ces montants étaient encore plus considérables sur le plan nominal, ils l'étaient beaucoup moins en proportion de l'économie américaine.
Je soupçonne par ailleurs (le prouver de manière empirique nécessiterait une recherche au-delà de mes moyens), que les pays ou régions qui ont de meilleures politiques publiques et une économie plus dynamique sont ceux où la bulle a grossi davantage. Logiquement, s'il y a un surplus de création monétaire, c'est là que les fonds vont trouver plus d'opportunités d'investissement. C'est conséquemment là aussi que la spéculation sera la plus forte et que les malinvestissements - des investissements dans des projets insoutenables à plus long terme, qui semblent rentables uniquement à cause de l'illusion causée par les bas taux d'intérêt et le surplus de liquidités à investir - seront les plus nombreux.
C'est ce qui explique qu'un pays en très forte croissance comme l'Irlande a pu attirer tous ces fonds. Chez nous, c'est ce qui explique que le Québec, qui n'a pas connu de boom immobilier et autres de la même ampleur que certains de ses voisins dans les années précédant la crise, a pu traverser celle-ci sans trop subir de contrechocs, puisque les malinvestissements y ont été moins nombreux. La raison n'en est pas la supériorité du modèle québécois, mais plutôt le fait que ce modèle interventionniste rendant notre économie moins attrayante, il nous protège des effets pervers d'un interventionnisme étatique d'un autre ordre, celui qui engendre les bulles financières et des crashs subséquents. Comme la Grèce, le Québec a plutôt une économie sclérosée à croissance faible, qui se maintient à flot depuis des années par l'endettement public - jusqu'à ce que les créanciers finissent par fermer le robinet.
La pire forme d'interventionnisme économique
L'étatisme monétaire est pire que toutes les autres formes d'interventionnisme économique. Il peut détruire l'économie de petits pays comme l'Irlande qui ont pourtant des politiques économiques avantageuses sur d'autres plans. Il est en train de détruire la principale économie de la planète, celle des États-Unis. Il pourrait même plonger le monde entier dans une dépression prolongée si tous les États se mettent à jouer le jeu dangereux des dévaluations concurrentielles, comme durant les années 1930.
Les libertariens qui ignorent complètement les questions monétaires, ou les partisans de l'école monétariste de Milton Friedman qui en ont une compréhension erronée, n'ont aucune explication convaincante à donner à un phénomène comme la crise financière mondiale ou la crise irlandaise. Pour eux, la création monétaire n'est pas un problème, c'est une solution, exactement comme pour les keynésiens et autres illettrés économiques.
C'est malheureusement un sujet complexe qui intéresse peu de gens. Mais c'est aussi un élément crucial pour comprendre ce qui arrive aujourd'hui dans l'ensemble de la planète. Les idées libertariennes ne pourront avancer de façon décisive à moins qu'on purge le mouvement libertarien des théories étatistes monétaires des friedmaniens et qu'on réussisse à vulgariser et à populariser suffisamment nos explications pour qu'elles deviennent comprises, même minimalement, par une partie substantielle de la population.
J'espère que le Chicago Boy monétariste Vincent Geloso va lire ce billet ;-)
Rédigé par : Martin | 25 novembre 2010 à 13h44
On recommence à entendre les mêmes sottises que les médias nous ont raconté quand l'Islande est tombée il y a deux ans: dérèglementation, privatisation... Seulement un communiste, ou encore Claudette Carbonneau, peut affirmer sans rire que l'Islande a "démantelé l'État-providence" dans les années 1990.
Rédigé par : Derteilzeitberliner.wordpress.com | 25 novembre 2010 à 13h52
Tout simplement WOW !
***
Nov 18th 2010
Taking von Mises to pieces
Why is the Austrian explanation for the crisis so little discussed?
http://www.economist.com/node/17522368
Rédigé par : Sébas | 25 novembre 2010 à 14h15
J'ai beau chercher dans vos articles datant d'avant la crise un moment où vous dénoncez l'étatisme irlandais, je ne trouve rien.
Au contraire, vous et Elgrably avez vanté le modèle du Tigre celtique pendant des années.
Qui sont les illettrés économiques au juste ?
Rédigé par : Nosferatu | 25 novembre 2010 à 23h58
Salut Martin,
Merci d'essayer de nous éclairer sur ces questions difficiles mais essentielles de manipulations de la monnaie par les Etats.
L'hypothèse que l'Irlande par son côté attractif (faible imposition des sociétés) a cumulé les mauvais investissements est, à priori (mais je ne suis pas un expert de ces sujets, j'essaie de les comprendre), une très bonne hypothèse.
Sur ce sujet (la monnaie, les banques, l'Etat), je conseille très vivement à vos lecteurs la consultation du texte suivant qui s'efforce de le vulgariser :
http://www.dantou.fr/banques.html
Rédigé par : Christophe VINCENT | 26 novembre 2010 à 07h41
@ Nosferatu,
"J'ai beau chercher dans vos articles datant d'avant la crise un moment où vous dénoncez l'étatisme irlandais, je ne trouve rien. Au contraire, vous et Elgrably avez vanté le modèle du Tigre celtique pendant des années."
Sur le fil de discussion libre, François1 écrit quant à lui que "Le film "L'illusion tranquille" et le présent site faisaient l'apologie de l'Irlande il y a à peine quelques mois et PAF! Ça a pété!!!"
Il y en a qui projettent leurs distorsions de la réalité sur les autres...
J'ai fait une recherche dans les archives du QL et du Blogue. La première mention du "miracle celte" date de 2000, quand j'avais fait une pub dans le QL pour une conférence de l'IEDM avec l'ex-premier ministre de ce pays. La seule fois où j'ai moi-même mentionné l'économie irlandaise semble être en 2005, lorsque j'ai écrit que "la situation pourrait rapidement s'améliorer avec quelques réformes efficaces, comme le prouve le cas de l'Irlande" - http://www.leblogueduql.org/2005/10/le_manifeste_po_1.html .
Serge Rouleau, qui écrivait pour nous à l'époque, a écrit deux articles en 2007 où il mentionne les effets positifs des politiques irlandaises: http://www.leblogueduql.org/2007/04/le_modle_irland.html et http://www.quebecoislibre.org/06/061119-4.htm .
Depuis, il n'y a eu qu'une mention de l'économie irlandaise, en mai 2009, dans un extrait du livre de l'économiste autrichien Pierre Leconte que j'ai reproduit où celui-ci parle des banques centrales et des Etats responsables d'avoir engendré des krachs, aux États-Unis, en Islande "et bientôt" en Irlande - http://www.leblogueduql.org/2009/05/lecture-pierre-leconte-pour-comprendre-la-crise-%C3%A9conomique.html .
Bref, pour répondre à Nosferatu, l'économie irlandaise n'est vraiment pas une de mes préoccupations quotidiennes, je n'ai écrit qu'un bout de phrase là-dessus une seule fois en 13 ans, il y a 5 ans, bien avant le début de la présente crise. Et comme le montrent l'extrait de Pierre Leconte et ceux mentionnés dans mon billet, il était clair depuis quelques années pour les autrichiens qui suivent la situation de près que l'Irlande était au bord du gouffre, comme d'ailleurs tous les autres pays qui ont vécu un boom spéculatif au milieu des années 2000. J'ai parlé abondamment de cette logique de manipulation monétaire d'un point de vue autrichien mais en focalisant sur la situation américaine, et non sur celles en Islande ou en Irlande.
Pour répondre à François, vous avez dû imaginer ces lectures sur le blogue à propos de l'Irlande puisqu'elles ne s'y trouvent pas.
À tous les deux, au lieu d'essayer de savoir si j'ai pu prévoir tous les problèmes de la planète avec la bonne explication au bon moment avant tout le monde comme preuve que j'ai raison, pourquoi n'essayez-vous pas de comprendre la logique économique qui sous-tend ce qui se passe? Si vous voyez des failles dans mon explication, ou si vous avez de meilleurs arguments à proposer, donnez-les. Ça ferait davantage avancer la discussion.
Rédigé par : Martin Masse | 26 novembre 2010 à 09h42
Mais je n'ai pas le fardeau de la preuve M. Masse.
Prévoir ce qui va se passer avec le plus de précision possible est ce qui différencie un bon d'un mauvais économiste (vous êtes bien économiste non ?).
Donner son opinion sur les causes d'un échec, tout le monde peut le faire.
Ce qui me surprend dans votre démarche, c'est que jamais, depuis 2001, n'avez émis de mise en garde à propos de l'étatisme irlandais. Jamais ! Pourtant, tout cela vous semble si évident aujourd'hui. Vous poussez même l'audace à qualifier ceux qui pourraient vous contre-dire "d'illettrés économiques"...
Alors "l'illettré économique" que je suis vous répond ceci: quand vous ferez des prédictions qui se réaliseront, peut-être aurez-vous une chance de sortir l'École autrichienne de l'indifférence dans laquelle elle croupit depuis 80 ans...
Rédigé par : Nosferatu | 26 novembre 2010 à 11h17
Pas besoin d'être économiste. Dr. Ron Paul en 2002:
http://www.ronpaul.com/2008-09-26/ron-paul-on-the-housing-bubble-july-2002/
However, despite the long-term damage to the economy inflicted by the government’s interference in the housing market, the government’s policies of diverting capital to other uses creates a short-term boom in housing. Like all artificially-created bubbles, the boom in housing prices cannot last forever. When housing prices fall, homeowners will experience difficulty as their equity is wiped out. Furthermore, the holders of the mortgage debt will also have a loss. These losses will be greater than they would have otherwise been had government policy not actively encouraged over-investment in housing.
Rédigé par : Azedarac | 26 novembre 2010 à 13h07
@Nosferatu
Vos attaques sont complètements nulles. Tout d'abord, Martin Masse ne faisait que répondre à la questions de François (dans le fil de discussion libre) portant la raison de l'effondrement de l'économie irlandaise. Le fait qu'il n'en ait pas beaucoup parlé avant ne nullifie absolument pas son explication. Lorsqu'il a vanté certaines réformes, il avait parfaitement raison. Ce ne sont pas ces réformes qui ont mené le pays au bord du gouffre.
Il mentionne régulièrement que la raison majeure de l'effondrement de l'économie irlandaise est la même que celle des USA. Martin Masse ainsi que les autres économistes de l'école autrichienne prédisaient depuis 2003 l'effondrement de l'économie américaine à cause de l'intervention de la Fed et du gouvernement américain. C'est très bien documenté sur ce site ou Mises.org
Si l'économie d'un autre pays s'effondre pour les même raisons, est-ce que M. Masse devra s'abstenir d'en expliquer les causes parce qu'il n'avait pas assez parlé de ce pays à votre goût?
Il semble que l'explication soit simple à comprendre mais vous n'en parlez point parce que vous faites comme la plupart des autres étatistes, vous ne discutez pas des idées (une défaite serait assurée), vous préférez tenter de discréditer la personne les véhiculant. C'est prendre un raccourcit "cheap" qui peut mener à une victoire éphémère et non réelle. Vous croyez avoir nullifié ce qu'il vient de dire mais l'idée n'a même pas été abordé.
Lorsque l'État cré de la monnaie à partir de rien, celle-ci va souvent se retrouver dans des régions du monde avec des économies attrayantes. La fausse monnaie est un cadeau empoisonnée car elle fait un bulle et elle pète éventuellement. Selon vous Nosferatu, est-ce que la solution serait de rendre une économie tellement inattrayante que personne ne voudra investir là et une bulle ne se créera pas ou peu (comme au Québec)? Ou est-ce qu'il serait mieux de ne pas créer de l'argent à partir de rien et conserver une économie attrayante qui attirera les bons investissements respectant les désirs réels des consommateurs? Attention Nosferatu, là on discute d'idées, on ne fait plus des attaques "cheaps" et gratuites!
Rédigé par : Steven | 26 novembre 2010 à 13h11
Nosferatu,
Si vous ne comprenez pas, pourquoi ne pas poser des questions plutôt que de vous livrer à des attaques personnelles?
Rédigé par : Gilles Laplante | 26 novembre 2010 à 17h30
Intéressant billet qui remet certaines idées reçues à leur place!!!
Rédigé par : Jean-Luc Proulx | 26 novembre 2010 à 19h57
@ Nosferatu
Chaque fois que Martin Masse a dénoncé les manipulations monétaires des banques centrales, il adressait indirectement l'Irlande.
Nul besoin d'avoir parlé spécifiquement de l'Irlande.
Rédigé par : David Gagnon | 26 novembre 2010 à 21h50
La banque centrale de l'Irlande étant la BCE, dont à Francfort et pas sous le contrôle du Dublin, comment pouvait-elle manipuler la monnaie?
Ce n'était pas l'Islande, où le directeur de Landsbankinn n'avait qu'à appeler son chummy pour faire imprimer des couronnes.
Rédigé par : Derteilzeitberliner.wordpress.com | 26 novembre 2010 à 23h34
Bien, honnêtement, pour faire plaisir à Nosferatu je considère que l'Espagne et le Portugal ne sont pas en très bonne position non plus en étant prochaines sur la liste pour demander un bailout. Tout comme l'Italie.
Mais attendez, l'Espagne, l'Italie et le Portugal ne sont pas vraiment de bons exemples de sociétés où l'état est peu interventionniste à l'instar de la Grèce. Cela ne vous fait pas penser à une juridiction l'autre bord de l'Atlantique?
Rédigé par : Mathieu NV | 26 novembre 2010 à 23h38
@ Derteilzeitberlinerqui écrit:
"La banque centrale de l'Irlande étant la BCE, dont à Francfort et pas sous le contrôle du Dublin, comment pouvait-elle manipuler la monnaie? "
***
Martin Masse l'a bien expliqué ici:
"Il y a un point crucial qu'il faut bien comprendre dans tout ceci, et que les illettrés économiques ont systématiquement tendance à ignorer: un système financier qui permet à des banques et autres institutions financières de faire de nombreux prêts très risqués avec des fonds qu'elles ne possèdent pas vraiment (c'est-à-dire par un effet de levier), sous la protection d'une garantie de l'État que tous ces fonds seront remboursés en cas de pertes, N'A RIEN À VOIR AVEC LE CAPITALISME OU LE LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE."
***
Et voici pourquoi ce n'est pas seulement une question de banques centrales:
"Non seulement la banque centrale crée-t-elle constamment de l'argent à partir de rien pour accroître la masse monétaire, mais le système de réserves fractionnaires permet aux institutions financières d'augmenter encore plus la quantité de crédit qui circule dans l'économie."
http://www.leblogueduql.org/2009/04/le-capitalisme-estil-une-fatalit%C3%A9.html
"En effet, il n'y a pas que la banque centrale qui crée de l'argent, les banques commerciales aussi le font grâce au système de réserves fractionnaires. C'est par exemple ce qui explique les crises aux États-Unis même pendant les périodes au 19e siècle où il n'y avait pas de banque centrale (on les mentionne rarement, mais il y a eu deux banques centrales avant la création de la Fed en 1913). Les crises étaient toutefois de beaucoup moins longue durée que les crises actuelles, qui sont alimentées par une création monétaire constante des banques centrales, une création monétaire qui de surcroît s'accélère pendant les périodes de krach comme en ce moment, ce qui entrave le processus de liquidation des malinvestissements et de retour à l'équilibre."
http://www.leblogueduql.org/2009/10/linflation-et-les-cycles-%C3%A9conomiques-dans-un-r%C3%A9gime-d%C3%A9talonor.html
Rédigé par : Sébas | 26 novembre 2010 à 23h49
@ Martin Masse,
Vous avez raison au sujet de la fréquence des articles sur l'Irlande. J'ai confondu le présent site avec celui de l'Institut Économique de Montréal qui y ont fait référence à multe reprises; cependant, je ne me suis pas gourré au sujet du film l'Illusion Tranquille qui cite le pays en question en exemple. Désolé pour la confusion.
Rédigé par : François 1 | 27 novembre 2010 à 03h51
@ François,
"cependant, je ne me suis pas gourré au sujet du film l'Illusion Tranquille qui cite le pays en question en exemple"
À la décharge de Johanne Marcotte et des personnes interviewées dans le film, celui-ci est sorti en 2006 et a été filmé dans les années précédentes, pas il y a un an ou deux. Il fallait être un autrichien sensible aux questions monétaires et suivre la situation en Irlande de près pour se rendre compte qu'il y avait un boom insoutenable en cours à l'époque, après deux décennies de très forte croissance grâce à de bonnes politiques. Et je pense qu'aucune des personnes interviewées dans le film (je les connais presque toutes) ne connaissait ou ne partageait le point de vue autrichien.
Je leur reprocherais plus toutefois (et j'avais des discussions sur le sujet avec certaines d'entre eux à l'époque) de ne pas avoir vu la bulle qui se développait de façon très évidente aux États-Unis avec les politiques inflationnistes de Greenspan au lendemain du krach des dotcoms en 2001, et qui allait nous toucher pas mal plus que ce qui se passe en Irlande.
Comme je l'ai souvent dénoncé ici, les néoclassiques à la Friedman et cie n'ont pas d'explication logique pour les bulles, n'ont pas de point de vue critique sur les banques centrales, et ne voyaient dans cette ferveur spéculative excessive à l'époque que les glorieux effets du capitalisme en action. C'est pourquoi ils sont restés si aveugles jusqu'au début du krach lui-même, et que les plus illettrés économiques parmi eux, nonobstant leur doctorat en économie et leur appui au libre marché en général, ont même appuyé ensuite les solutions interventionnistes des keynésiens pour en sortir.
Rédigé par : Martin Masse | 27 novembre 2010 à 07h47
@ Derteilzeitberliner,
"La banque centrale de l'Irlande étant la BCE, dont à Francfort et pas sous le contrôle du Dublin, comment pouvait-elle manipuler la monnaie?"
Pas besoin d'une banque centrale à soi pour que les effets des bulles se manifestent chez nous plus qu'ailleurs dans un grand ensemble économique. Aux États-Unis par exemple, les bulles ont gonflé bien plus en Floride et en Californie qu'au Vermont et en Géorgie, des États qui n'avaient pourtant pas de banque centrale à eux.
C'est la même chose en Europe. La BCE ne manipulait pas l'euro spécifiquement pour l'Irlande mais le manipulait tout de même pour toute la zone euro en en créant des quantités excessives et en gardant les taux d'intérêt artificiellement bas. Ce qu'il faut expliquer, c'est pourquoi ces fonds se sont rendus proportionnellement plus en Irlande qu'ailleurs.
J'ai parlé dans l'article de mon hypothèses voulant que les fonds se rendent plus là où l'économie est plus dynamique. Il y a aussi l'hypothèse de Wendell Cox sur le boom immobilier, où il a montré que les prix ont monté beaucoup plus (et crashé plus ensuite) dans les villes américaines où le rationnement du sol par une réglementation "smart growth" et anti-étalement urbain créaient une rareté artificielle de propriétés.
Il faudrait voir aussi qu'est-ce qui, dans la réglementation des banques (ou non-réglementation, puisque dans le contexte d'une monnaie nationalisée, ne pas réglementer la création monétaire des banques équivaut à ne pas empêcher le loup d'aller quand il veut dans la bergerie, ce qui est CONTRAIRE à une logique de protection des droits de propriété) en Irlande, a davantage permis le recours à l'effet de levier qu'ailleurs en Europe.
Si, comme banque, vous avez 100$ de capitaux en fonds propres, mais que vous pouvez vous permettre d'en emprunter 10 000 que vous reprêtez ensuite à haut risque, vous n'êtes pas une banque mais plutôt un gambler. Imaginez que sur les 10 000$ réinvestis dans des hypothèques à risque, vous en perdez même seulement 500? Vous n'avez pas les fonds pour couvrir cette perte et rembourser ceux qui ont investi chez vous, et vous devez faire faillite.
Une bonne partie des banques aux États-Unis et en Europe étaient dans cette situation en 2008, et c'est pourquoi nous avons eu ces gigantesques bailouts. La "déréglementation" bancaire qui a permis à ces situations de survenir (peut-être plus en Irlande qu'ailleurs, je ne connais pas leurs lois bancaires) n'est, je me répète, pas du capitalisme. C'est simplement un droit de frauder les déposants et de voler les contribuables par la suite quand ça tourne mal et que le gouvernement vient à la rescousse du gambler sous prétexte que ces institutions sont trop grosses pour qu'on puisse les laisser faire faillite (le fameux "too big to fail").
D'une certaine manière, ceux qui veulent "re-réglementer" les banques pour les empêcher de faire ça et d'être plus prudentes font le bon diagnostics, mais leurs analyses et leur solutions sont mauvaises, parce qu'elles restent prisonnières de la logique de la monnaie nationalisée et de la protection de l'État. Si on sortait de cette logique et qu'on laissait un véritable marché libre de la monnaie et des services bancaires s'établir, c'est la protection des droits de propriété et des contrats qui jouerait ce rôle, comme dans n'importe quel marché.
Cela dit, tant qu'à vivre dans un pays avec une monnaie nationalisée, je préfère que ce soit dans un pays où les banques ont moins les coudées franches pour nous frauder et nous voler que dans un autre où elles peuvent le faire impunément, avec les résultats qu'on voit en Irlande.
Rédigé par : Martin Masse | 27 novembre 2010 à 08h18
@ MM qui écrit:
"puisque dans le contexte d'une monnaie nationalisée, ne pas réglementer la création monétaire des banques équivaut à ne pas empêcher le loup d'aller quand il veut dans la bergerie..."
A part fermer les banques centrales, quelle serait la meilleure 'clôture' pour empêcher le loup de rentrer? Obliger les banques à augmenter graduellement leurs réserves de monnaies fiduciaires... jusqu'à 100% ?
Rédigé par : Sébas | 27 novembre 2010 à 08h48
La zône Euro est problématique car elle permet à des économies faibles ( PIGS ) de bénéficier d'une monnaie plus forte qu'elles ne devraient et de bénéficier d'un taux d'emprunt plus bas.
Même chose au Québec. Les investisseurs étrangers savent très bien que le fédéral ne permettrait pas (au sens politique et économique pas nécessairement au sens légal) à une province de faire défaut sur ses emprunts. Il est raisonnable de croire que le Québec bénéficie ainsi d'une cote de crédit qui tient compte de son appartenance au Canada et pas seulement de sa situation propre.
Dans ces cas (Québec et PIGS) on emprunte plus qu'on ne devrait et qu'on pourrait le faire si on avait notre propre monnaie.
Rédigé par : Philippe TEXIER | 27 novembre 2010 à 08h55
@ Nosferatu
"Prévoir ce qui va se passer avec le plus de précision possible est ce qui différencie un bon d'un mauvais économiste"
Oui et non. Plutôt que l'économie, prenons l'exemple de la physique des châteaux de cartes.
"Ce n'est pas l'ajout d'une seule carte qui fera effondrer ce château de cartes" est une théorie à grande valeur prédictive qui est correcte 99% du temps.
"Ce château de cartes s'effondrera tôt ou tard" est une théorie à faible valeur prédictive qui est correcte 100% du temps.
Quelle théorie représente le bon physicien et le mauvais physicien?
Rédigé par : Bastiat79 | 27 novembre 2010 à 10h02
J'écrivais plus haut que tant qu'à vivre dans un pays avec une monnaie nationalisée, je préfère que ce soit dans un pays où les banques ont moins les coudées franches pour nous frauder et nous voler que dans un autre où elles peuvent le faire impunément, avec les résultats qu'on voit en Irlande.
Il y a un article intéressant ce matin dans le Globe and Mail justement sur ce sujet, par le chroniqueur Eric Reguly. Reguly est l'un de ces illettrés économiques "de droite" comme il y en a à la pelle dans les médias anglo-nord-américains, néoconservateur (donc étatiste) sur les questions de politiques étrangères et néoclassique affairiste pro-monnaie de singe (donc étatiste) sur les questions économiques.
Après avoir poussé la Banque royale du Canada à faire comme la Royal Bank of Scotland en 2007, c'est-à-dire se lancer dans une orgie d'investissements et d'acquisitions risquées pendant le boom, il fait aujourd'hui une sorte de mea culpa en interviewant le patron de la BRC, Gordon Nixon, qui a eu le bon sens de le pas le faire et de gérer sa banque plus prudemment (et avait aussi plus d'incitations réglementaires à le faire qu'en Grande-Bretagne, malgré tous les défauts du système canadien).
On s'en souvient, la Royal Bank of Scotland avec ses petits gestionnaires gamblers très brillants s'est effondrée en 2008 et a été nationalisée par le gouvernement britannique...
The revenge of Gordon Nixon
ERIC REGULY
LONDON— From Saturday's Globe and Mail
Published Friday, Nov. 26, 2010
The Berkeley Hotel in Knightsbridge, orders a Hendrick’s gin and tonic, reaches into his breast pocket and presents me with a folded piece of paper. I think I know what’s coming and my heart sinks.
It is a photocopy of a column I wrote in May, 2007, when Fred Goodwin, then boss of Royal Bank of Scotland, was on top of the banking heap, buying everything in sight and putting Edinburgh on the global financial services map. The headline, “Bold RBS puts our banks to shame,” suggested that another blue-blooded bank – Royal Bank of Canada – could leap into the international big leagues too if only one Gordon M. Nixon had Mr. Goodwin’s famous bravura.
Today, RBS, minus Mr. Goodwin, is 84-per-cent owned by Her Majesty’s Treasury after reporting a stunning £24.1-billion loss in the 2008 crisis year. The market value of what was once the world’s fifth-biggest bank is now the equivalent of about $38-billion (Canadian). And RBC? It’s worth $77-billion, putting it among the planet’s top 15. What’s more, it has become Canada’s corporate ambassador to the world, the textbook example of a bank that used classic Canadian caution, backed by sound regulation, to survive and thrive while many others around it toppled like dominoes.
Mr. Nixon, who became chief executive officer of RBC in 2001, chuckles and tells me not to feel bad about the article; pre-crunch, all sorts of misguided reporters and analysts were telling him to go big or go home. Some members of his own executive team heaped pressure on him to do the same.
To his credit, he resisted. Indeed, RBC’s rise can’t be down to sheer dumb luck. It was due ultimately to Mr. Nixon’s strength of personality and belief that banks shouldn’t take the easy route to growth. “A lot of CEOs who fell by the wayside lost sight of the fact that they were supposed to be growing franchises,” he says. “Instead, they were growing assets. The easiest thing to grow is a bank’s assets. We could double our balance sheet tomorrow if we went out and made a lot of loans, bought securities and businesses that don’t have good returns.”
La suite: http://www.theglobeandmail.com/report-on-business/managing/the-lunch/the-revenge-of-gordon-nixon/article1815658/page1/
Rédigé par : Martin Masse | 27 novembre 2010 à 11h35
Sébas a plusieurs questions par rapport à ceci:
*
«the phase-out of reserve requirements ratio to zero»
(1992–94)
page 12
70 Years of Central Banking: The
Bank of Canada in an International
Context, 1935–2005
http://bank-banque-canada.ca/en/review/winter05-06/redish.pdf
****
Il était de $100 milliards en 2006, alors que pour les 6 premiers mois de 2009, il a atteint près de $300 milliards en nouvelles émissions. La titrisation hypothécaire, c’est lorsque qu’une banque combine différentes hypothèques pour former un portefeuille et vend ce portefeuille à des investisseurs sous la forme d’un titre à revenu fixe. La banque vend le portefeuille à un taux inférieur au taux moyen du portefeuille, ce qui lui permet de faire du profit. Il n’y a rien de mal là-dedans, sauf lorsque le gouvernement s’en mêle, utilisant notre argent pour gonfler une bulle.
Par l’entremise de la SCHL, le gouvernement se trouve à garantir ces portefeuilles titrisés. Bénéficiant de cette garantie, le taux auquel les banques vendent ces titres est pratiquement équivalent au taux sur les obligations du gouvernement (présentement 3.5%). Donc si la banque prête en moyenne à 6.5% et vend les mortgage-backed securities à 3.5%, elle enregistre un juteux profit de 3%! La SCHL charge 0.2% de frais pour la transaction, ce qui laisserait 2.8% à la banque. Conséquemment, les gains provenant de cette activité ont totalisé $3.2 milliards pour les 6 grandes banques au cours des 12 derniers mois.
Autrement dit, les banques bénéficient de la garantie implicite du gouvernement, laquelle repose sur son pouvoir de taxation. Grâce à ce programme, les banques font des milliards de profit sur notre dos; c’est comme une subvention aux banques. Pour profiter au maximum de cette manne, celles-ci prêtent à presque n’importe qui. Cela crée de la demande pour l’immobilier. Pas surprenant que les transactions soient en hausse fulgurantes (+19% en juillet 2009 versus juillet 2008 pour Montréal) et les prix des maisons ont remonté de 14% au Canada depuis le début de l’année.
http://minarchiste.wordpress.com/2009/08/31/la-schl-de-la-fraude-etatique/
*
"Afin de faire face à ces difficultés temporaires sur le marché du crédit hypothécaire canadien, le ministère fédéral des Finances a annoncé en octobre 2008 la création du Programme d’achat de prêts hypothécaires assurés (PAPHA). L’objectif déclaré du programme est d’aider « les institutions financières canadiennes à se procurer des fonds à long terme qu’elles pourront mettre à la disposition des consommateurs, des acheteurs de maisons et des entreprises du pays »(1). De 25 milliards de dollars à l’origine, l’enveloppe totale du programme a été majorée à 75 milliards de dollars en novembre 2008, puis à 125 milliards de dollars lors du dépôt du budget de 2009."
http://www2.parl.gc.ca/Content/LOP/ResearchPublications/prb0856-f.htm
***
Tout ça, n'est-ce pas une fraude faite sur le dos des contribuables ?
Et une subvention "déguisée" (i.e.bailout) aux banques?
Et n'avons-nous pas créé une bulle immobilière ici aussi?
(en 12-13 ans, l'augmentation des prix dans ce domaine, est de 100% et plus)
Et j'ai beau cherché, je ne vois pas où le Canada a augmenté la règlementation...
Et finalement, la cerise sur le sundae:
Les canadiens sont parmi les gens plus endettés au MONDE (150% de leurs revenus annuels)... et le bassin de nouveaux acheteurs possibles(pour maintenir la croissance de la bulle), est de plus en plus petit...
Ouch!
Rédigé par : Sébas | 27 novembre 2010 à 12h28
Tiens, un autre article intéressant dans La Presse:
http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/international/201011/26/01-4346830-irlande-les-creanciers-des-banques-a-contribution.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_BO4_la_2343_accueil_POS4
Nos journaleux sont tellement ignorants qu'ils ne se rendent même pas qu'ils se contredisent d'un paragraphe à l'autre, ou à tout le moins sont incapables de noter les contradictions flagrantes dans les propos d'autres personnes qu'ils citent. Marc Thibodeau cite ainsi un analyste irlandais:
"Le journaliste Fintan O'Toole, auteur d'un livre de référence sur l'effondrement de l'économie irlandaise, pense qu'il est «insensé» sur le plan économique pour l'État de continuer à injecter de l'argent dans les banques. Et «moralement obscène» de demander à la population de payer la note en se serrant la ceinture."
D'accord avec ça. Sauf qu'il poursuit:
"Pendant des années, dit-il, le gouvernement irlandais a fonctionné main dans la main avec les banques et un groupe restreint de promoteurs qui se sont concertés pour alimenter une bulle immobilière monstre vouée à l'éclatement.
Le tout dans un contexte de dérégulation totale inspirée d'une philosophie de libéralisme économique qui montre aujourd'hui ses limites, ironise M. O'Toole."
Ok, let me get this straight. Le gouvernement irlandais fonctionne "main dans la main" avec des banques et un groupe restreint de promoteurs. Et cela dans "un contexte de dérégulation totale inspirée d'une philosophie de libéralisme économique". Donc: agissements typiquement corporatistes où les politiciens et bureaucrates couchent dans le même lit qu'un groupe d'acteurs privés et leur donnent des privilèges = libéralisme économique.
Les journalistes se plaignent après qu'ils sont la cible d'attaques constantes...
Si Thibodeau ne relève pas cette incohérence mais la présente plutôt comme un commentaire pertinent, c'est évidemment parce qu'il y croit lui-même, comme la presque totalité de ses confrères et consoeurs illettrés économiques de la presse québécoise. Pour ces ignorants, un gouvernement qui aide les banques et des promoteurs à fourrer le peuple, c'est ça le libéralisme économique. Et les pauvres imbéciles pensent que la solution vient de... plus d'interventionnisme et de contrôle sur l'économie de la part de ces mêmes politiciens et bureaucrates!
Rédigé par : Martin Masse | 27 novembre 2010 à 12h32
@ Sébas
"Par l’entremise de la SCHL, le gouvernement se trouve à garantir ces portefeuilles titrisés."
Oui, c'est une des arnaques interventionnistes récentes de notre bon gouvernement "de droite" canadien qui, comme certains naïfs croient toujours, ne fait tout cela que parce qu'il est minoritaire et que l'opposition le pousse à être plus keynésien qu'il ne le voudrait.
Un collaborateur du QL en avait parlé ici:
http://www.quebecoislibre.org/09/090215-13.htm
Rédigé par : Martin Masse | 27 novembre 2010 à 12h39
@ MM qui écrit:
"Ok, let me get this straight. Le gouvernement irlandais fonctionne "main dans la main" avec des banques et un groupe restreint de promoteurs. Et cela dans "un contexte de dérégulation totale inspirée d'une philosophie de libéralisme économique". Donc: agissements typiquement corporatistes où les politiciens et bureaucrates couchent dans le même lit qu'un groupe d'acteurs privés et leur donnent des privilèges = libéralisme économique."
J'aime le ton sarcastique...
Par contre, je nous trouvent trop gentils: ces gens MENTENT ou DÉFORMENT la réalité et BERNENT des millions de personnes...
***
Martin, et pour ça, que dis-tu ???
"Et n'avons-nous pas créé une bulle immobilière ici aussi?
(en 12-13 ans, l'augmentation des prix dans ce domaine, est de 100% et plus)"
Et c'est beaucoup plus que 100% dans certaines villes/régions... du Canada. Et tout ça gracieuseté d'une "déréglementation et du libéralisme" ? (j'entends déjà les arguments des "journaleux" pour expliquer la crise ici!)
Rédigé par : Sébas | 27 novembre 2010 à 12h48
@ Sébas,
"Martin, et pour ça, que dis-tu ??? n'avons-nous pas créé une bulle immobilière ici aussi?"
Oui, c'est clair qu'il y a aussi des bulles dans certains marchés immobiliers canadiens. Nous en avons nous-même profité. Nous avons acheté notre maison à Montréal en 2003 et l'avons revendue six ans plus tard (après avoir mis toutes nos économies à la rénover) avec un bon profit.
Cela dit, pour diverses raisons, les conséquences en ont été, jusqu'à maintenant en tout cas, moins sévères au Canada. J'ai parlé de ça dans un billet il y a deux ans:
Par comparaison avec les bouleversements au sud de la frontière, le Canada semble pour le moment un havre de stabilité économique. Et si l'économie canadienne s'en sort mieux, c'est justement parce qu'il y a moins eu d'interventionnisme excessif ici qu'aux États-Unis. La Banque du Canada a été plus tempérée que la Fed dans ses injections monétaires. La SCHL occupe une place moins importante dans la titrisation des hypothèques que Fannie et Freddie. Les banques canadiennes sont mieux capitalisées que les banques américaines (d'un point de vue libertarien, elles devraient l'être bien plus encore, mais c'est moins pire qu'aux États-Unis). Il n'y a pas eu ici d'encouragement réglementaire systématique à prêter à des acheteurs de maison qui n'en avaient pas les moyens et les hypothèques à haut risque sont restées un phénomène restreint. De plus, notre dette nationale diminue d'année en année depuis dix ans alors que le crétin étatiste qui occupe la Maison-Blanche a doublé celle de son pays pendant son mandat.
http://www.leblogueduql.org/2008/10/canada-the-land.html
Tout est une question de degré, la situation au Canada est loin d'être parfaite, et est même très inquiétante à certains égards (le taux d'endettement des ménages, comme tu le soulignes, est très élevé), mais je préfère encore être ici qu'en Californie, en Grèce ou en Irlande.
Rédigé par : Martin Masse | 27 novembre 2010 à 13h06
"Par contre, je nous trouvent trop gentils: ces gens MENTENT ou DÉFORMENT la réalité et BERNENT des millions de personnes..."
Ouais mais Martin se fait rentrer dedans parce qu'il traite des "économistes renommé" d'illettré économique. À un certain niveau, il ne faut pas avoir peur des mots!! Une fille qui offre des services sexuels pour de l'argent, c'est une pute, point.
Un économiste qui se contredit constamment et n'a pas de cohérence, c'est un illettré économique. Je n'ai pas les connaissances de Martin mais je suis capable de voir quand quelque chose a du sens et ça m'assomme lorsque les gens sont incapable de sortir de la mentalité collectiviste ou de cesser d'utiliser des sophismes comme l'appel à l'autorité.
Rédigé par : Kevin | 27 novembre 2010 à 14h39
En fait la BCE représentait la pire des politiques pour une banque centrale parce que cette structure est devenu hypercentralisé.
La manipulation de la monnaie par une banque centrale produira toujours des effets délétères, mais si cette banque à des racines dans son économie locale, ses effets peuvent être moins drastiques.
La BCE fixait ses taux pour des économies aussi différentes que l'Irlande, l'Allemagne ou l'Italie.
En bout de ligne, les taux fixés pour l'ensemble de l'Europe n'était pas du tout approprié pour la situation en de l'Irlande qui aurait du besoin d'un taux beaucoup plus élevé pour s'assurer que le capital soit bien gérer.
Mais pour faire plaisir aux plus petite économie, le taux de la BCE a été trop bas en Irlande, créant ainsi une bulle spéculative.
Maintenant, mettez en perspective l'histoire de l'Irlande avec les souverainistes qui ont demandé, lors du dernier référendum, l'adoption du dollar américain dans un Québec souverain...
Rédigé par : David Gagnon | 27 novembre 2010 à 20h22
@David:
Honnêtement, le problème vient que la Zone Euro va probablement pas durer un autre cinq ans lorsque l'Allemagne va finir par mettre son pied à terre. C'est cela qui arrive lorsqu'on joue à l’apprenti sorcier.
Rédigé par : Mathieu NV | 27 novembre 2010 à 21h53
@ MM sur l'Illusion tranquille.: C'est quand même ironique de voir ce qui arrive à certaines sociétés quelques années après que des gens bien informés les aient louangés. Ça me rapelle le livre "In search of Excellence" que j'ai lu avec avidité à l'époque et dont la plupart des compagnies mises en relief comme modèles n'ont pas donné les résultats espérés à long terme.
http://en.wikipedia.org/wiki/In_Search_of_Excellence
Pour ce qui est de l'immobilier, c'est un genre richesse qui peut devenir très coûteuse si vous vous en servez pour augmenter votre pouvoir d'emprunt; tout dépendant bien sûr de ce que vous faites avec l'argent ainsi dégagé. Et de toute façon, il faut bien que l'on se loge quelque part. Si l'on vend, on doit acheter ailleurs...
L'inflation est le meilleur ami de "l'investisseur" immobilier!
Rédigé par : François 1 | 28 novembre 2010 à 05h45
"L'inflation est le meilleur ami de "l'investisseur" immobilier!"
Après une bulle inflationniste, il y a un crash...
Allez scander votre slogan aux millions d'américains qui perdent leurs maisons, vous m'en donnerez des nouvelles...
;-)
***
@ MM qui écrit:
"Tout est une question de degré, la situation au Canada est loin d'être parfaite, et est même très inquiétante à certains égards (le taux d'endettement des ménages, comme tu le soulignes, est très élevé), mais je préfère encore être ici qu'en Californie, en Grèce ou en Irlande."
*
Ouais, pour l'instant, pour l'instant.
Je ne sais pas comment les Conservateurs (et/ou Banque du Canada), vont faire pour se sortir de ce cul-de-sac:
Ils viennent d'endetter le Canada de plus de 200 000 000 000 $ ( http://www.quebecoislibre.org/09/090215-13.htm ), pour subventionner les banques et ils récoltent quoi?
1/
Une bulle immobilière "litora-to-litora"... qui risque de "péter" d'un instant à l'autre...
2/
Des ménages sur-endettés... (en partie à cause de cette bulle)
3/
Une dette qui explose littéralement:
http://www.quebecoislibre.org/09/090215-13.jpg
Rédigé par : Sébas | 28 novembre 2010 à 07h37
@ François 1:
Vous dites:
"C'est quand même ironique de voir ce qui arrive à certaines sociétés quelques années après que des gens bien informés les aient louangés"
Presque tous ceux qui ont louangé ces sociétés l'ont fait AVANT la bulle immobilière... keynésienne.
Rédigé par : Sébas | 28 novembre 2010 à 07h39
Merci M. Masse,
J'étais sur le point d'écrire un texte sur le sujet car j'en avais marre des putains d'ignares économiques ramenant sans cesse, à tort, l'exemple irlandais comme la preuve de ce qu'ils croient.
Comme le disait Montaigne : "Rien n'est plus crû, que ce qui n'est point connu."
Vous l'avez fait bien mieux que je n'aurais pu le faire.
Merci encore!
Rédigé par : Yannick Gagné | 28 novembre 2010 à 21h04