par Martin Masse
Les partisans de l'étatisme monétaire vont devoir s'y faire: le débat sur les politiques inflationnistes désastreuses de la Réserve fédérale américaine et des autres bureaucraties bancaires de la planète ne cesse de prendre de l'ampleur et pourrait bientôt entrer dans une nouvelle phase.
Le principal critique de la Fed aux États-Unis depuis trois décennies, le congressman Ron Paul, deviendra en effet à compter de janvier président du sous-comité de la Chambre des représentants responsable des services financiers. C'est devant ce comité que le président de la Fed, Ben Bernanke, vient régulièrement faire rapport.
M. Paul y siège depuis déjà plusieurs années et aurait dû normalement en devenir président il y a longtemps selon les règles d'ancienneté, mais le leadership du Parti républicain - presque aussi pro-inflation que celui du Parti démocrate - s'était arrangé jusqu'ici pour l'empêcher d'obtenir ce poste.
Ron Paul a publié récemment l'essai End the Fed. C'est la décision du président Nixon en août 1971 de briser le dernier lien formel qui restait entre le dollar et l'or (soit la possibilité pour les banques centrales étrangères d'exiger de l'or en échange de leur réserves de dollars), qui l'a incité à se lancer en politique quelques années plus tard et à défendre un point de vue libertarien intransigeant inspiré de l'école d'économie autrichienne.
Cette décision de Nixon (un républicain étatiste), l'une des mesures ayant eu le plus de répercussions sur l'économie mondiale ces dernières décennies, a éliminé le peu de restriction qui subsistait à la capacité de la Fed de créer de l'argent à partir de rien. Elle a ouvert la période de turbulences monétaires intenses dans laquelle nous nous trouvons depuis 40 ans, celle de la stagflation des années 1970, des récessions de 1980-81 et 1990-91, des booms et des krachs qui se sont succédés depuis.
Si ces politiques inflationnistes se poursuivent, dans les livres d'histoire du 22e siècle, on parlera sans doute de la période actuelle comme celle où la civilisation décadente de l'Occident se sera suicidée en pensant pouvoir vivre à crédit indéfiniment. Cette folie inflationniste, enclenchée avec la décision de Nixon même si elle trouvait son origine au début du 20e siècle avec la fin de l'étalon-or classique, aura accéléré son déclin et permis l'émergence décisive d'une civilisation asiatique devenue dominante économiquement, culturellement et militairement à partir de 2050.
Selon un sondage publié cette semaine, 39% des Américains croient que la Fed devrait davantage rendre des comptes et 16% souhaiteraient qu'elle soit abolie. Un autre 37% des personnes sondées ne souhaitent aucun changement.
Le seul politicien canadien qui s'intéresse aux questions monétaires et en parle publiquement, Maxime Bernier, a quant à lui posté ce message vidéo sur son blogue cette semaine, où il reprend la même critique que Ron Paul. Son patron illettré économique, l'étatiste de droite Stephen Harper, donnait quant à lui son appui aux politiques inflationnistes de la Fed il y a quelques semaines.
Lorsqu'un pays déclare faillite et qu'il arrête de transférer de l'or aux autres pays en échange des billets qu'il a émis, comment se fait-il que les autres pays acceptent la situation?
Rédigé par : Anne-Marie Provost | 10 décembre 2010 à 18h21
@ Anne-Marie,
Pas compliqué, c'est parce qu'ils n'ont pas eu le choix.
Les États-Unis sont la superpuissance hégémonique incontestée après la Seconde Guerre mondiale et ils imposent à tout le monde le système de Bretton Woods qui les favorise en 1944. Le fait que les gouvernements, banques centrales et acteurs privés du reste du monde acceptent ces dollars et s'en servent comme réserve ainsi que pour leurs transactions entre eux et pour payer des produits essentiels comme le pétrole a permis au système de se maintenir. (Ils n'ont pas vraiment le choix, leur faiblesse économique les y oblige, sans compter tous ces régimes pro-américains maintenus en place par la CIA dans les républiques de bananes en Amérique latine, en Asie, Afrique et au Moyen-Orient.)
Depuis 1945, les Américains vivent donc au-dessus de leurs moyens en créant de l'inflation (en imprimant des dollars) qu'ils exportent au reste du monde. Concrètement, ils importent des biens et services et ils exportent en échange des bouts de papier avec un peu d'encre vert dessus, que tout le monde est content d'avoir. C'est ce que De Gaulle appelait le "privilège exorbitant" des Américains.
Tant que l'économie américaine était énormément plus productive que celle du reste du monde, et que les Américains n'ambitionnaient pas trop, ça a fonctionné. Dans les années 1960, avec la guerre du Viêt-Nam et les nombreux nouveaux programmes sociaux coûteux de la Great Society de Johnson, la Fed s'est mise à créer beaucoup trop d'inflation. C'est la France sous De Gaulle qui a d'ailleurs été à l'avant-garde dans l'effondrement partiel de ce système en échangeant systématiquement des dollars pour de l'or. (Voir par exemple cette vidéo de 1965 où, en moins de deux minutes, de Gaulle affirme que le système est injuste et instable et qu'il faut retourner à l'étalon-or: http://fortune.fdesouche.com/4779-de-gaulle-lor-et-le-dollar ).
Les réserves d'or américaines diminuant de façon dangereuse, le gouvernement de Nixon n'a pas eu le choix de renier son engagement à convertir les dollars en or. Tout le monde s'est fait fourrer, mais qu'est-ce qu'ils pouvaient bien faire contre l'empire? La plupart des pays poursuivait de toute façon des politiques de développement mercantiliste et voyaient un avantage à maintenir l'étalon-dollar pour encourager leurs exportations aux États-Unis (comme la Chine le fait encore aujourd'hui).
Le pire, c'est que ce système s'est poursuivi, avec encore plus d'inflation qu'avant, après 1971, entraînant toujours plus de distortions monétaires à l'échelle mondiale. Mais l'hégémonie américaine n'est plus ce qu'elle était, ni la productivité du pays. Et l'endettement massif des dernières années fait en sorte que le reste du monde voit de moins en moins l'intérêt de garder le dollar comme monnaie de réserve mondiale.
D'où les discussions ouvertes ces dernières années partout dans le monde sur la nécessité de remplacer le dollar par autre chose, soit un panier de devises, des droits de tirage internationaux, ou l'or qui revient à la mode.
Malheureusement, presque personne ne connaît et ne comprend l'histoire monétaire et économique mondiale. Pourtant, il y a un lien absolument direct entre ce que disait de Gaulle en 1965 et la situation économique mondiale d'aujourd'hui...
Rédigé par : Martin Masse | 10 décembre 2010 à 20h43
Et dire que j'était un groupie de l'Euro (la monnaie) et que je rêvais que l'Amérique du nord adopte le dollar US il y a peine 3 ans LOL
Comme quoi, faut toujours garder l'esprit ouvert et ne jamais rester toujours camper sur ses positions ;-)
J'ai déja entendu quelque part que l'Empire romain s'était écroulé en partie à cause de l'inflation.
Si c'est le cas, c'est ironique combien l'Histoire se repète et que l'être humain n'apprend jamais des erreurs du passé...
Rédigé par : Martin | 10 décembre 2010 à 21h26
@ Martin,
"J'ai déja entendu quelque part que l'Empire romain s'était écroulé en partie à cause de l'inflation. Si c'est le cas, c'est ironique combien l'Histoire se repète et que l'être humain n'apprend jamais des erreurs du passé..."
En effet. À lire sur ce sujet:
"Le déclin de l'étatisme romain"
http://www.quebecoislibre.org/000610-14.htm
Rédigé par : Martin Masse | 10 décembre 2010 à 21h38
@Martin:
Je suis allé au Kentucky (un très beau coin des États-Unis) il y a environ deux ans (qui a ironiquement maintenant comme sénateur le fils de Ron Paul). Honnêtement, après avoir visité le musée à Fort Knox (et non, il est très difficile de voir la réserve d'or), je me suis demandé si l'or à Fort Knox n'a une certaine «valeur» en cas de dévaluation du dollar US?
Soit dit, il est ironique que FD Roosevelt a procédé à une augmentation considérable des pouvoirs de la Fed avec l'ordre exécutif numéro 6102: http://matvail2002.wordpress.com/2010/11/11/le-plus-gros-racket-de-lhumanite/
Rédigé par : Mathieu NV | 10 décembre 2010 à 22h06
Merci pour le billet et la compréhension de ce genre de question me semble déterminante, urgente et je me sens profondément ignare, mais je ne peux au passage m'empêcher d'égratigner Bernier.
Qu'est-ce qui peut lui permettre de critiquer la politique monétaire d'un côté et de rester silencieux sur les abus des flics de l'autre lors du G-20 ou encore d'approuver l'achat des F-35? Car même si le billet prend la peine d'écorcher Harper, Bernier le cautionne néanmoins. Pire, il fait le plein en n'étant pas pour le conservatisme moral ici, alors qu'il s'affiche comme un libertarien à l'ouest, ce faisant il est populaire dans les deux tendances rivales du PC, mais sans montrer son vrai visage. Pas sûr que son passage à Calgary aurait été aussi profitable s'il avait parlé des droits des homosexuels...
Dans les débats, on indique souvent que je ne comprends pas bien l'idéologie libertarienne et que je la confonds avec le corporatisme étatique néolibéral, mais ce genre d'amalgame dans le présent billet contribue plus à me plonger dans la confusion qu'à m'éclaircir.
S'il y en a un qui a profité de l'État, c'est bien Desmarais, et sa belle-fille est présidente de l'IEDM dont Bernier fut un vp, comment peut-il simultanément manger à tant d'auges?
Rédigé par : l'engagé | 11 décembre 2010 à 00h10
IL y a un truc que je ne comprends pas avec l'histoire des F-35, c'est quoi le scandale ? (je veux dire d'un point de vue étatiste). On nous dit que c'est sans appel d'offre alors qu'il n'y a pas 50 constructeur d'avion de chasse.
Et pour répondre à la question, Maxime Bernier semble surtout parler du point de vue économique, bon il pourrait bien glisser un mot sur les fameux certificats de sécurité.
Rédigé par : Bobjack | 11 décembre 2010 à 11h02
@A Tous:
"Qu'est-ce qui peut lui permettre de critiquer la politique monétaire d'un côté et de rester silencieux sur les abus des flics de l'autre lors du G-20 ou encore d'approuver l'achat des F-35?"
Un bon exemple des techniques de sabotage dialectique que je mentionne dans mon dernier commentaire, concernant l'article de MM sur le retour de l'économie autrichienne http://m2.typepad.com/leblogueduql/2010/11/le-retour-de-hayek-et-de-lecole-autrichienne.html?cid=6a00d8341cb44a53ef0148c69f8e9a970c#comment-6a00d8341cb44a53ef0148c69f8e9a970c
Remarquez bien le "one-two" punch: 1) d'abord énoncé d'une évidence sans aucune pertinence (les abus des flics au G20 ,si c'est pas un abus étatique, je ne sais pas ce que c'est, et je ne vois pas qui de Bernier ou des participants a ce blogue soutiendrait ca ), donc effet de légitimation de l'auteur par association car qui peut être contre la vertu? Puis 2) culpabilisation du contradicteur, encore par association, puisque le fait que dans sa position actuelle Bernier soit mal placé pour influer sur le contrat des F-35, ca n'a rien évidemment rien a voir avec sa position sur QE2 (l'enragé, pardon l'égaré, pourrait tout aussi bien lui reprocher de n'avoir pas abordé la question du réchauffement climatique ou du droit a l'avortement dans son intervention).
Je demande donc l'effacement du dernier commentaire de l'engagé, ainsi que de tous ses autres commentaires subséquents tant qu'il continuera a prendre les gens pour des imbéciles, et de ce commentaire-ci par la même occasion qui n'est fait que pour dénoncer le sabotage intentionnel auquel se livre notre bolchévique local. C'est de la pollution, du bruit, du remplissage, de la m...
Rédigé par : Pierre-Yves | 11 décembre 2010 à 11h53
Pierre-Yves> Surtout pas, ça risque de tourner le blog en cyberpresserie. Ceux qui liront les messages et la suite et qui feront preuve d'un tantinet d'esprit critique comprendront (I hope).
Sa permet aussi de mettre en lumière des techniques de tromperie intéressantes et d'instruire éventuellement les intéressés.
Rédigé par : Bobjack | 11 décembre 2010 à 12h56
Oui Bobjack!
Je crois que Pierre-Yves se trompe en partie. Il faut quand même les laisser parler (écrire). Et comme dit Martin Masse, nous ne sommes pas obligés de répondre systématiquement (ce que j'ai trop souvent tendance à faire).
Et je ne veux surtout pas que le TRÈS BON message de Pierre-Yves (11 décembre 2010 à 11h53) soit effacé: c'est vraiment bien expliqué pour démontrer leurs "méthodes".
Je trouve que certains (comme P-Y et Martin Masse), veulent un blogue propre, propre, propre (je parle pour ma paroisse là, car je suis loin d'être parfait ;-) ), mais parfois, je crois il faut laisser quelques dérapages (pas tous: je comprends!), pour fin d'éducation.
Les débats d'idées purs, dénués d'émotions, de tactiques malveillantes, de 'tites' attaques, etc, seraient l'idéal, mais encore là, cela ne reflète pas ce qui se passe dans la société, donc, c'est moins efficace pour outiller TOUT le monde(y compris moi-même: j'y travaille toujours).
***
Bon, qui a lu ça?
"The Wall Street Pentagon Papers: Biggest Scam In World History Exposed - Are The Federal Reserve’s Crimes Too Big To Comprehend?"
http://ampedstatus.com/the-wall-street-pentagon-papers-biggest-scam-in-world-history-exposed-are-the-federal-reserves-crimes-too-big-to-comprehend
Rédigé par : Sébas | 11 décembre 2010 à 13h17
Encore une fois, on s'en f... ici du G20. Ce n'est pas le thème de l'article. C'est ce que dit M. Bernier sur son vidéo qui est intéressant ici.
Pour ma part, entre parenthèses, je ne suis pas du tout convaincue que l'Engagé représente quoi que ce soit du "vrai public" à "convaincre". Le QL ne me semble pas fait pour les cas désespérés. Et cela me fatigue aussi de voir partir les discussions dans tous les sens sous l'effet d'amalgames permanents. Le mieux serait peut-être que l'Engagé se donne quelques semaines pour lire les multiples textes qui lui ont été indiqués et au retour - si retour il y a - SVP juste quelques posts pas hors sujet (et brefs)...
Pour en revenir au sujet du billet, je suis toujours étonnée de l'approbation quasi générale rencontrée dans les médias par la politique inflationniste de la Fed ou de la BCE, y compris en ce moment où ces institutions persistent dans l'erreur et en remettent même une couche, alors que les effets néfastes de leur politique sont manifestes.
Rédigé par : Marianne | 11 décembre 2010 à 16h03
On peut être inconfortable face à la politique monétaire américaine. Mais comment cette analyse peut-elle être appliquée au Canada ? Avons-nous les mêmes problèmes ? Si oui, dans quelle mesure ?
Rédigé par : lutopium | 12 décembre 2010 à 07h02
@ lutopium,
"comment cette analyse peut-elle être appliquée au Canada ? Avons-nous les mêmes problèmes ? Si oui, dans quelle mesure ?"
Le système inflationniste de monnaies fiduciaires (monnaies qui ne s'appuient sur rien d'autre comme l'or et que les banques centrales peuvent donc créer à l'infini, sans aucune limite) existe partout dans le monde. C'est tout le système financier mondial qui est touché et l'analyse peut donc être appliquée au Canada aussi, mais avec d'importants bémols.
-Le dollar canadien n'est pas une monnaie de réserve mondiale comme le dollar US. C'est ce statut qui fait des politiques de la Fed un problème pour le monde entier et qui rend le dollar US particulièrement précaire. Il y a des centaines de milliards de dollars US détenus à l'extérieur des États-Unis par des banques centrales et des investisseurs. Chaque fois que la Fed crée des dollars additionnels, cela a pour effet de dévaluer les dollars existants. À un moment donné, les détenteurs de dollars à l'étranger (notamment les Chinois, comme je l'ai mentionné à quelques reprises sur ce blogue) vont décider qu'il y a trop de risque à garder des dollars et des obligations en dollars et vont chercher à s'en départir. Si tout le monde veut se débarrasser de leurs dollars, sa valeur va s'effondrer. Cet argent va revenir aux États-Unis et inonder l'économie américaine. Il pourrait y avoir de l'hyperinflation. Les Américains vont devoir payer beaucoup plus cher pour leurs produits importés à cause de la dévaluation de leur monnaie.
Bref, tous les avantages d'avoir une monnaie de réserve mondiale, qui leur ont permis de vivre au-dessus de leurs moyens depuis des décennies, vont maintenant devenir de gros désavantages si plus personne ne veut de cette "réserve". Le niveau de vie des Américains va fortement diminuer et plus personne ne voudra leur prêter les fonds pour leur permettre de continuer à vivre à crédit à coups de billions de dollars de déficits budgétaires, comme ils le font présentement. Comme je l'écrivais dans mon premier commentaire ci-haut, de Gaulle avait une analyse similaire en 1965, ça fait des décennies que le processus est en cours et les politiques de Bush et Obama font en sorte que ça s'accélère. Ça n'arrive pas d'un seul coup, pas plus que Rome s'est effondrée en un jour, mais la logique économique est inéluctable. On ne peut pas vivre indéfiniment à crédit, même si la grande majorité des illettrés économiques qui nous gouvernent, qui parlent d'économie dans les médias et qui enseignent l'économie dans nos universités le croient.
Pour le Canada, si ce scénario se réalise, ça veut dire que nos exportations vers les États-Unis vont en prendre un coup et qu'il faudra se réajuster en exportant ailleurs. Nous avons l'avantage d'avoir des ressources naturelles très en demande ailleurs dans le monde, mais le marché américain compte tout de même pour 70% de nos exportations, donc le réajustement ne se fera pas tout seul.
-Le reste de l'analyse peut aussi être appliqué au Canada mais dans une moindre mesure. La Banque du Canada a elle aussi suscité trop d'inflation monétaire, mais moins que les Américains. (Vers 2003-04, j'étais sur la liste de discussion des Mises Scholars de l'Institut Mises, et tous le monde se plaignait des politiques inflationnistes de Greenspan, taux d'intérêt à zéro, etc., et je me souviens avoir envoyé un message à la liste disant que la Banque du Canada semblait beaucoup plus prudente, une rare bonne nouvelle pour le Canada.) Nos banques et les politiques du gouvernement ont encouragé l'endettement personnel (et ce niveau est inquiétant, comme la Banque du Canada - pourtant la principale responsable du problème - l'a hypocritement encore souligné la semaine dernière), mais moins agressivement qu'aux États-Unis et avec moins de distorsions manifestes. Il y a eu une bulle immobilière ici aussi, mais moins gonflée qu'aux États-Unis. Le gouvernement canadien a diminué sa dette pendant une décennie pendant que les Américains continuaient de l'augmenter.
Nous sommes relativement avantagés par tout ça, mais si le dollar US - et l'euro, et tout le système financier mondial - s'effondre, nous allons y goûter aussi. La durée du réajustement va dépendre de la réaction des gouvernements, qui vont soit empirer les choses avec des politiques interventionnistes débiles comme pendant la dépression des années 1930 (guerres commerciales, manipulation des monnaies, endettement massif, contrôle des prix et salaires, réglementation à outrance, cartellisation forcée des secteurs économiques pour empêcher une concurrence jugée néfaste, destruction de ressources agricoles pour soutenir artificiellement les prix, programmes gigantesque de travaux publics pour créer des emplois artificiels, etc.) et étirer les problèmes pendant plus d'une décennie, soit retourner à des politiques plus saines fondées sur le libre marché, ce qui permettrait de relancer l'économie sur des bases plus saines et durables.
Rédigé par : Martin Masse | 12 décembre 2010 à 08h36
à Marianne
Que « L'engagé » (mais quel pseudonyme pompier !) rapplique sans cesse avec le même genre de baratin n'a rien de bien surprenant. Les belles âmes de gauche pratiquent souvent ce que j'appellerais le « totalitarisme moral ». C'est une version revampée d'une autre spécialité de la gauche bien-pensante, l'amalgame plus ou moins insultant et réducteur.
Quand un individu déplaît aux belles âmes de gauche (et c'est évidemment le cas pour Maxime Bernier) , elles l'accusent de ne pas condamner en même temps TOUT ce qu'on DEVRAIT, selon elles, condamner. Elles l'attaquent, en somme, au nom d'une espèce de « cohérence morale » absolue, aussi impossible qu'inhumaine puisque totale et sans faille.
« Cohérence morale » dont les belles âmes de gauche établissent elles-mêmes les paramètres, et dont elles prétendent, de surcroît, être les seules dépositaires, le reste du monde étant évidemment peuplé d'hypocrites et de bigots... C'est une attitude plutôt désagréable parce qu'elle tourne invariablement au procès d'intention.
Pour un type comme « L'engagé », si Maxime Bernier ne passe pas son temps à s'indigner des excès du G-20, des « coupes sauvages » dans les subventions à la « culture », des dépenses militaires ou de l'exploitation des sables bitumineux, alors ses opinions (y compris sa critique des politiques monétaristes des gouvernements américains et canadiens) ne sont tout simplement pas recevables.
Rédigé par : B. Vallée | 12 décembre 2010 à 15h12
Merci Martin d'avoir pris le temps de répondre. Pourrait-on en conclure également qu'une telle sortie publique de Bernier ne choquera pas son patron car il y commente les politiques monétaires américaines et non l'approche étatique de son gouvernement ?
Rédigé par : lutopium | 13 décembre 2010 à 07h37
@ lutopium,
"Pourrait-on en conclure également qu'une telle sortie publique de Bernier ne choquera pas son patron car il y commente les politiques monétaires américaines et non l'approche étatique de son gouvernement ?"
Il a critiqué un point spécifique de la politique monétaire canadienne, la cible d'inflation de 2%. Voir notamment sur son blogue:
http://www.maximebernier.com/2009/04/markcarney/
http://www.maximebernier.com/2009/11/cible/
http://www.maximebernier.com/en/2010/06/inflation/
C'est toutefois la Fed (et, dans une moindre mesure, la BCE) qui est en train de détruire le système monétaire mondiale, alors que la BduC a une influence marginale.
Rédigé par : Martin Masse | 13 décembre 2010 à 08h56
P/R Maxime Bernier
M. Bernier est dans une position de force par rapport à Stephen Harper. D'abord il est député est non pas ministre. Il ne peut pas être démis de ses fonctions de député par le premier ministre.
De plus il est très populaire en Beauce. Jamais le PM oserait intervenir pour que l'association locale le dégomme lors des prochaines élections. Çà marcherait pas et çà sèmerait la zizanie dans le parti au Québec.
Donc Maxime a les coudées franches.
À la moindre défaillance du PM il va y avoir des prétendants à la couronne et M. Bernier sera en liste.
Rédigé par : Philippe Texier | 13 décembre 2010 à 20h53
Pour faire plaisir à l'engagé, est-ce que M. Bernier pourrait s'il-vous-plait tenir le même discours que Guy A. Lepage ET ENSUITE critiquer la Fed afin de restaurer l'ordre public.
merci
Rédigé par : m-a-t | 14 décembre 2010 à 08h44
Martin Masse,
Sur la consommation des ménages américains, je pense qu'on peut aussi évoquer le rôle de la banque centrale chinoise.
Si les américains consomment trop chinois, ou que les chinois ne consomment pas assez américain, les dollars qui vont entrer en Chine vont faire monter le yuan. Concrètement, les entreprises chinoises doivent convertir les dollars reçus en monnaie locale pour payer leurs salariés, mais comme les chinois n'importent pas assez (ou les américains importent trop), il y a peu de dollars qui transitent sur le marché des changes, et trop de yuans. Le yuan coûte plus cher, et les entreprises seront forcées d'augmenter le prix des produits chinois à l'export.
Comme il n'y a pas assez de yuans transitant sur le marché des changes, la BC chinoise imprime des billets pour "capturer" les dollars entrants; le yuan ne monte pas, et le prix des produits chinois à l'export reste très bas, mais l'inflation en Chine est extrêmement forte.
L'autre conséquence de cette politique, c'est qu'elle subventionne la consommation des américains.
D'abord, parce que le gouvernement américain rachète les dollars stockés par la BC chinoise en émettant des T-Bond.
Ensuite, parce que l'afflux de produits chinois sur le sol américain empêche les prix de monter. Et puisque les prix ne montent pas, la Fed n'est pas pressé de relever les taux.
Rédigé par : M.H. | 14 décembre 2010 à 10h05
"le yuan ne monte pas, et le prix des produits chinois à l'export reste très bas, mais l'inflation en Chine est extrêmement forte."
Peut-être, mais habitant et travaillant en Chine depuis presque 2 mois, je peux confirmer que les prix sont très bas ici et que l'inflation n'a pas encore touché les biens courants.
Il faut dire aussi que les prix ici sont très variables. Il est possible de très bien manger pour 5-6 yuans ou bien avoir un autre repas équivalent pour 30 yuans.
Rédigé par : Yan | 14 décembre 2010 à 22h12
Yan,
Quand je parlais d'inflation, je parlais d'inflation "monétaire", surtout.
Si les prix à la consommation sont stables, ça veut dire que l'inflation est ailleurs. Dans le marché immobilier. Et ce n'est pas compté dans l'indice des prix. On considère dès lors qu'il n'y a pas d'inflation (et qu'il n'y a pas besoin de changer sa politique monétaire) mais c'est faux.
Enfin, c'était juste pour dire que ce que fait la BC chinoise, c'est assez dangereux.
Rédigé par : M.H. | 15 décembre 2010 à 05h38
Un nouveau film (BD, plus exactement), sur la FED, qui a l'air très bon:
"The American Dream" (trailer):
http://vimeo.com/15365559
Celui qui a fait ce film (Tad Lumpkin), discute avec 'Judge Napolitano':
"Is the Fed Robbing Us Blind?"
http://www.youtube.com/watch?v=utADsDEgeNc
Site du film:
http://www.theamericandreamfilm.com/
Rédigé par : Sébas | 17 décembre 2010 à 08h58