par Pierre-Guy Veer
Journaliste indépendant
Les années se suivent et se ressemblent chez ceux qui veulent plus d'intervention de l'État dans l'économie. Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) a commencé l'année en publiant un nouveau rapport décriant le fait que les chefs d'entreprises gagnent en moyenne 150 fois le salaire des autres travailleurs, soit 6,64 M $ contre 42 988 $. Il va même jusqu'à dire que les chefs d'entreprises sont à l'abri des récessions.
Vraiment? Un autre rapport du même organisme, sorti exactement deux ans auparavant, montre très clairement que les chefs d'entreprise sont au contraire vulnérables aux récessions.
En effet, en 2009, les 100 chefs d'entreprise les mieux payés au Canada gagnaient en moyenne 10,41 M$. Par rapport à 2011, c'est donc une diminution de 37% avant inflation. De plus, dans le rapport de 2009, on indiquait que le Canadien moyen gagnait 40 237 $. En 2011, il gagnait 7% de plus avant inflation. En 2009, les chefs d'entreprises gagnaient donc, en moyenne, 259 fois le salaire moyen, contre seulement 150 aujourd'hui.
Curieusement, dans le dernier rapport, on ne fait aucunement référence aux années précédentes. Pourquoi? Mystère... Bref, les chefs d'entreprises ont bel et bien été touchés par la récession, et nettement plus durement que le travailleur moyen.
En fait, la seule «réponse» que j'ai trouvée sur Internet disait que les hauts salaires des dirigeants d'entreprise empêchaient les travailleurs de toucher leur juste part de la richesse ainsi créée. En d'autres mots, si les patrons gagnaient moins (ou étaient imposés plus), les autres travailleurs seraient plus riches.
Égaliser la misère
Est-ce que taxer plus les revenus (et donc, mieux «distribuer» la richesse) est un gage de succès pour une société?
Avant les réformes économiques de Deng Xiaoping en 1981, à une époque ou l'État contrôlait à peu près tout de l'économie chinoise, le coefficient de Gini (une mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée) en Chine était de 0,291, ce qui représente une société relativement égalitaire (voir Banque mondiale, p. 31). Toutefois, le taux de pauvreté dans l'Empire du Milieu (gens qui vivent avec moins de 2$/jour) frôlait les 98%. Bref, Winston Churchill avait raison: «Le socialisme, c'est la distribution égale de la misère».
Une génération plus tard, soit en 2005, le coefficient de Gini a augmenté de 42,6% à 0,415, mais le taux de pauvreté a diminué à 37% de la population. Je me demande ce que les Chinois préfèrent: 1981 ou 2005?
La Chine représente un exemple extrême de l'insignifiance du coefficient de Gini. Qu'en est-il du Canada? En 1981, il se situait après impôts et transferts à 0,348 (voir Statistique Canada, 2008, p. 102-103); il a augmenté à 0,395 en 2005, soit de 13,5%. Toutefois, le taux de faible revenu est resté exactement le même, soit 15,4% de la population (Idem, p. 140-141). Bref, malgré une répartition plus inégale des revenus, la pauvreté est demeurée relativement stable.
Même le Québec, paradis nord-américain des impôts et taxes, n'échappe pas à cette tendance. De 0,345 en 1981, le coefficient de Gini est passé à 0,382 en 2005, soit une augmentation de 10,7%. Malgré tout, le taux de faible revenu a diminué de 18,7 à 17,2%. Au premier coup d'oeil, c'est mieux que l'Ontario: son coefficient de Gini a augmenté de 16,5%, de 0,339 à 0,395, de même que son taux de faible revenu, qui est passé de 9,5 à 10,5%.
Mais en regardant un peu plus, on se rend compte que le Québec n'est pas plus riche. En effet, le revenu disponible moyen (voir Statistique Canada, 2009, p. 139), sur la période mentionnée plus haut, a toujours été inférieur à celui de l'Ontario. En fait, l'écart a même augmenté: de 17% en 1981, il est passé à 22% en 2006.
Créer plutôt que spolier la richesse
En conclusion, et n'en déplaise au CCPA et à Ed Broadbent, taxer «les riches» pour aider «les pauvres» est complètement futile. Au contraire: en taxant moins les premiers (les 6% les plus riches au Canada fournisse 30% de l'impôt, après tout), on les incite à épargner davantage, à prêter et à investir, ce qui créera plus d'emplois et de richesse pour tous.
Le problème avec le Gini, c'est que celui-ci glorifie des juridictions où tout le monde est pauvre égal. Ça fait cliché mais c'est pas faux!
Or, le Belarus, le Kyrgyzstan, l'Éthiopie ou l'Albanie ne sont pas des meilleurs exemples pour glorifier ce coefficient.
Rédigé par : Mathieu NV | 11 janvier 2011 à 18h14
C'est un peu déprimant en effet, ce genre de niaiserie. J'ai parfois l'impression qu'avec l'augmentation de l'immigration en provenance d'Europe francophone, souvent des étatistes indécrottables (ils n'ont jamais connu autre-chose), attirés par la réputation du Québec en tant que modele de société social-démocrate, il y'a un public grandissant pour ce genre de bêtises.
Mais en fait la seule chose qui me dérange, c'est que les salaires des dirigeants d'entreprise ne soient pas liés plus strictement a la performance de leurs organisations, et cette problématique est évidemment plus aigue dans le secteur public ou l'on se fout de la rentabilité comme de l'an quarante.
Il n'y a donc pas de probleme d'inégalité des rémunération, il y'a un problème de gouvernance dans les organisations. Et je pense que ce probleme est souvent aggravé par la réglementation, qui permet aux conseils d'administration d'attribuer des notes de faveur aux équipes de directions tant et aussi longtemps qu'elle rencontrent des critères de performance bureaucratiques déconnectés des facteurs de succès durables du modele d'affaire qu'ils sont supposés gérer.
On voit souvent des dirigeants d'entreprise décrocher des boni faramineux 'simply by going through the moves', au lieu de se préoccuper véritablement de bâtir des compagnies solides et véritablement rentable, ce qui demande un peu plus de jugeotte que de se conformer béatement a Sarbanes-Oxley. Un peu d'ésotérisme managérial par la-dessus, un p'tit glaçage de 'conscience sociâââle' et hop! La subvention gouvernementale est garantie pour l'année prochaine.
On a au Québec une élite des affaires qui 'fait semblant', sur le bras des contribuables, et ça c'est un problème beaucoup plus préoccupant que l'inégalité des revenus.
Rédigé par : Pierre-Yves | 11 janvier 2011 à 19h09
Pour faire changement Pierre-Yves, je suis d'accord avec vous, sans sarcasme.
Les dirigeants sont rémunérés pour faire plaisir aux actionnaires, mais les actionnaires sont justement les moins fidèles pour l'entreprise. Si les dividendes ne sont pas aussi hauts qu'ils ne s'y attendent, ils vont vendre leurs actions avant qu'elle ne baisse trop. Les fournisseurs et les travailleurs, de leur côté, ont investi de leurs talent et de leur énergie d'une telle façon qu'ils se sont souvent spécialisés pour leur entreprise, quitter l'entreprise peut leur causer un véritable préjudice puisque ce talent et ce temps, pour ainsi dire capitalisé dans l'entreprise n'aura pas la même valeur ailleurs.
Ce sont donc les travailleurs qui ont le plus intérêt à ce que l'entreprise soit compétitive à long terme et qu'elle réinvestisse une part importante de ses profits pour se moderniser ou innover et de cette façon plaire aux consommateurs en offrant un «petit plus».
Pour l'actionnaire, il est important de ne justement pas trop s'impliquer pour être capable de vendre au meilleur moment, et comme les actionnaires préfèrent les gros dividendes juteux, tant qu'on le leur verse, ils ne regardent pas vraiment la santé des entreprises. Pire on fait du rachat d'actions avec les profit pour augmenter la valeurs des actions et ce faisant on étouffe littéralement la croissance des entreprises.
Comme les gros actionnaires de la finance savent plus ou moins avant tout le monde que le château va s'écrouler, ils retirent leur bille et laissent le reste aux petits investisseurs lesquels se ramassent avec des entreprises en difficulté.
Après ça vient nous faire la leçon, pfh...
Rédigé par : l'engagé | 11 janvier 2011 à 20h06
Margaret Thatcher l'avait expliqué remarquablement à la Chambre des Communes. On rêve de voir un politicien actuel capable de faire une telle démonstration : http://journal-libertas.blogspot.com/2010/08/daily-thatcher-2.html
Rédigé par : Libertas | 12 janvier 2011 à 04h58
Je crois fortement que la pauvreté est surtout en esprit chez les étatistes.
Dans un libre marché capitaliste qui respecte pleinement les droits à la propriété privée et aux libertés civiles et médicales, il y a très peu de pauvres véritables.
De plus, il est possible de facilement combler ses besoins de base et survivre avec un minimum de confort.
La richesse et la pauvreté est relative. Quelqu'un qui gagne $50 Millions à lotto Max est très riche par rapport à un ouvrier au salaire minimum mais très très pauvre par rapport à Warren Buffet ou Bill Gates.
Vouloir égaliser ces deux extrêmes est complètement ridicule.
On voit clairement que le but des étatiste n'est pas le bien être, la réussite et le succès du peuple mais bien le nivellement vers le bas. Tous égaux dans la misère.
Il faut plutôt privilégier la liberté économique, la propriété privée, les libertés civiles et les opportunités d'affaires et d'emploi.
Ainsi, nous ne serons pas tous riches mais nous aurons tous l'opportunité d'améliorer notre sort.
Rédigé par : Resitant | 22 janvier 2011 à 12h50