par Michel Kelly-Gagnon
(Note: Cet article fait suite aux prédictions de Michel Kelly-Gagnon pour l'année 2019 et pour l'année 2022. M. Kelly-Gagnon est président de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.)
Voici une revue des faits saillants de ce qui pourrait bien être l'actualité politique des années 2032 à 2034.
-2032-
Michel Kelly-Gagnon, devient Grand Prêtre du Culte de Gaïa, une religion écologiste maintenant officiellement reconnue par le gouvernement du Québec.
Steven Guilbaut décède tragiquement lors d'un accident d'hydravion alors qu'il survolait un atoll éloigné des Maldives. Il est canonisé sur le champ et devient le premier saint du Culte.
Kelly-Gagnon déclare: «Steven est mort pour nous tous. Pour racheter nos offenses envers Gaïa et nous mener vers la Lumière. Il n'a pas eu peur de se sacrifier personnellement en allant religieusement mesurer le niveau de l'eau des Maldives, à chaque année, pendant dix années consécutives, et ce toujours en plein mois de janvier!»
Quand quelqu'un ose soulever que, justement, le niveau d'eau n'a pas encore monté d'un pouce malgré les constantes affirmations, depuis 50 ans, à l'effet que les Maldives sont sur le point d'être englouties, Kelly-Gagnon réplique: «Je vois que vous êtes habité de l'idéologie de droite de l'Institut économique de Montréal! Nous, nous appliquons au contraire le Principe de précaution. C'est vrai que le niveau de l'eau n'a pas encore monté. Mais il va peut-être monter un jour. Mieux vaut prévenir que guérir!»
Un médaillon à l'effigie de Guilbaut est créé et les membres du Culte récitent désormais tous en cour leur prière fondatrice en le frottant: «Le réchauffement planétaire existe. C'est un consensus scientifique! Nul doute ne peut exister! Oommmm. Oommmm. Le réchauffement planétaire existe. C'est un consensus scientifique! Nul doute ne peut exister! Oommmm. Oommmm. Oh, Mère Gaïa, reçoit Steven auprès de Toi!»
Le Culte de Gaïa forme un parti politique afin de «mettre un terme au néolibéralisme débridé du gouvernement Charest.»
A 74 ans, Jean Charest est congelé par procédé de cryogénie et s'en va rejoindre Walt Disney, mais un amendement législatif effectué la veille de cette procédure peu orthodoxe l'autorise à continuer à diriger le Québec tout en étant «complètement gelé».
Selon un sondage, 34% des Québécois s'opposent à une telle mesure, 34% l'appuient et 32% déclarent être «totalement confus». Le sondeur Jean-Marc Léger explique que «cela montre une fois de plus la prudence légendaire des Québécois qui se méfient des positions trop extrêmes ou trop idéologiques».
-2034-
Le Culte de Gaïa se fusionne avec Québec Solidaire (lequel venait de se défusionner d'avec l'ADQ).
Lors d'élections générales, la coalition Culte-QS prend le pouvoir suite à un véritable raz-de-marée. Michel Kelly-Gagnon devint premier ministre du Québec et Léo-Paul Lauzon est nommé vice-premier ministre, président du Conseil du Trésor et ministre des Finances.
Le gouvernement Kelly-Gagnon-Lauzon adopte une loi établissant un peu partout à travers le Québec des «camps volontaires de sensibilisation et d'éducation sociale, féministe et écologiste».
Kelly-Gagnon déclare: «Il n'y a pas à s'inquiéter, ces camps seront tout à fait volontaires. Seuls les citoyens qui refuseront obstinément et sans motif valable d'y participer seront forcés d'y aller. De plus, les gens seront totalement libres en termes de contenu. Par exemple, ils pourront suivre des cours dispensés par la CSQ, ou encore, s'ils le préfèrent, par la CSN. Ils pourront lire des ouvrages de Léo-Paul, ou encore d'autres rédigés par Amir ou même par Françoise. C'est-y pas merveilleux?»
Selon un sondage, 34% des Québécois s'opposent à une telle mesure, 34% l'appuient et 32% déclarent être «totalement confus». Le sondeur Jean-Marc Léger explique que «cela montre une fois de plus la prudence légendaire des Québécois qui se méfient des positions trop extrêmes ou trop idéologiques».
La Chambre de commerce du Montréal métropolitain souligne que «pour avoir un maximum d'impact économique, ces camps devraient être regroupés dans la grande région de Montréal car une étude récente de SECOR démontre l'effet multiplicateur d'une telle mesure».
Le Protecteur du citoyen s'inquiète quant à lui du fait que la confidentialité des informations personnelles sur les citoyens regroupés dans ces camps ne semble pas être adéquatement protégée. De plus, «certains se plaignent du niveau de confort offert». «Nous demandons au gouvernement du Québec d'apporter des correctifs importants à cet égard, et ce dans les meilleurs délais», déclare le Protecteur.
Le premier ministre Kelly-Gagnon défend le programme: «J'ai le plaisir de confirmer que les camps seront entièrement subventionnés. Les citoyens n'auront pas une cenne à débourser. Tout sera payé par l'État, ce qui veut donc dire que tout cela ne coûtera absolument rien à qui que ce soit, d'aucune façon. De plus, en conformité avec les recommandations de la Direction de la santé publique, nous allons faire ingurgiter du jus de carotte à tous les participants à chaque matin. Alors, dans les circonstances, je comprends mal que quiconque ose critiquer cette initiative».
Jean Charest, leader de l'Opposition, toujours cryogénisé, semble s'opposer à cette initiative. C'est du moins ainsi que les journalistes de la colline parlementaire interprètent ce qui semble être un raidissement de la moitié gauche de sa lèvre inférieure.
Martin Masse nous a promis des extraits de son livre :
http://www.leblogueduql.org/2011/02/le-fran%C3%A7ais-au-qu%C3%A9bec-la-carotte-versus-le-b%C3%A2ton.html?cid=6a00d8341cb44a53ef014e861734b3970d#comment-6a00d8341cb44a53ef014e861734b3970d
Il tarde et tente de nous faire patienter avec cette insipide fiction. De grâce, Martin Masse, délivrez-nous de ce remplissage et donnez-nous votre extrait promis. Je souffre, je ne me peux plus!
Rédigé par : Bertrand | 07 mars 2011 à 22h17
-2034-
.. Et pour démontrer sa totale conversion à la religion Verte le ministre de la santé affirme que le CHUM sera prochainement construit dans l'ancien site de la raffinerie Shell. Le ministre tout fier d'être content de nous dire que le site à totalement été décontaminé de manière bio sans émission de GES.
IL ne resterait que les soumissionns pour le toit vert organique du CHUM.
Rédigé par : Pierre L. | 08 mars 2011 à 08h43
A peine une caricature...
Rédigé par : Pierre-Yves | 08 mars 2011 à 12h19
Je trouve bien drôle les politiques fictions normalement, mais là c'est un peu trop forcé, c'est pas vraiment drôle.
Je préférais le précédent, ou encore le texte de Martin Masse sur la nationalisation des épiceries (ou celui sur la nationalisation des pizzas).
Rédigé par : Bobjack | 08 mars 2011 à 17h18
Parlant de politique fiction, mettons que l'Angleterre devenait complètement libertarienne... La citoyenne Elizabeth Mary Windsor ne serait plus la reine mais posséderait quand même tous les actes de propriété de la couronne britannique.
Au nom du droit à la propriété, tous les citoyens d'Angleterre seraient ses locataires.
C'est sûr, les libertés de tous seraient garanties à 100%...
Rédigé par : Caligula | 14 mars 2011 à 16h41
@Caligula
Effectivement, oui.
Historiquement, les monarchies sont beaucoup moins gourmandes économiquement parlant que les démocraties modernes.
De toutes façons, sans la banque centrale et les vaches à taxes, la reine aura à s'atteler solide pour rendre profitable le fait de possèder toutes ces terres.
Présentement, l'entretien de celles-ci est facturé aux payeurs de taxes.
Rédigé par : Francis Ducharme | 14 mars 2011 à 17h53
Ah, oui, la Suède et le Danemark sont des monarchies constitutionnelles.
Pourtant celles-ci ne sont pas si mal que cela en matière de liberté de propriété.
Je dis toujours, faut dire qu'un gouvernement de type Républicain est dans certains cas spécifiques surtout si celui-ci est Jacobin n'est pas vraiment mieux qu'une monarchie absolue. L'important est d'avoir un bon système de poids et de contre-poids.
Rédigé par : Mathieu NV | 14 mars 2011 à 19h27
Et encore, je ne suis absolument pas pour le free-ride monarchique.
Par contre, côtés cadeaux, il y a des politiciens élus et non-élus qui n'ont rien à envier côté despotisme. Pour moi, le président français fait aussi royal qu'un monarque.
Rédigé par : Mathieu NV | 14 mars 2011 à 19h30
Oui, mais là on parle d'une personne qui serait un citoyen comme les autres mais qui possèderait toutes les terres.
Personnellement, je crois que dans un cas comme celui là, ne pas respecter le droit de propriété serait un devoir moral.
Rédigé par : Caligula | 15 mars 2011 à 14h44
Francis Ducharme
La question n'est pas de savoir si elle pourrait rentabiliser ses terres. Plein de propriétaires possèdent des terres non exploitées.
La question est que c'est elle seule qui pourrait décider de ce qui se passe sur ses terres. Si elle décide que plus personne n'a le droit de bâtir des maisons et que toutes les bâtisses sur ses terres doivent être détruites sauf son château, légalement elle aura le droit.
Et comme tous les libertariens respectent la propriété privée, j'imagine que tout le monde détruirait sa maison sans chiâler et accepterait de vivre dehors et de donner une partie de sa bouffe pour payer le droit de circuler sur des terres privées. N'est-ce pas?
Rédigé par : Caligula | 15 mars 2011 à 14h49
@Caligula
Dans un cadre ou l'on croit qu'elle est la propriétaire légitime, je doute fortement qu'il lui serait très profitable de décréter ce genre de mesures.
Elle serait beaucoup plus gagnante de louer, vendre, ie: faire du commerce.
Les terres non-exploitées ont tout de même un coût d'entretien. Plus on la laisse aller, plus elle peut perdre de la valeur dans une éventuelle transaction.
Dans un cadre ou l'on ne voit la reine simplement comme une grosse BS deluxe étatique, je crois que le marché se foutera de sa main mise.
Rédigé par : Francis Ducharme | 15 mars 2011 à 17h49
Je trouve cette discussion assez vide de sens. Il me semble que la reine n'est en rien propriétaire des biens de la Couronne par elle-même. Elle a certes des propriétés privées, comme bien d'autre personnes fortunées, mais ne possède pas à titre personnel les "biens de la couronne". Alors, de quoi parlons-nous ? De ce qu'il adviendrait de ses biens vraiment personnels ? Big deal. Autant demander ce qu'il adviendrait des biens de Mick jagger, ou de David Beckham ou des dizaines de milliardaires propriétaires fonciers en Angleterre. La reine, même citoyenen ordinaire, possèderait les siens, et elle en ferait ce qu'elle voudrait, c'est tout.
Rédigé par : Marianne | 15 mars 2011 à 17h57
Francis
Le problème c'est que tu postules qu'elle voudrait rentabiliser ses terres. Rien ne l'y oblige. Il y a des gens qui possèdent des biens qu'ils pourraient faire fructifier mais ne le font pas.
Marianne
Les terres de la couronne appartiennent à la reine. Elle possède aussi les terres du Canada, de la Nouvelle-Zélande, de la Jamaïque, de la Barbade, du Belize et autres.
Rédigé par : Caligula | 15 mars 2011 à 20h30
Mais non !
"La Couronne est un terme qui permet de séparer l'autorité du gouvernement royal et la personne du souverain régnant. Ce principe de séparation s'applique ainsi dans tous les royaumes et territoires du Commonwealth, où la couronne est alors représentée par un gouverneur.
Selon ce principe constitutionnel, on distingue les biens personnels du chef de l'état et les biens dont l'office est doté. Par exemple, la résidence officielle de la Monarchie britannique, le Palais de Buckingham, appartient à la Couronne, tandis que Sandringham House, résidence familiale des Windsor, est la propriété privée de la reine Élisabeth II".
http://fr.wikipedia.org/wiki/Couronne_britannique
Rédigé par : Marianne | 16 mars 2011 à 11h50
@Marianne
"Selon ce principe constitutionnel, on distingue les biens personnels du chef de l'état et les biens dont l'office est doté. Par exemple, la résidence officielle de la Monarchie britannique, le Palais de Buckingham, appartient à la Couronne, tandis que Sandringham House, résidence familiale des Windsor, est la propriété privée de la reine Élisabeth II"
Un peu comme la distinction entre usufruit et nue-propriété, en somme.
Rédigé par : Pierre-Yves | 16 mars 2011 à 12h05
Oui, un peu. Je ne pense toutefois pas que la reine soit même usufruitière des domaines de la Couronne. La notion d'usufruit pourrait s'appliquer aux propriétés comme des demeures, où elle et sa famille peuvent effectivement habiter. En ce qui concerne le Canada en général, ou la Nouvelle-Zélande, elle n'en touche pas de loyers et je ne me risquerais pas à dire plus généralement qu'elle en jouit (lol).
Quoi qu'il en soit, n'est-ce pas amusant de voir l'ignorance des gauchistes sur des sujets aussi clairement établis ?
Rédigé par : Marianne | 16 mars 2011 à 12h52
@Marianne:
"Quoi qu'il en soit, n'est-ce pas amusant de voir l'ignorance des gauchistes sur des sujets aussi clairement établis ?"
C'est surtout désolant qu'encore aujourd'hui au Québec certains ne voient plus clair et soient incapables de raisonner sainement dès qu'il s'agit des "maudits Anglâs". Cela occasionne des pertes de temps et d'énergie vraiment lassantes. Et cela "folkorise" leur discours politique au point de le décrédibiliser totalement. Passent encore que les libertariens passent pour de rêveurs, mais pour des anglophobes enragés, c'est un peu "too much".
Rédigé par : Pierre-Yves | 16 mars 2011 à 14h27
Je ne suis pas un gauchiste, mais je ne connaissais pas cette distinction entre les biens de la couronne et celle de la famille royale.
Merci pour l'information.
Mon point était que même si la reine était légitimement la propriétaire des terres anglaises dans un monde libertarien (ie: anarchie de marché) le ciel ne nous tomberait pas sur la tête.
En mettant des entraves au marché, elle courrait à sa propre perte car l'État ne serait plus la pour la faire vivre.
Rédigé par : Francis Ducharme | 16 mars 2011 à 20h09
En fait, en Grande-Bretagne et dans d'autres pays, il y a eu plusieurs histoires de notables qui vendaient des propriétés et des titres car ils avaient besoin de cash.
Mais encore, dans notre système, couronne est un synonyme d'état. Par exemple, les terres de la Couronne ou les sociétés de la Couronne n'appartiennent pas à la royauté Britannique mais bien à l'état.
Rédigé par : Mathieu NV | 17 mars 2011 à 15h09
Caligula (curieux pseudonyme...) serait-il un autre de ces « patriotes » frustrés qui s'imaginent que la moitié du monde appartient à la reine d'Angleterre ? Hmm... Un petit renouvellement d'idées serait peut-être approprié... Et à quoi reconnaît-on d'abord les « patriotes » frustrés ? Ils considèrent leur propre « cause » comme une sorte de « devoir moral », rien de moins !
Bon, ce serait donc terrible si le monde entier appartenait à un seul individu ! C'est la limite (évidemment fictive) de la pensée libérale qui semble terrifier les socialistes. Pour éviter une aussi épouvantable qu'hypothétique « tyrannie », autant conserver intégralement l'état social-démocrate tel qu'il existe maintenant, c'est-à-dire un état protecteur, interventionniste et contrôlant à l'excès. Ce qui permet aussi, bien entendu, de rêver sans grand risque « d'anarcho-communisme » sur les bancs de l'université, en lisant Chomsky...
Rédigé par : B. Vallée | 18 mars 2011 à 11h50