par Gilles Guénette
L'édition 2011 de la Journée des musées montréalais a été légèrement moins populaire que celle de l'an dernier. Elle a attiré plus de 130 000 participants dans les 32 musées qui ouvraient leurs portes «gratuitement» dimanche dernier. Et qui dit «gratuit» dit files d’attente – c’est vrai en santé, c’est vrai pour les places en CPE, c’était vrai dans les pays communistes… Il fallait par exemple attendre plus de deux heures pour visiter l'exposition L'empereur guerrier de Chine et son armée de terre cuite, au Musée des beaux-arts. Sans compter qu’il fallait aussi faire la file pour les navettes «gratuites» qui promenaient les visiteurs d’un établissement à l’autre.
Mais qu’est-ce qui peut bien pousser les gens à participer à de telles journées? Deux heures d’attente sur le trottoir pour entrer dans un musée bondé (où l’on a de la difficulté à voir les oeuvres entre les têtes) et économiser 15$! Il faut que son temps ne vaille vraiment pas grand-chose pour s’infliger une telle activité. Peut-être que les gens sont foncièrement chiches et qu’ils traquent les aubaines partout où elles sont? Ou qu’ils trouvent que les musées sont intimidants et qu’ils préfèrent les fréquenter en gang? Une chose est sûre, ils ne reviennent pas nécessairement durant l’année.
Parce que c’est le but de la chose, selon Manon Blanchette, directrice générale de la Société des directeurs des musées montréalais: «on veut que les gens s'intéressent aux musées montréalais et y reviennent durant l'année». Mais si on se fie aux chiffres de l’Institut de la statistique du Québec, il y a eu 5 214 925 visiteurs dans les musées montréalais en 2010, pour 4 999 311 en 2003. En près de dix ans de Journées des musées, on aurait gagné quelque 200 000 personnes. Pas sûr que le jeu en vaille la chandelle.
En fait, ce qu’on constate année après année, c’est que ce sont les mêmes personnes qui participent à ces événements «gratuits». Et ces personnes, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne sont pas les plus financièrement démunies de la société…
J'ai l'intention d'aller voir l'exposition sur Rome au musé de la civilisation. Je n'irai certainement pas quand l'accès est gratuit. Je veux pouvoir prendre mon temps en toute tranquilité.
Rédigé par : Gilles Laplante | 01 juin 2011 à 16h59
"Et ces personnes, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne sont pas les plus financièrement démunies de la société…"
Ça ne m'étonne pas. Quelque part, je suppose que ce sont des personnes culturellement impliquées, assez pour ne pas appartenir aux classes défavorisées. A plus forte raison s'il s'agit d'art contemporain. Qui, après tout, s'intéresse à l'art contemporain, si ce n'est, peut-être, quelques initiés ?
L'article du quebecoislibre que vous indiquez est éloquent. je cite :
Dans un article publié le mois dernier dans The Sunday Times, Waldemar Januszczak écrit: « the cruel truth is that free museum entry has turned out to be a mixed blessing. Yes, the number of visitors going to galleries has increased dramatically, but the figures are not what they seem. A Mori poll conducted in 2002 discovered that, although numbers had increased, the make-up of the typical museumgoer had remained unchanged. What was actually happening was that the same people were going more often. And those people were, as before, the middle-class, the educated, the culturally involved. » (« Why is the Imperial War Museum celebrating James Bond? », 27 avril 2008)
J'ai très souvent eu l'occasion d'aller aux musées dans ma jeunesse. A chaque fois, presque, je croise de jeunes étudiants en art, munis de leurs planches à dessin. Ils se posent, et ils dessinent. En fait, peu de gens s'intéressent à l'art. C'est un cercle très fermé. J'ai beaucoup de connaissances qui font le métier d'arts (le plus souvent des profs), et aucun d'eux ne parvient à faire aimer leurs amis et/ou leur conjoint/famille les oeuvres exposées dans les galeries. "Ils viennent une fois, et ils rentrent blasés", m'a-t-on souvent raconté. Certes, ce n'est qu'un simple témoignage, mais mon petit doigt me dit que c'est partout pareil. Personne ne s'intéresse à l'art, ni ne le comprend (c'est très vrai pour l'art contemporain), mis à part quelques "passionnés".
Rédigé par : M.H. | 01 juin 2011 à 18h58
« Mais qu’est-ce qui peut bien pousser les gens à participer à de telles journées? Deux heures d’attente sur le trottoir pour entrer dans un musée bondé (où l’on a de la difficulté à voir les oeuvres entre les têtes) et économiser 15$! »
« Les libertariens ont confiance dans l'ingéniosité et le sens de l'initiative des humains. »
http://www.quebecoislibre.org/philo1.htm
Trouvé l'erreur!
Rédigé par : MAO | 02 juin 2011 à 00h55
"Trouvé l'erreur!"
"Trouvé" s'écrit avec "ez" : "trouvez".
Rédigé par : Lupin | 02 juin 2011 à 10h29
A Londres, les musées et galeries sont gratuits. On est incité, mais pas obligé, à verser une somme d'argent dans des urnes. Les expositions temporaires, et les services, sont payants. J'ai passé des heures à la National Gallery et au British Museum. Si les musées français était gratuit, j'y passerais beaucoup de temps, en versant de temps en temps ma contribution.
Rédigé par : Vladimir Vodarevski | 02 juin 2011 à 11h00
@Lupin
""Trouvé" s'écrit avec "ez" : "trouvez"."
Sauf si l'on a effectivement "trouvé" (auquel cas il ne s'agit pas d'un impératif mais d'une élision du pronom sujet).
Rédigé par : Pierre-Yves | 02 juin 2011 à 13h25
Trouvé ou trouvez, mais de quelle erreur s'agit-il?
La première phrase citée ne contredit pas la seconde.
Lorsqu'on parle de «l'ingéniosité et le sens de l'initiative des humains», on ne parle pas de fonctionnaires! On ne parle pas de façons ingénieuses de dépenser les fonds publics -- comme de financer des journées portes ouvertes dans les musées en faisant croire qu'elles sont gratuites.
Rédigé par : Gilles Guénette | 02 juin 2011 à 16h14