par Carl-Stéphane HuotDepuis quelque temps, on parle beaucoup de pénurie de médicaments de type générique au Canada et aux États-unis. Pour une fois, c’est dans ce dernier pays que les problèmes ont commencé, peu après que le système Medicare ait forcé les entreprises à lui vendre les médicaments à un prix plus bas que le marché voici trois ans. Puis le Canada a suivi, notamment le Québec et l’Ontario. Résultat? Nous faisons face à une pénurie plus ou moins grave selon les secteurs qui, sans les prouesses chimiques des pharmaciens (qui sont fondamentalement des chimistes, rappelons-le), aurait déjà pris des proportions désastreuses. Au menu: manque d’anesthésiques pour opérer ou pour soulager les patients en phase terminale, médicaments anti-cancer et quoi d’autre?
La raison fondamentale est encore une fois l’intervention des gouvernements pour éviter d’avoir à payer le juste prix de ces médicaments. N’étant pas correctement payés pour le travail qu’elles font, les pharmaceutiques ne sont guère intéressées à mettre tout en oeuvre pour prévenir, sinon corriger les problèmes avant qu’ils ne causent de pénuries. Bien que différentes stratégies existent lorsque des problèmes surviennent sur des lignes de production, ces entreprises n’ont aucun intérêt à les utiliser.
En effet, pourquoi, par exemple, faire rentrer du personnel en temps supplémentaire, avec les coûts que cela suppose, ou faire fabriquer puis venir des pièces de rechange d’urgence, très coûteuses, sachant que tout cela serait fait à même la poche des propriétaires? Bien plus, ces usines ne sont pas intéressées à prévenir les problèmes, comme de suivre un programme d’entretien préventif rigoureux qui, s’il est payant à moyen/long terme, ne l’est plus quant on envisage assez sûrement de cesser la production une fois que celle-ci ne sera plus rentable. (Le coût de production augmente avec le vieillissement des machines. Comme la marge est maintenue artificiellement maigre par les gouvernements, l’espérance de vie de ces usines est assez limitée.)
Une manière simple de résoudre le problème serait d’arrêter de toujours essayer de faire payer les coûts des uns par les autres. Mais nos gouvernements sauront-ils faire marche arrière avant que les investisseurs du secteur pharmaceutique passent à autre chose de plus payant en fermant au passage toutes les usines non rentables? J’en doute, mais je ne désespère pas complètement.
Note : je n’ai pas de positions dans l’industrie pharmaceutique et je n’ai pas l’intention d’en avoir prochainement.
Dans certains cas, les médicaments coûtent près de 10 fois MOINS cher aux USA, pays des "gros méchants capitalistes":
http://www.journaldemontreal.com/2012/03/19/10-fois-moins-cher
Pas mal non? Les USA, pays capitaliste honni par tous ce qui se fait de gauchisme sur cette Terre réussit à rendre les médicaments PLUS ACCESSIBLES à tous ses citoyens, incluant les plus pauvres, que le Québec, censé être le lieu de délices de l'égalitarisme et de l'interventionisme...
Rédigé par : François 1 | 20 mars 2012 à 03h40
Par contre il ne faut pas oublier que le système des brevets et autre privilège d'État monte les prix artificiellement.
Rédigé par : Bobjack | 20 mars 2012 à 11h59
C'est Amir Khadir, un microbiologiste, qui propose que le gouvernement fabrique les médicaments que ces profiteuses de pharmaceutiques refusent de fabriquer sous prétexte qu'il n'y a plus de profit à faire suite au contrôle des prix.
Je trouve que son idée a du bon.
Rédigé par : Mon Oncle Acrapou | 21 mars 2012 à 07h13
Il y a aussi une pénurie d'anesthésistes, excuse couramment utilisée pour justifier la fermeture des salles d'opérations.
Un anesthésiste gagne moins cher qu'un chirurgien ou autre type de médecin spécialiste, alors les étudiants ne s'en vont pas en anesthésie et il en manque.
Rédigé par : Mon Oncle Acrapou | 21 mars 2012 à 07h17
Mon Oncle Acrapou,
1. s'il y a une pénurie d'anesthésistes, comment se fait-il que les salaires de ceux-ci ne sont pas poussés à la hausse? Cette hausse des salaires pousserait plus de médecin à devenir anesthésistes. C'est la base de l'offre et de la demande. Ça sent l'intervention à plein nez!
2. s'il n'y a pas de profit à faire avec la vente de médicaments, refuser de les fabriquer est normal et non un prétexte. D'ailleurs pourquoi est-ce que vous ne les fabriqueriez pas vous même les médicaments? J'imagique que, contrairement aux pharmaceutiques, ça vous fait plaisir de travailler sans être payé, non?
Rédigé par : Anne-Marie Provost | 21 mars 2012 à 13h31
Cette situation me touche particulièrement car je dépends d'un médicament qui, depuis quelques mois, n'est plus disponible en raison de ruptures de stock contstantes. On m'a alors prescrit un substitut à ce médicament mais voila que le substitut est également en rupture de stock aussi.
De autre coté, je me pose la question à savoir ce que les pharmaceutiques se sont fait donner pour accepter cette baisse institutionnalisée de leurs profits. Je suis certain qu'ils ont du se faire offrir de petits bonbons. Je soupsonne le protectionnisme accru.
Rédigé par : David M | 21 mars 2012 à 15h04
Il va apparaître un marché noir, comme à chaque fois depuis 6000 ans dans ce genre de situation.
Rédigé par : Bastiat79 | 21 mars 2012 à 18h53