par Thibaut
André
Dans la tête du commun des mortels évoluant dans nos vieilles économies occidentales, il est monnaie courante d'accepter le subventionnement des arts et de la culture via les fonds publics. Les arguments sont toujours les mêmes: sans subventions, comment les arts et la culture pourraient-ils éclore, vivre et survivre? Comment les masses pourraient-elles y avoir accès? Et c'est de sophisme en sophisme que nous naviguons dans le discours prémâché de nos grands défenseurs de l'intervention publique. Pourtant, à la réflexion, les arts et la culture ont-ils toujours été subventionnés?
Pour rappel, les arts et la culture sont au sommet de la pyramide des besoins. Les besoins de base (nourriture, gîte et protection) une fois assurés, l'ascension de notre apprenti-cultureux peut se poursuivre pour, une fois le stade ultime de la désutilité du travail atteint, l'épargne et le budget « arts et culture » constitués, allouer ce surplus à un acte de consommation oisif mais rencontrant néanmoins les préférences de la personne.
En Grèce et Rome antiques, ce privilège était souvent réservé aux aristocrates, gouvernants et riches marchands. Néanmoins, des théâtres de rue et prestations musicales non subventionnés étaient déjà connus. L'utilisation des fonds publics à des fins de distraction du peuple rencontrait déjà un succès de foule et assurait aux gouvernants une relative tranquillité ainsi que l'estime de ses citoyens. Panem et circenses (du pain et des jeux) est un leitmotiv éprouvé qui trouve toujours ses débouchés sous d'autres formes de nos jours.
Ne nous y trompons pas. Derrière des intentions louables se cachent d'autres intentions tout à fait inacceptables et liberticides.
Violation de la propriété privée par extorsion fiscale
Tout a un coût. Rien n'est gratuit. Même l'entrée du concert généreusement financé par monsieur le Bourgmestre. Ce dernier présente en fait la facture aux citoyens via le budget de la municipalité et lève des taxes et impôts locaux pour assurer son financement. Il n'y a pas de secret. Le concert, si vous n'y assistez pas, vous participez quand même au paiement de la douloureuse.
Voyez le budget de la culture dans vos pays respectifs. Ça se chiffre en centaines de millions d'euros et beaucoup de dépenses de la sorte sont masquées dans divers budgets locaux ou supranationaux. Pensez aux carnavals sponsorisés par l'Unesco dont le budget est financé par vos contributions fiscales.
Il faut donc la violence fiscale de l'État pour vous prélever une partie du fruit de votre travail ou encore opérer une ponction sur votre patrimoine pour financer les arts et la culture.
Dans la tête du commun des mortels évoluant dans nos vieilles économies occidentales, il est monnaie courante d'accepter le subventionnement des arts et de la culture via les fonds publics. Les arguments sont toujours les mêmes: sans subventions, comment les arts et la culture pourraient-ils éclore, vivre et survivre? Comment les masses pourraient-elles y avoir accès? Et c'est de sophisme en sophisme que nous naviguons dans le discours prémâché de nos grands défenseurs de l'intervention publique. Pourtant, à la réflexion, les arts et la culture ont-ils toujours été subventionnés?
Pour rappel, les arts et la culture sont au sommet de la pyramide des besoins. Les besoins de base (nourriture, gîte et protection) une fois assurés, l'ascension de notre apprenti-cultureux peut se poursuivre pour, une fois le stade ultime de la désutilité du travail atteint, l'épargne et le budget « arts et culture » constitués, allouer ce surplus à un acte de consommation oisif mais rencontrant néanmoins les préférences de la personne.
En Grèce et Rome antiques, ce privilège était souvent réservé aux aristocrates, gouvernants et riches marchands. Néanmoins, des théâtres de rue et prestations musicales non subventionnés étaient déjà connus. L'utilisation des fonds publics à des fins de distraction du peuple rencontrait déjà un succès de foule et assurait aux gouvernants une relative tranquillité ainsi que l'estime de ses citoyens. Panem et circenses (du pain et des jeux) est un leitmotiv éprouvé qui trouve toujours ses débouchés sous d'autres formes de nos jours.
Ne nous y trompons pas. Derrière des intentions louables se cachent d'autres intentions tout à fait inacceptables et liberticides.
Violation de la propriété privée par extorsion fiscale
Tout a un coût. Rien n'est gratuit. Même l'entrée du concert généreusement financé par monsieur le Bourgmestre. Ce dernier présente en fait la facture aux citoyens via le budget de la municipalité et lève des taxes et impôts locaux pour assurer son financement. Il n'y a pas de secret. Le concert, si vous n'y assistez pas, vous participez quand même au paiement de la douloureuse.
Voyez le budget de la culture dans vos pays respectifs. Ça se chiffre en centaines de millions d'euros et beaucoup de dépenses de la sorte sont masquées dans divers budgets locaux ou supranationaux. Pensez aux carnavals sponsorisés par l'Unesco dont le budget est financé par vos contributions fiscales.
Il faut donc la violence fiscale de l'État pour vous prélever une partie du fruit de votre travail ou encore opérer une ponction sur votre patrimoine pour financer les arts et la culture.
Une démarche anti-démocratique
Le fait d'imposer un événement artistique ou culturel financé par des fonds publics tient compte au mieux des goûts de la majorité, au pire des goûts d'une minorité omnisciente (par exemple, le cinéma francophone pseudo-intello où les frères Dardenne raflent les subventions et les prix du jury, mais n'obtiennent jamais le plébiscite du public vu le faible nombre d'entrées...). Dans les deux cas de figure, les goûts de l'individu ne sont pas pris en compte alors que ce dernier doit participer aux frais. On ne lui a pas accordé la liberté d'exprimer son vote démocratique en dépensant librement l'argent laissé dans sa poche pour des activités culturelles ou artistiques de son choix. Ou en choisissant de ne rien dépenser du tout, ce qui est aussi sa liberté. Même un grand référendum municipal ou national, pour autant qu'il soit possible, ne se montrera pas aussi démocratique que l'exercice des libertés individuelles car il y aura toujours au moins une unité (un individu) exprimant son désaccord sur un projet.
Par ailleurs, il est fréquent de voir que José le bon Wallon préfère dépenser ses petits sous dans un abonnement du Standard plutôt que se rendre à l'exposition d'art dont l'entrée est gratuite (mais pas le financement). Tout simplement parce qu'il se moque peut-être éperdument des arts et de la culture et c'est son droit. Il n'a pas à payer pour cela s'il n'en a pas exprimé la volonté. Dans le même ordre d'idée, sa femme exprimera sa préférence en payant 100 euros pour un ticket de concert de U2 pendant que leur fille optera pour le concert de Lady Gaga, les deux événements payants et non subsidiés ayant à leurs yeux plus de valeur que l'exposition et le concert « gratuits » cités plus haut.
Endettement
On est fauché, endetté jusqu'au cou. Le financement des fonctions régaliennes de l'État et au-delà consomme tellement d'argent que, comme cité plus haut, les dépenses allouées à des besoins non essentiels en deviennent très malsaines.
Les civilisations et les sociétés qui ont pu développer les arts et la culture sont celles qui ont accordé une place prépondérante au commerce et à son libre exercice dans une environnement juridico-fiscal relativement équilibré et respectueux de la propriété d'autrui. Et il n'y a rien d'étonnant à cela. L'accumulation de capital augmente les standards de vie et les individus, une fois délivrés des contraintes liées aux besoins essentiels, peuvent s'adonner à des activités non-économiques. Les arts et la culture, c'est quand on a accumulé de l'épargne, et même un surplus. Ça ne se finance pas via l'endettement public, mais sur fonds propres et privés.
Censure
L'art a bien existé sous les pires dictatures, me rétorquerez-vous! En effet, c'est indéniable. On peut même s'étonner qu'une telle floraison artistique ait eu lieu sous les Borgia à la Renaissance. Toutefois, ne nous y trompons pas: il était courant pour le pouvoir et ses proches à cette époque de faire preuve d'opulence en prenant un artiste prometteur ou confirmé sous son aile, le payant sur sa propre cassette, sans intervention du public. C'est ce qu'on appelle du mécénat.
Je rappellerai à nos zélés défenseurs des arts et de la culture par les fonds publics que nazis et communistes étaient intolérants et lapidaires vis-à-vis de toute forme d'art qui ne soutenait pas leurs théories extravagantes et nauséabondes. Le nazi Joseph Goebbels fit fermer l'école d'architecture Bauhaus en 1935 dans laquelle il trouvait « la plus parfaite expression d'un art dégénéré ». On n'était guère mieux loti en tant qu'artiste de l'autre côté du rideau de fer si les oeuvres ne servaient pas parfaitement l'appareil de propagande.
Avec Staline, les artistes sont entièrement mis au service du régime, ils doivent être syndiqués et être membres du Parti communiste. On ne rigolait pas avec l'art chez les Soviets. Certains auront l'audace de me rappeler l'adhésion de Picasso au Parti communiste espagnol. N'oublions pas que ce dernier, riche de son vivant grâce à son talent et son travail, y voyait là une distraction et un moyen de s'afficher avec son temps. Les communistes, de leur côté, le détestaient, lui et sa peinture abstraite, y voyant néanmoins un formidable outil de propagande.
Quoi qu'il en soit, lorsque l'État se mêle des arts et de la culture, il est évident que seuls ses mignons auront accès aux fonds nécessaires et malheur à ces artistes maudits qui oseront tancer le Dieu-État et ses cerbères.
Conclusion
Il n'y a rien de plus anti-démocratique que l'État se mêlant des arts et de la culture. Si votre production est bonne, mesdames et messieurs les artistes, elle trouvera acquéreur auprès du public qui exprimera ses préférences en dépensant ses deniers épargnés par l'absence de gabegie étatique en la matière. Si votre production ne trouve pas acquéreur, alors remettez-vous en question et changez de registre. Ne maudissez pas le public qui, quoi que vous en pensiez, possède certainement des goûts dans les domaines culturel et artistique.
Le fait de vous détourner de la souveraineté du public et de réclamer le subventionnement et la protection de l'État est un déni de démocratie et une atteinte aux libertés civiles et à la propriété privée d'autrui. Il convient que vous soyez à même d'anticiper les demandes de votre public-cible et d'y répondre en assurant une offre adéquate. De grâce, évitez d'aller pleurnicher auprès des autorités. Nous n'aurons au final qu'une offre raréfiée, peu innovante et coûteuse dans un contexte de spoliation fiscale et de dictature du « bon goût ».
En vous remerciant.
*Texte publié le 29 mai 2013 sur CONTRARIO.
Comme vous le savez sans doute, la légitimation des subventions publiques en général repose notamment sur la capacité pour un État de jouer sur les équilibres et déséquilibres des forces du marché, en ne l'abandonnant pas aux forces aveugles des choix individuels. On peut ainsi encourager certains comportements et en décourager d'autres, plus mauvais pour la santé, risqués, polluants, etc. On connait les avantages de la culture sur le développement d'une société : ouverture et enrichissement de l'esprit, augmentation de la créativité, divertissement, etc. Subventionner la culture permet ainsi un meilleur épanouissement de la société.
La vie étant par essence compétitive, ce n'est pas tout le monde qui ont les mêmes moyens de se procurer un emploi payant pour consommer ce qui bon leur semble, dû à leur éducation, à leur milieu, et à leurs capacités mentales et physiques. Subventionner la culture permet ainsi de la rendre accessible pour un plus grand nombre.
Bien sûr, les activités et lieux culturels subventionnés ne peuvent correspondre aux goûts de tous. Mais à un moment ou à un autre, la grande majorité finit par participer à un festival ou visiter un lieu historique subventionnés (lieu souvent très peu rentable pour le privé, par ailleurs). Aucun système n'est parfais, vous en conviendrez. J'ai moi-même certaines retenues à subventionner un artiste fabriquant des structures à l'aide de ramassis de dépotoir, pour le plaisir d'une poignée (si ça se trouve...). Mais je suis pour ce système avec ses avantages et inconvénients, même s'il ne peut être accepté par tous.
D'ailleurs, contrairement à ce que peuvent en dire les libertariens, le libertariasnisme lui-même ne pourrait pas non plus être imposé à tous sans brimer la liberté. Puisque la grande majorité actuelle des gens préfèrent vivre dans une société détenant un contrôle étatique plutôt que de l'abandonner aux forces nues du marché (comme en fait foi, entre autres, le nombre de votes pour des libertariens aux élections). Une société libertarienne impliquerait nécessairement l’imposition d’une certaine définition de la liberté. Or, la liberté s'arrête où commence celle des autres, comme on le sait, et ses marges sont et seront toujours mouvantes, parfois subjectives, comme le prouve le débat philosophique millénaire sur la question.
Ce texte a été publié initialement en Belgique, mais j'ajouterais qu'au Québec, le financement de la culture francophone a également son importance. Notre milieu culturel est fortement investi de la culture anglo-saxonne, et il est ainsi plus difficile pour des jeunes musiciens francophones, en particulier, de vivre de leur art. Les subventions à la relève permettent ainsi de leur donner un coup de pouce.
Quant à l'endettement public, le financement de la culture ne représente que quelques pourcents du budget provincial et les retombés économiques sont souvent plus importantes que pour les autres secteurs. C'est sans parler des retombées sociales mentionnées ci-dessus, ce qui en justifie, à mon avis, largement l'investissement.
Enfin, vos propos sur la subvention de l'art dans le nazisme et le stalinisme sont hors sujets et tiennent plutôt de la sophistique (rhétorique que vous dénoncez d'ailleurs dans votre introduction). C'est l'équivalent de rappeler que l'entreprise privée existait aussi sous le nazisme... Accorder des subventions culturelles, du moins au Québec, ne reposent pas sur une quelconque adhésion idéologique, mais sur des critères liés à la reconnaissance du promoteur par le milieu, à ses succès antérieurs, à l’originalité du projet, etc.
Rédigé par : Steve | 24 août 2013 à 16h44
@ Steve,
Il y a plusieurs choses que vous dites qui ne sont pas vraiment précises ou claires. Ainsi, vous arrivez à des conclusions qui ne reposent sur rien de concret autres que des opinions que vous avez acquises au court du temps en côtoyant des gens qui pensent comme vous. À force du temps, vos conclusions sont devenues des évidences alors qu’il n’en serait rien pour quelqu’un qui analyse la situation d’une manière plus objective. Par exemple, pour votre premier paragraphe, ce que vous semblez vouloir dire c’est que la quantité de production de biens culturels est sous-optimal dans une société sans intervention de l’État, hypothèse qui reste à prouver. Il semble que l’art a toujours fait partie de la nature humaine et cela bien avant que l’État commence à la subventionner. Il est également possible aussi que les subventions de l’art canalisent les efforts des artistes vers les formes d’art qui sont subventionnées et freinent la créativité d’autres domaines moins explorées. Aussi, vous dîtes que subventionner la culture permet ainsi un meilleur épanouissement de la société, mais les avantages que vous cités sont tous des avantages individuels. Selon vos avantages donc, l’art ne présente même pas d’externalité positive et il n’y a donc pas de déséquilibre de marché (comme vous dites) et aucune subvention n’est justifiable. Si je regarde un film donc ou lit un livre, ça n’est bénéfique qu’à mon enrichissement personnel et personne d’autre n’est enrichie par ma lecture. Il n’y a pas d’épanouissement de la société en générale. Peu importe, vous concluez quand même que puisque l’art est une bonne chose, l’État doit subventionner.
L’autre chose que vous devez comprendre c’est que les ressources sont limitées et qu’on ne peut subventionner quelque chose simplement parce que vous pensez que c’est une bonne chose pour la société. C’est ce que le marché permet de faire plutôt que de laisser l’État décider au hasard combien d’art devrait être produit. Les individus en décidant comment ils dépensent leur argent, choisissent les activités qui maximisent leur bonheur. Une partie de ses dépenses seront utiliser pour consommer de l’art et la quantité exacte d’art nécessaire pour maximiser le bonheur des individus sera ainsi produite et cela sans subventions.
Vous dites que vous avez des réserves avec les structures faites à partir de ramassis de dépotoir, mais c’est drôle parce que moi personnellement, je trouve que tout ce qui est subventionné en culture au Québec ressemble étrangement à un ramassis de dépotoir à mes yeux. Ce n’est qu’un exemple pour illustrer que les choix et les goûts individuels diffèrent d’une personne à l’autre et que personne n’a d’autorité morale pour venir me prendre mon argent et me forcer à consommer des produits que je ne demanderais pas de moi-même. Personne ne sait quel est le niveau optimal de production d’art et personnes n’est placé pour décider où la limite devrait être, puisque comme vous l’illustrez, même vous vous avez une limite différente du statut actuel.
Les retombés économiques dont vous parler est un concept qui a depuis longtemps été discrédité économiquement. Vous avez une mauvaise compréhension des dynamiques qui poussent les gens à voter et finalement, je vous invite à tester votre hypothèse, concernant le fait que la grande majorité des gens préfèrent vivre dans une société où il y existe un contrôle étatique, en rendant les impôts volontaires. Puisque les gens aiment le contrôle étatique, il est fort possible qu’ils vont volontairement continuer à payer leurs impôts. Je dirais que puisqu’aucun pays n’osent tester ce concept est révélateur du fait que les gens, au contraire de ce que vous dîtes, n’aiment pas avoir leur vie contrôlée par l’État.
Rédigé par : AMP | 26 août 2013 à 12h43
@AMP
Merci d’avoir pris le temps de répondre. J’aimerais d’abord éliminer, dans la mesure du possible, les sophismes et éléments rhétoriques de la discussion qui nous éloignent du débat rationnel et nous font perdre du temps. Est-ce que je ne fais que suivre les gens qui pensent comme moi, comme vous dites, en discutant ici ? Pourquoi laisser sous-entendre à votre deuxième phrase que vous seriez plus objectif que moi ? J’essaie justement d’éliminer la part d’opinion dans le débat et mon exemple sur la sculpture ne faisait que soutenir le fait que, même si je n’apprécie pas tout de l’art, je suis d’accord de manière générale avec le principe de la subvention.
Bien sûr l’art non subventionné a toujours existé, et aucune subvention ne l’empêche. Il est faux de dire qu’il freine la créativité. Comme je le mentionnais, l’originalité du projet constitue un critère d’attribution de subventions et tout artiste ayant un minimum de bagage artistique peut obtenir une bourse à la relève, et tenter de révolutionner son domaine. L’État ne délimite pas la qualité de l’art, le marché fait évidemment aussi sa part, et rien n’empêche les individus de continuer à dépenser ce qu’ils veulent.
Vous dites que les avantages de l’art sont individuels, mais le livre que vous lisez ou le film que vous écoutez sont aussi consommés par d’autres, d’où l’épanouissement général. Et encore, il ne faut pas oublier non plus que nous sommes des êtres sociaux et interdépendants. Lorsque quelqu’un s’enrichit, c’est tout son entourage qui va en bénéficier, et par extension, la société ; à l’inverse, si la qualité de vie d’un individu se détériore, c’est tout son entourage en est affecté. Mais, j’aimerais bien que vous continuiez de tenter de remettre en question les avantages sociaux de l’art et la culture, que vous dites ne relever que de mon opinion.
Il me semble que l’élément social est d’ailleurs souvent négligé dans le discours radicalement orienté vers l’individualisme. Tout comme on ne m’est pas ici en perspective l’inévitable condition inégale des individus, soit l’égalité des chances. Les forces du marché se jouent dans la mesure des forces des individus, et plus il est libéralisé, plus la force des individus eux-mêmes leur permet d’en tirer avantages.
Il ne faut pas mélanger non plus deux choses que j’ai mentionnées, soit déséquilibre du marché et subvention de l’art. L’intervention publique peut réduire les déséquilibres du marché laissé à lui seul, en limitant les rapports de forces disproportionnés dus à la propriété de forces productives, en limitant la possibilité de monopole ou de cartel, par exemples. Dans le cas de l’art, il ne s’agit pas d’atteindre un « état optimal » du marché, et de répondre à des besoins purement économiques, mais plus fortement d’encourager un secteur économique qui est bénéfique socilement. D’autant plus qu’il n’est pas nécessairement facile d’en vivre, puisqu’il repose souvent sur une propriété intellectuelle facilement reproductible et qui ne constitue pas un besoin primaire, notamment.
Enfin, quelles sont donc mes mauvaises compréhensions de ces « dynamiques qui poussent les gens à voter » ? Remettez-vous en question la liberté de penser des individus ? Comment se fait-il qu’une proportion infime de gens supporte le libertarianisme et qu’une presque complète choisisse un système politico-économique mixte ? Qui payerait en effet ses impôts lorsque son voisin pourrait ne pas les payer, est-ce que ce cas précis constituerait une quelconque égalité et justice sociale ?
Rédigé par : Steve | 27 août 2013 à 00h05
@ Steve
Vous ne pouvez pas utiliser des arguments du genre, si c’est bon pour moi alors indirectement c’est bon pour les autres puisqu’on vit en société pour justifier les subventions. Avec ce genre de raisonnements, vous pouvez arriver à n’importe quelle conclusion. Ainsi, je pourrais dire, si je suis plus heureux, mon bonheur va être contagieux envers les autres membres de la société et ainsi il est dans l’intérêt général de la société que je sois heureux. Pour être heureux, j’ai besoin de 5 esclaves qui travaillent à mon service… et c’est dans l’intérêt de la société que j’aie 5 esclaves.
En général, c’est la théorie des externalités qui est à la base des subventions et des taxes et c’est le concept d’externalités positives que vous utilisez pour défendre votre position d’épanouissement général, mais le concept est assez controversé. Il y a de la recherche académique qui existe premièrement pour déterminer si le concept même d’externalité est valide et ensuite pour essayer des trouver les solutions les plus efficaces pour traiter ces externalités. Les taxes pourraient peut-être être une solution, mais il y a aussi d’autres solutions qui reposent entièrement sur le marché et voyez, il y a des académiciens qui s’obstinent sur quelle solution est la meilleure, etc. Il faut aussi être en mesure de déterminer si les imbalances engendrées par l’intervention de l’État seront plus néfastes que le problème à régler. Par exemple, si le vol à l’étalage vous compte 5 dollars par jour et que vous engagé une personne à 10 dollars par jour pour empêcher le vol, alors il est clair que la solution est pire que le problème. Des fois, vaut mieux laisser les externalités comme telles, parce que n’importe quelle alternative serait pire. C’est pour ça que je dis que vous n’êtes pas objectif. Il y a plusieurs questions dont on ne sait pas la réponse encore, pourtant, votre raisonnement se résume à ceci : Art = bon, alors subvention. C’est presque comme si vous étiez déjà arrivé à la conclusion (alors subvention), et que vous cherchiez les justifications pour défendre votre conclusion.
Je ne conteste pas que l’art peut-être une bonne chose, mais l’autre point que j’ai mentionné et auquel vous ne répondez pas et le fait que les ressources sont limités et que l’on doive balancer nos choix selon nos ressources et priorités. Le fait que quelque chose soit bon n’est pas suffisant pour justifier son support. Cette chose doit être balancée avec les autres bonnes choses. Le marché est le mécanisme le plus efficace pour attribuer les ressources et balancer les choix. C’est à la base même de la critique du socialisme. Vous devez comprendre pourquoi économiquement le socialisme est non viable et le même raisonnement s’applique à n’importe quel autre domaine. Comment attribuer les ressources efficacement lorsqu’il n’y a pas d’indicateur du marché ? Comment déterminer la quantité d’art qui devrait être produit dans une société lorsque confronté aux autres demandes illimités dans un contexte de ressources limités. C’est le problème à régler ici. Le problème n’est pas de déterminer si l’art est une bonne chose ou non et conclure que puisque c’est une bonne chose il faut la subventionner.
J’ai dit que vous ne semblez pas comprendre les dynamiques qui poussent les gens à voter parce que la théorie des choix sociaux qui tente d’expliquer le comportement des gens qui votent (entre autres) est assez complexe et les dynamiques sont beaucoup plus compliqués que ce que vous laissez entendre, c’est-à-dire, ‘je supporte les libertariens dont je vote pour les libertariens’.
Je ne comprends pas votre dernière question. D’ailleurs, le concept de justice sociale est complètement vide de sens pour moi, i.e. je ne sais pas qu’est-ce que ça veut dire ‘justice sociale’.
Rédigé par : AMP | 27 août 2013 à 12h24