par
Michel de Poncins

Il
ne faut surtout pas réformer l'État! Il faut le faire maigrir selon une
méthode adaptée, ce qui n'est pas évident. Les politiques qui en France
ont imaginé des actions diverses pour prétendument le réformer étaient
soit ignorants soit complices.
Raffarin avait annoncé 230 mesures pour réformer l'État, ce qui devait
générer 500 millions d'euros d'économies. La chasse aux taille-crayons
était ouverte, avec Francis Mer comme « Grand Veneur » qui avait réuni une
commission de plusieurs dizaines de personnes pour organiser cette
chasse!
François Fillon avait le projet de noter les ministres. Ce rôle de
professeur était comique. Il les jugeait sur leurs aptitudes à faire
passer des textes: cela revenait à leur capacité de nuire puisque le
pays croule sous l'inondation de lois.
Une autre méthode fut la révision générale des politiques publiques (RGPP)
qui consiste en une analyse des missions et des actions de l'État,
suivie de la mise en oeuvre de scénarios de réformes structurelles.
Cette RGPP inaugurée en 2007 puis poursuivie en 2012 n'a guère donné de
résultats probants. Elle ne le pouvait pas, car selon une vieille
tradition républicaine, elle dégageait une forte puanteur d'usine à gaz.
La fausse droite laissant la place à la vraie gauche, celle-ci a voulu
continuer mais autrement. Nous voilà partis vers un audit des politiques
publiques qui doit se prolonger pendant tout le quinquennat. Adieu à la
RGPP et bonjour à la MAP ou « modernisation de l'action publique ».
Personne ne voit pourquoi cela marcherait mieux maintenant.
Les objectifs avoués
Les personnes au pouvoir depuis des lustres sont noyées dans la même
idéologie super-étatique, et ce quelle que soit leur place appartenance
sur l'échiquier politique. Bien que lavés et relavés par la Pensée
Unique Totalitaire qu'ils alimentent comme d'autres, il leur reste assez
de bon sens pour constater qu'ils agissent dans le vide.
En 2007, un audit avait dénoncé les dysfonctionnements: « Le travail de
coordination interministériel connaît un emballement pathologique propre
à la France ». Il y a trop de réunions interministérielles, trop de
conseillers, trop de décisions prises sans l'avis des ministres, et le
gouvernement ne parvient plus à travailler.
Le phénomène s'est accru d'année en année. Les rapporteurs n'ont certes
pas eu l'idée que le mal venait justement du nombre de ministres! L'une
des conséquences est la pléthore croissante des cabinets ministériels.
Il en résulte, de temps à autre, la résurgence de l'idée de réformer
l'État.
Les objectifs avoués n'ont rien d'absurde: dépenser mieux, être plus
efficace, faire des économies. Pour justifier l'immense remue-méninge de
la maladie de la réformite, les chiffres d'économies prévues sont
calculés à grand renfort d'experts. Ils sont faux par nature; s'ils
étaient justes, par miracle, ces économies ne seraient jamais réalisées,
les administrations faisant le gros dos en attendant la fin de
l'épidémie.