Le lendemain, la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) annonçait le financement de douze projets de longs métrages de fiction, dix en français et deux en anglais, dont les mêmes cinq films. Le montant total des subventions accompagnant ces douze projets n'a toutefois pas été dévoilé.
Deux femmes en or
Lanctôt et Laure sont deux artistes dont les profils se ressemblent. Elles ont presque le même âge (la première est née en 1947 à Frelighsburg, la seconde, en 1948 à Shawinigan) et portent plusieurs chapeaux (Lanctôt est actrice, réalisatrice, scénariste, productrice et monteuse; alors que Laure est chanteuse, actrice, réalisatrice, scénariste et productrice) depuis le début des années 1970. Ce sont ce qu'on pourrait appeler des « monstres sacrées » au Québec.
Le film Autrui, de Micheline Lanctôt, est l'histoire de Lucie, une jeune femme introvertie, fragile, sans ambition ni projet, qui mène une vie discrète et qui est dépassée par les vies effrénées qu'elle observe autour d'elle. Eloi, lui, est un clochard. Elle l'a vu sur le point de mourir de froid dans la ruelle en se rendant au travail. Elle a décidé de le prendre chez elle pour lui permettre de récupérer. Ce sera d'abord un jour, puis deux. Il y restera quelques mois. La cohabitation sera douloureuse et les réactions d'Éloi imprévisibles.
Ah les sans-abri... Du point de vue de ces grands romantiques que sont les artistes, ils seraient des êtres profonds empreints d'une sagesse que notre course effrénée de tous les jours nous a fait perdre. Je gage un 10$ que la Lucie de Lanctôt va comprendre de grandes vérités grâce à Éloi et qu'elle va ressortir « grandie » de cette histoire.
Le film Exit, de Carole Laure, est une histoire qui se déroule dans le milieu artistique de Montréal. Un groupe de personnages se croisent et se débattent avec leur présent, leur entourage, leurs émotions et leurs démons. Les répétitions d'un spectacle à fenêtres multidisciplinaires les réunissent. Et là, leur créativité s'exprime. La beauté qui émane de leur art nous rapproche de l'émotion pure.
Oh boy!, un autre film d'auteur mettant en vedette des vedettes désoeuvrées. Ça rappelle les films de Binamé des années 1990 dans lesquels des personnages se promenaient dans les rues du Plateau Mont-Royal à la recherche d'un but dans la vie, ou de quelque chose à faire pour tuer le temps. Ironie du sort, Pascale Bussières (qui tenait le rôle principal dans Eldorado de Binamé) va jouer dans Exit de Laure. Pas sûr que ça va attirer bien du monde ça...
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