L'animateur et chroniqueur polémiste Éric Duhaime met en lumière dans cet essai une réalité syndicale, économique et politique que l'on doit regarder bien en face, tout en proposant des pistes de solutions constructives. De gauche ou de droite, travailleur ou employeur, syndiqué ou non, sa vision ne laissera personne indifférent et suscitera certainement une importante réflexion.
Nous reproduisons ici l'avant-propos de Libérez-nous des syndicats! avec l'aimable permission de l'auteur.
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De plus en plus de Québécois souhaitent une réforme en profondeur de l'État. L'appétit des gens pour d'importants changements est là. Plusieurs n'ont déjà qu'une seule question aux lèvres: On veut bien revoir de fond en comble notre « modèle », mais par où doit-on commencer?
Par l'attente inacceptable dans notre réseau de la santé? Par le taux de décrochage anormalement élevé de nos jeunes garçons? Par l'explosion des coûts de nos CPE? Par notre endettement public astronomique? Par notre Régie des rentes où notre régime de retraite se vide?
Les chantiers semblent si nombreux à entreprendre qu'on a l'impression qu'il faudrait mettre des cônes oranges pratiquement sur tout ce qui est public et s'éparpiller aux quatre coins de la provinces pour débuter les travaux majeurs de rénovation tant attendus. Le Québec au grand complet ressemblerait à peu près au trajet cauchemardesque auquel sont quotidiennement confrontés les automobilistes montréalais.
Personnellement, je ne suis peut-être pas certain de l'endroit où cette corvée nationale de mise à niveau doit débuter mais une chose est claire: aucun de ces changements ne sera possible tant et aussi longtemps que l'on ne se sera pas débarrassé du pouvoir d'immobilisme donné ces dernières décennies aux grandes centrales syndicales québécoises. Ces syndicats sont devenus les principaux agents du statu quo, grassement financés par des cotisations, contre qui pratiquement personne ne peut aujourd'hui espérer rivaliser.
Le plus bel exemple de ce que je viens d'affirmer est sans doute la réaction du syndicat des enseignants, la CSQ, lorsque le chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault, annonça l'année dernière ses intentions en matière d'éducation. Le leader caquiste proposa une évaluation des enseignants, accompagnée d'une hausse salariale de 20%. Sans même consulter un seul membre, le président de la CSQ à l'époque, Réjean Parent, réagissait à chaud pour dénoncer le politicien qui proposait pourtant d'augmenter le salaire des professeurs de 20% et cela uniquement parce que Monsieur Legault a eu le malheur de vouloir identifier les enseignants les moins performants et se donner éventuellement la possibilité de les congédier. Quel sacrilège!
Le message lancé par les Réjean Parent de ce monde est simple: le monopole syndical sera là, partout, pour empêcher la moindre petite remise en cause du statu quo. N'essayez même pas de dorer la pilule et rendre cela avantageux pour les syndiqués. Ne pensez surtout pas toucher à un quelconque de leurs acquis. Les syndicats sont bien assis dessus et entendent les défendre bec et ongle.