par Gilles Guénette
Décidément, l’État est en mode «discussion» ces jours-ci. Plusieurs campagnes de publicité/sensibilisation – ces campagnes dites «sociétales» dont le but n’est pas de vendre un produit, mais un comportement – sont en cours. Celle sur les agressions sexuelles, celle sur la consommation de pot, d’alcool, les ITS et le jeu chez les jeunes, celle sur l’usage du texto au volant, celle sur le métro qui sauve la planète, celle sur le don d’organe, celle pour freiner la transmission des ITSS (vous les trouverez sur le Net si ça vous chante, je ne leur ferai pas de pub ici). Et comme si ça n’était pas assez, l’État se lance maintenant dans la production de webséries documentaires.
Depuis ce matin, on peut lire sur toutesnosorigines.gouv.qc.ca: «Le Québec est prospère, riche des gens qui l’habitent et de leurs histoires. Voulant démontrer l’apport des personnes immigrantes à notre société, nous sommes partis à la rencontre de modèles inspirants qui, avec beaucoup de générosité, ont accepté de témoigner. De là est né le projet Toutes nos origines. Cette websérie documentaire est un portrait réel de Québécoises et de Québécois d’origines diverses qui enrichissent le Québec à leur façon. Des histoires uniques, racontées très humainement par eux et par des personnes qui les côtoient au quotidien.»
Imaginez. Les files d’attente sont toujours de plus en plus longues dans les hôpitaux, les infrastructures croulent partout à travers la province, des vieux en centre d’accueil n’ont souvent même pas droit à un bain par semaine, la moitié de la paye des familles québécoises passe en impôts et taxes de toutes sortes, et cetera, et que font nos élus: ils dépensent des millions dans des campagnes de sensibilisation et des webséries documentaires. Il faut redistribuer la richesse, qu’ils disent. On la redistribue vers les agences de publicité et les maisons de production, oui. Scandaleux.