par Gilles GuénetteEn 1999, la ministre québécoise de la Culture et des Communications, Agnès Maltais, annonçait la création d'un groupe de travail chargé d'étudier les pratiques commerciales qui régissent le commerce du livre. Un an plus tard, le Rapport du Comité Larose sur les pratiques commerciales dans le domaine du livre était déposé. On y retrouvait vingt-cinq recommandations visant à protéger les librairies indépendantes et faire en sorte qu'elles survivent l'ère de la globalisation des marchés et des nouvelles technologies tout en demeurant « compétitives ». L'une de ces recommandations refait surface depuis de façon cyclique. Il s'agit du prix unique.
Contre les rabais
Les associations professionnelles du livre n'apprécient pas le fait que des géants du commerce comme Wal-Mart et Costco aient des politiques d'escomptes qui font économiser de 25% à 30% à leurs clients sur les prix suggérés des best-sellers. Elles demandent une loi qui limiterait à 10% le rabais maximal qu'un détaillant pourrait offrir durant une période de neuf mois suivant la publication d'un livre. Selon elles, cette mesure serait avantageuse pour le citoyen puisqu'elle sauvegarderait – à l'aide du réseau de librairies indépendantes du Québec – une offre diversifiée. De plus, elle ne priverait pas le consommateur de rabais puisqu'elle ne ferait que « différer le moment où il lui serait possible d'acheter le livre à prix réduit ».
L'initiative, si on en croit les commentaires glanés sur le site du regroupement, est bien reçue par une certaine frange de la société: « Il est impératif de protéger les auteurs québécois et leurs oeuvres des ventes à rabais. » « ... le livre est fragile et le néolibéralisme peut le tuer. » « ...un livre à rabais est une aberration sans nom. » « Défendre les petits entrepreneurs (...) contre les grandes chaînes, locales ou multinationales, devrait être une priorité évidente pour n'importe quel gouvernement! » « L'industrie du livre à la Costco et autres signe la mort lente de notre culture écrite. » « Parce que j'aime ma librairie Le fureteur... et que je veux la préserver, je suis en faveur d'une réglementation du prix des nouveautés! »
Imaginez. Parce que Mme Chose aime sa librairie, ou que Monsieur Untel a une dent contre les Wal-Mart de ce monde, nous devrions tous payer nos best-sellers plus chers! Réveillez-moi quelqu'un!
Lire la suite "Dé(livre)z-nous du marché V - Le prix unique refait surface" »