par Martin Masse
L'un des principaux mythes propagés par les étatistes est cette vision angélique et naïve qu'ils professent envers les hommes et femmes de l'État, des surhommes en fait qui n'auraient aucun intérêt privé à défendre et qui consacrerait leur vie à promouvoir «l'intérêt public».
La réalité, c'est que chaque fois que l'État contrôle quelque chose, ce sont justement des intérêts particuliers qui en sont les principaux bénéficiaires.
L'État contrôle les gros projets de construction. Qu'est-ce qu'on apprend pratiquement chaque jour dans les médias ces temps-ci? Que ce sont en fait la mafia, quelques firmes de construction et de génie-conseil, et les syndicats qui ont le contrôle ultime de ce marché et qui en profitent, au détriment des contribuables.
L'État contrôle le système de santé. Et qu'observe-t-on? Que ce sont en fait les bureaucrates de la santé, la corporation des médecins, le syndicat des infirmières, les compagnies pharmaceutiques, etc., qui en tirent les principaux bénéfices, au détriment des contribuables qui paient une grosse portion de leur salaire pour financer ce système et des patients qui doivent subir des attentes atroces pour obtenir des soins médiocres.
L'État prend le contrôle des garderies, officiellement pour garantir une place à tous les poupons. Le résultat? Non seulement une pénurie apparaît, mais un marché noir des places en garderie et des permis de garderie se développe, au profit des amis du parti au pouvoir.
L'État contrôle la monnaie, présumément pour équilibrer les défaillances du capitalisme. Mais que voit-on clairement depuis le début de la crise financière? Que ce sont en fait les grandes banques, les investisseurs protégés, les firmes bien connectées comme Goldman Sachs et d'autres groupes de parasites de luxe qui finissent par manoeuvrer la politique monétaire à leur profit et au détriment de la population en général, qui elle finance les plans de sauvetage des institutions en faillite.
On pourrait continuer comme ça avec chaque secteur. Les étatistes pensent que dans chacun de ces cas, c'est l'existence même d'acteurs privés qui est le problème, qui entraîne la corruption des bons acteurs de l'État qui couchent avec eux. Ils prétendent que si on nationalisait tout, ce problème disparaîtrait et les hommes de l'État pourraient se consacrer entièrement au bien public.
Ça n'explique cependant pas pourquoi les gouvernements succombent en ce moment à cette corruption, alors qu'ils ont déjà d'immenses pouvoirs. Ni comment il se fait que les sociétés communistes sont en fait les plus corrompues qui soient.
C'est pourtant simple à expliquer: tout le monde a des intérêts privées, y compris les hommes et femmes de l'État. Concentrez le pouvoir, l'argent et le contrôle des citoyens dans leurs mains, sans possibilité pour les citoyens de se tourner vers quelqu'un d'autre, et vous mettez en place les circonstances idéales pour qu'émerge la corruption ultime, c'est-à-dire le détournement de toutes les ressources de la société à votre propre profit.
La solution libertarienne, c'est non pas de changer les politiciens corrompus qui sont au pouvoir par d'autres présumément plus vertueux qui ne succomberont pas aux sirènes de la corruption. C'est de réduire, diluer et disperser le plus possible ce pouvoir, d'éliminer les monopoles, de donner aux citoyens la possibilité de choisir, et de mettre en concurrence les producteurs pour qu'ils soient forcés de répondre aux besoins des consommateurs plutôt qu'aux directives centralisées de l'État.
Ainsi, les intérêts privés de chacun - qui existeront toujours - ne pourront plus progresser en s'emparant du trésor que constituent le contrôle et l'argent de l'État et en exploitant les autres (parce que le pouvoir de le faire n'existera plus), mais plutôt en les servant au sein d'un marché libre et concurrentiel.